Volkswagen Touareg R eHybrid : le sauf-conduit du SUV
Lorsque sort en 2002 le Touareg, premier du nom, personne n’attendait vraiment Volkswagen à pareille fête. Pas de doute, le W12 essence ou le V10 diesel qui animaient cet énorme véhicule, étaient plus faits pour les Émirats ou les États-Unis que pour nous, pauvres Européens. Mais réaliste, Volkswagen a introduit des moteurs plus modestes quoique, pour bouger un tel gabarit, il fallait tout de même une bonne poignée de chevaux sous le pied droit.
Ce qui change
Le Touareg a bien fait une carrière plus engageante (plus de 1,13 million vendus) que sa coéquipière, la berline Phaeton à l’époque, tout aussi méritante mais moins en cour que la carrosserie de SUV. Ce serait peut-être l’inverse aujourd’hui, selon les v?ux de madame Hidalgo, qui poursuit de sa vindicte les gros véhicules en ville. Et avec le Touareg, elle est servie, car si les 4,90 m de long sont une valeur assez partagée par d’autres grands véhicules, la largeur de pratiquement 2 m est assez perturbante.
Par commodité, le Touareg vise plutôt des parkings car il y trouvera des bornes de recharge puisqu’il n’est plus disponible désormais en France que dans ces versions hybrides « plug in ». Si le diesel est toujours disponible en Allemagne par exemple, deux hybrides rechargeables figurent au catalogue afin d’échapper au malus.
Mais, pour autant, pas de miracle car le poids minimal de 2 474 kg l’expose déjà à une possible taxe au poids (malus masse) au 1er janvier 2025. La troisième édition du Touareg a reçu, il y a quelques semaines, un restylage bienvenu. Il comprend notamment d’impressionnants phares matriciels LED IQ.Light HD capables d’éclairer au maximum en toutes conditions sans gêner les autres usagers. Spectaculaire d’efficacité avec plus de 38 000 LED interactives qui projettent un tapis lumineux sur la route, la nouvelle version se reconnaîtra aussi à ses feux arrière désormais reliés par un bandeau lumineux et son logo éclairé en rouge sur la version R.
Car aux côtés de l’entrée de gamme (à partir de 87 900 ?), si on peut s’exprimer ainsi, qui fournit déjà 381 chevaux, figure la version R, forte cette fois de 462 chevaux. Ils sont le résultat cumulé des 340 chevaux du V6 essence turbo et des 136 chevaux du moteur électrique, une combinaison déjà vue sur l’Audi Q8 et la Bentley Bentayga, excusez du peu. Ajoutons aussi qu’à l’addition des couples, on obtient 700 Nm transmis aux quatre roues et capables de faire décoller cet impressionnant engin comme un avion.
En revanche, l’hybridation interdit l’installation des quatre roues directrices pourtant très précieuses lors des man?uvres. Une boîte automatique à 8 rapports et programmation de style de conduite, voire de terrains, se charge de vous débarrasser des vulgaires utilités. À ce stade, on obtient un véhicule capable de rouler à 250 km/h et d’accélérer en seulement 5,1 secondes sur un 0 à 100 km/h. En réalité, si elle peut le faire, la conduite hybride incite au contraire à avoir le pied économe en fonction de la chute rapide de l’autonomie électrique affichée par le logiciel de parcours.
Selon le cycle officiel WLTP, l’autonomie électrique est de 51 km seulement alors que la norme plutôt recherchée est de 100 km pour être réellement utile au quotidien. En effet, la batterie de 14,3 kW/h est moitié moins grosse que ce qui se pratique habituellement ailleurs. Cela n’est pas neutre car, sans le secours de la batterie, la consommation du V6 s’envole au-dessus de 10 l/100. Volkswagen annonce fièrement en cycle mixte WLTP de 2,5 l/100 km, une consommation électrique en cycle mixte de 24,3 kWh/100 km et des émissions de CO? contenues à 56 g/km. Il faut donc impérativement recharger fréquemment pour espérer viser la meilleure consommation. À domicile, le chargeur embarqué de 7,2 kW obligera à patienter 2 heures sur une wallbox et 8 heures sur une prise domestique.
La vie à bord
L’habitacle de standing offre ce qu’il y a de mieux en termes de confort et de finition et s’orne d’un tableau de bord à affichage panoramique constitué de deux écrans, l’un devant le conducteur de 30,5 cm et l’autre de 38,1 cm de diagonale, en haute définition bien sûr. Les deux écrans forment un paysage numérique continu où abondent les services les plus divers et les aides à la conduite de toutes sortes.
Avec son ambiance douillette et sa présentation très soignée, ce Touareg invite à de longs voyages qui n’apparaîtront plus comme des corvées. Il offre le confort Pullman avec sa suspension pneumatique à hauteur constante, qui joue à la fois sur l’amorti et ménage une tenue de route rassurante.
L’avis du « Point Auto »
Évidemment, à 2,5 tonnes, le maintien de caisse n’est pas celui d’une sportive, qui n’est pas du tout son domaine. Les reprises s’avèrent néanmoins excellentes et c’est sur l’engagement en courbe et au freinage que l’on se souviendra de son poids. Il distille une ambiance paisible à bord, juste troublée par les nombreux bips d’alerte qui émaillent la conduite sous surveillance électronique.
Il est possible de les débrancher mais elles se reconnectent à chaque mise du contact, réglementation oblige. Les aides de la conduite interviennent parfois inopinément comme cette lecture automatique de la signalisation qui ne distingue pas le 70 km/h du panneau principal du « par temps de verglas » du panneau secondaire. À 130 km/h par temps sec sur autoroute, le ralentissement soudain déclenché automatiquement à la vue de ce signal a de quoi surprendre. On peut heureusement le neutraliser en forçant l’accélération mais le système a manifestement été ici pris en défaut.
Son suréquipement, sa puissance et sa suspension pneumatique creusent néanmoins un écart au tarif de 15 000 euros, sur son cadet eHybrid. Et il pourrait ne plus échapper au malus au poids le 1er janvier 2025. Cela posé, le Touareg demeure un formidable engin pour tailler la route en toutes circonstances et sérénité. S’il se montre nettement moins à l’aise en ville en dépit de son hybridation à courte portée, celle-ci, à condition d’être rechargée fréquemment, lui offre encore l’indispensable sauf-conduit urbain.
Prix : 103 700 ? (pas de malus)
