Route de nuit

Fangio, pilote de légende (livre)

Un passionnant ouvrage retrace le parcours du grand pilote argentin, quintuple champion du monde de F1.

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Fangio au volant de la Mercedes W196 au GP d’Argentine 1955. Une course qu’il remportera au bord de l’épuisement.

Un véritable « page turner » que ce livre consacré à Juan Manuel Fangio, quintuple champion du monde de F1 (1951, 1954, 1955, 1956 et 1957) à une époque où chaque course pouvait être le théâtre d’un drame, et où il fallait un talent fou pour garder en piste ces voitures aussi puissantes que difficiles à conduire.

En 222 pages menées pied au plancher, Sylvain Reisser, journaliste au Figaro, nous raconte le parcours du Maestro, fils d’un maçon italien émigré en Argentine, arrivé en F1 à 40 ans après avoir appris le métier de pilote « sur le tas », notamment durant de longues courses routières telles qu’on en trouvait alors en Amérique du sud.

Modène, 1957: caméra embarquée de Fangio en Maserati 250F

Son succès, Fangio le doit aussi à une résistance physique hors du commun. Reisser évoque par exemple le GP de Buenos Aires 1955, dont les 96 tours de piste (soit 373 km) devaient se courir par une température de 50°. Alors que ses concurrents se préparent les jours précédents en avalant de grandes quantités de boissons fraîches, lui limite sa consommation à 1 litre d’eau par jour et joue au football sur la plage en en plein soleil, de façon à préparer son corps à la souffrance à venir.

Autre époque, mais le résultat est là : alors que la chaleur pousse ses concurrents à multiplier les erreurs et malaises pendant la course, lui est le seul à conserver le volant de sa voiture tout du long (à l’époque existaient des relais) et l’emporte, sans toutefois être en mesure de sortir de sa Mercedes W196 une fois franchie la ligne d’arrivée. Il se trouve littéralement à bout de forces, avec de plus la cheville droite brûlée au deuxième degré par la chaleur régnant dans le cockpit!

Autre caractéristique du personnage, cette façon qu’il avait de débuter souvent « doucement » ses courses, façon pour lui de mieux prendre la mesure des forces et faiblesses de ses adversaires. Après quelques tours, il haussait le rythme et mettait tout le monde d’accord, suscitant le respect unanime de ses pairs.

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Fangio triomphe au GP des Pays Bas 1955, couru une semaine après le drame survenu aux 24 Heures du Mans où une voiture s’était désintégrée dans la foule.

« Pendant les essais, Fangio m’a fait signe de le suivre. En trois tours, j’ai plus appris qu’en cinq ans de compétition », déclarera un jour le belge Olivier Gendebien. Jean Behra, de son côté, saluait notamment la capacité du Chueco (un surnom dû à ses jambes arquées) à glisser à 200 km/h.

Au fil des pages se dessine le portrait d’un pilote qui disposait d’une science de la course hors du commun. Parmi ses innombrables exploits, l’auteur souligne celui accompli au Nürburgring en 1957 quand, troisième d’une course menée par Collins et Hawthorn, il décide d’augmenter progressivement la cadence, descendant le chrono à 9 minutes et 17 secondes au tour, soit 8 secondes de moins que sa propre pole position.

Il remonte peu à peu son retard, doublant Collins dans l’avant-dernier tour en mettant deux roues dans l’herbe. « J’ai fait des choses que je n’avais jamais tentées au volant et que, pour rien au monde, je ne voudrais recommencer », lancera le Maestro à l’issue de la course.

Précisons qu’il était alors âgé de 46 ans. Sa glorieuse carrière s’achèvera en 1958, et ce n’est que trois ans plus tard qu’il prendra enfin le temps de passer son permis de conduire.

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Les mille vies de Fangio, par Sylvain Reisser. Editions du Rocher, 222 pages, 18,90 €

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