Pour contrer les déboires de Tesla, Elon Musk joue au prestidigitateur. Le milliardaire multiplie les interventions afin de maintenir sa marque dans la vision d’une start-up technologique innovante, alors que le marché l’envisage comme un simple constructeur automobile. La fin d’un rêve ?
Mauvaise passe pour Tesla. Dans un contexte de prix bas et de concurrence accrue le spécialiste des véhicules électriques américain enregistre une nette chute (- 45 %) de son bénéfice au deuxième trimestre 2024 à 1,48 milliard de dollars. Désormais dauphin du chinois BYD (526 409 unités au Q4 2 023), le constructeur texan (484 507 immatriculations) a même perdu sa place de leader sur le marché des VE. Dans ce contexte, le constructeur américain voit au deuxième trimestre son chiffre d’affaires (25,5 milliards de dollars) progresser de 2 %. Une bonne tenue dûe en partie aux 890 millions USD de crédits d’émission de carbone reçus par l’entreprise.
Pour tenter de rassurer le marché Elon Musk a annoncé la sortie de nouveaux véhicules pour le premier semestre 2025 à des tarifs plus compétitifs. Initialement prévu le 8 août, la présentation du taxi sans chauffeur a été repoussée à l’automne à cause d’ ” un important changement de design à l’avant, et le temps supplémentaire nous permet de dévoiler quelques autres petites choses “, a expliqué Elon Musk. Et de préciser travailler “vigoureusement sur cette opportunité à l’énorme potentiel de valeur “. La narration d’Elon Musk suffira-t-elle à balayer les doutes.
Pour Elon Musk Tesla doit maintenir son image de société technologique
Un constructeur comme un autre
Depuis quelques mois, la donne a changé. Tesla apparaît désormais comme ce qu’il est : un fabricant automobile. Rien de plus banal pour la bourse. Rien de plus affligeant pour Elon Musk. Le truculent patron gesticule, annonce, harangue. Sa société est axée sur la technologie. Et de citer pêle-mêle l’investissement dans l’IA ” utile pour faire progresser la conduite autonome complète et pour construire le nouveau centre de données de Tesla “, la future amélioration du robotaxi ou l’arrivée de modèles toujours plus innovants. Dans un marché automobile mature, face à une concurrence accrue, Tesla est tout simplement devenu une marque automobile… comme les autres. La magie envolée, place à la rationalité ?
De quoi rêver encore
Depuis cet’été, le constructeur américain reprend des couleurs. L’action clôturait ce 9 août à 200 USD bien au-dessus des 142 USD enregistrés le 22 avril dernier. Certes tous les indicateurs ne sont pas au beau fixe. Mais Tesla retrouve un semblant de confiance. Et beaucoup d’espoir. Après avoir affirmé le 31 juillet dernier, être « contre tous ceux qui possèdent une voiture électrique » et rappelait qu’il mettrait immédiatement fin aux mesures d’aides à l’achat de ces autos en cas de victoire, Donald Trump disait tout l’inverse cinq jours plus tard. Le candidat républicain à l’élection présidentielle américaine, affirmait être « favorable aux automobiles électriques. » Et de révéler au passage ne pas avoir le choix, « car vous le savez, Elon Musk vient de m’apporter son soutien ». Et de faire référence aux 45 millions de dons mensuels du généreux milliardaire. Avec des démocrates favorables à la voiture électrique et un candidat républicain néo-convertit, l’issue de l’élection américaine permettra à Tesla de s’assurer une place de choix sur son marché intérieur. Reste à mener les batailles sur les sols chinois, le premier marché automobile mondial et européen où le constructeur vient ainsi d’obtenir l’autorisation d’agrandir son usine de Berlin vis la production d’un million de véhicules. Côté tech, l’avènement du robotaxi et l’IA à bord des Tesla peuvent entretenir le mythe d’un Musk démiurge de la mobilité du futur.
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