Celui qui expliquait que ses Ford T pouvaient être de toutes les couleurs pourvu qu’elles soient noires, n’était pas qu’un brillant visionnaire et l’un des créateurs du XXe siècle automobile. Il était également mégalomane et antisémite. Un documentaire rappelle les faits.
Un film à charge ? C’est un euphémisme. Pourtant, dans son documentaire, disponible en replay sur France 5, Nicolas Glimois ne se contente pas de décrire la face sombre d’Henry Ford. Il revient longuement sur le destin incroyable du garçon de ferme de Dearborn dans le Michigan devenu multimilliardaire, sur sa vision d’un siècle qu’il va façonner grâce à son idée fixe : la voiture pour tous, cette automobile qui va redessiner l’Amérique, et au-delà, le monde entier.
Mais il y a l’autre Henry Ford, l’antisémite, celui qui se répand chaque semaine dans le Dearborn Independant, le quotidien local qu’il a racheté par le truchement d’un ami, et ou il expose sa haine des juifs. Les livres ? Il n’aime pas ça « ils brouillent l’esprit ». Pourtant, il en écrira un : The International Jew, ou il explique que « la vérité est dans ses écrits et dans son journal et non dans la presse classique aux mains des juifs, cette incarnation du mal. ». En 1927, il s’excusera d’avoir tenu de tels propos, mais 10 ans plus tard, il est décoré de la Grand-Croix de l’ordre de l’Aigle allemand par le régime nazi. Une décoration qu’il accepte.
Une curieuse conception de l’ordre social
Henry Ford aux côtés de son coup de génie : le modèle T.
Des héritiers pour perdurer
Évidemment, ces frasques et cette idéologie trouble rappellent d’autres personnages qui, de Ferdinand Porsche à Elon Musk en passant, dans une moindre mesure, par Enzo Ferrari, n’ont pas toujours été à la hauteur de leur œuvre. Heureusement, d’autres leur ont succédé et notamment les fils et petits fils d’Henry Ford. Et si plus de 100 ans plus tard, l’ovale flotte toujours au dessus de Dearborn, ce n’est pas seulement à cause de son fondateur.