- Paris et sa couronne
- L’autoroute jusqu’à Clermont-Ferrand
- Clermont-Ferrand jusqu’au Mans
- Arrivée au Mans
Tout juste lancé, le nouveau véhicule “familial” de Ferrari voyait déjà son carnet de commandes exploser. Son apparente ambivalence peut-elle expliquer seule cet engouement ? Certainement pas. Car, outre son positionnement atypique, le Purosangue promet des aptitudes dynamiques remarquables et un strict respect des valeurs chères à la marque. Nous avons voulu nous en assurer lors d’un essai “longue distance” ralliant Paris, Clermont-Ferrand et la ville du Mans.
La perspective d’avaler 1 000 km au volant d’une Ferrari moderne donnerait le sourire à n’importe qui. Mais, ce matin-là, c’est un léger sentiment de frustration qui s’empare du chanceux jockey venu prendre possession de sa monture. Car l’écurie, en l’occurrence le nouveau showroom de Charles Pozzi, lové entre Levallois-Perret et le 17e arrondissement de Paris, recèle de “vrais” pur-sang telles que la 296 GTS, la Portofino M ou encore la Roma. Mais celles-ci sont aujourd’hui réservées aux autres journalistes prenant part au périple et ces derniers nous regardent prendre possession de “notre” Purosangue d’un œil taquin. À ce moment précis du voyage, l’idée d’être cantonné au SUV de la gamme, si séduisant soit-il, n’est guère réjouissante.
Paris et sa couronne
C’est pare-chocs contre pare-chocs, dans l’enfer d’un trafic invraisemblable propre à la région parisienne, que nous prenons nos marques dans ce Purosangue. Les passagers avant sont parfaitement installés dans les superbes sièges aux maintiens généreux et réglables. Détail intéressant, on ne “monte” pas dans cette Ferrari qui, bien que plus haute que tous les autres modèles du constructeur italien, garde finalement une assiette relativement basse. Toutefois, pas besoin de se contorsionner pour accéder à son habitacle. Idem à l’arrière, vaste et accueillant, bien que les portes à ouverture “suicide” relèvent du gadget. Sans proposer un espace d’emport extravagant, ce super-SUV peut facilement engloutir deux valises cabines et quelques sacs de voyage. De quoi contenter les petites familles qui, de toutes façons, prendront plutôt l’avion pour les longs séjours…
L’autoroute jusqu’à Clermont-Ferrand
Si l’idée d’un voyage au long cours en Ferrari fait naître le fantasme de cavalcades endiablées, à l’assaut de routes sinueuses et désertes, l’imaginaire se confronte assez vite à la réalité puisque l’autoroute limitée à 130 km/h s’impose majoritairement dans l’itinéraire qui nous conduit jusqu’à Clermont-Ferrand. Qu’à cela ne tienne, puisque nous vivons à bord du Purosangue pendant quelques jours, prenons le temps d’en découvrir les secrets. Comme beaucoup de sportives modernes, le SUV propose plusieurs modes de conduite dont on dispose par l’intermédiaire du fameux “manettino”, accroché au volant. Toutefois, dans presque tous les cas de figure, la polyvalence de cette berlinette élevée surprend. Grâce à un système d’amortissement inédit, créé en collaboration avec l’équipementier Multimatic, le véhicule adapte la raideur de ses suspensions en fonction de la vitesse et du revêtement pour gommer toute prise de roulis et limiter l’inconfort des passagers quand le rythme est plus coulé. Sur les longs et monotones bandeaux d’asphalte qui sillonnent l’Hexagone, le confort paraît très correct, surtout comparé à celui des autres modèles de la gamme Ferrari, que l’on peut juger en voyant nos confrères se soulager les lombaires lors des pauses café.
Clermont-Ferrand jusqu’au Mans
Si même un voyage dans une Ferrari coûtant plus de 380 000 € ne suffit pas à empêcher un journaliste auto de rouspéter, alors notre cas est définitivement désespéré. Ce matin, après avoir mouillé la chemise en manœuvrant ce beau bébé dans le parking exigu de l’hôtel (4,97 m de long pour 2 m de large), le GPS paramétré au plus direct pour se rendre au Mans fait état d’un trajet composé presque exclusivement d’autoroutes. Plutôt que de maugréer, nous décidons de fuir en empruntant les chemins de traverse.
En quittant l’A71 en direction du Nord, avant Montluçon, la route plus escarpée laisse entrevoir une infime part du potentiel de ce Purosangue. Catapulté par le V12 atmosphérique, on doute d’abord de l’agilité d’un tel engin. Une nouvelle fois, ce super-SUV tord le cou aux idées reçues en enroulant les virages avec une aisance formidable. Les accélérations offertes par les 725 ch de ce bloc 6.5 l sont à la fois linéaires et brutales. Tout juste la boîte robotisée à double embrayage laisse-t-elle le temps de souffler aux passages des 8 rapports. Les 4 roues motrices s’activent en fonction de l’adhérence ou du mode
de conduite engagé. Seul ombre au tableau : le poids de ce SUV de l’extrême qui dépasse les 2 tonnes. Malgré une gestion rigoureuse des transferts de masse, l’embonpoint de cet Italien se manifeste lorsqu’on le pousse dans ses retranchements. Le freinage, généreusement dimensionné, ne montre presque jamais de signe de fatigue, même en le sollicitant avec exagération. Si nous avons pu nous assurer que cette maxi-Ferrari pouvait s’encanailler en déconnectant les aides à la conduite, nous n’avons pas eu le loisir de mettre à l’épreuve ses prétendues capacités en tout-terrain.
Arrivée au Mans
Le soir s’invite au Mans alors que nous arrivons à destination, au terme d’un parcours de 1 000 km environ, qui nous aura permis de tomber sous le charme de ce Purosangue, celui qu’on aurait adoré détester, en vain. Outrancier sans être vulgaire, imposant sans tourner à la caricature, lourd mais surprenant d’agilité, il transpose sans complexe les gènes de la firme italienne dans un véhicule au format bien dans l’air du temps. Reste bien sûr sa consommation (que nous tairons ici par pudeur) et son prix déraisonnable qui nous font rapidement revenir sur la terre ferme.