Tesla

Tesla Semi

Le Tesla Semi : ses points forts et ses points faibles

le tesla semi : ses points forts et ses points faibles


Il avait été annoncé en 2017, et programmé pour 2019, mais retardé plusieurs fois, et le voici enfin, c’est le poids lourd Tesla. Le Tesla Semi. Son retard fait que la concurrence l’a devancé, il y a déjà plusieurs poids lourds électriques sur le marché, mais Tesla entend être le meilleur, puisqu’il annonce la meilleure autonomie. Mais est-ce que cela suffira pour convaincre ?De tous les poids lourds électriques aujourd’hui en circulation, il n’y en a aucun dont on puisse dire qu’il a remplacé le diesel dans un usage moyen. Ils ne circulent que sur des parcours répétitifs très courts, ou ils ne servent que pour donner une image écolo de l’exploitant. Tesla peut-il changer cela, ce n’est pas sûr. Le constructeur présente pourtant de solides arguments.

Les points forts

Une architecture en 1000 Volts.

Les premières voitures électriques modernes avaient un circuit électrique en 400 V. C’est encore le cas de la plupart des électriques du marché, mais quelques modèles haut de gamme, comme la Porsche Taycan ont une architecture en 800 V. Les avantages sont de permettre des recharges avec un courant plus fort, des câbles plus fins (avec une petite réduction de poids), moins de chaleur, et d’une manière générale, une plus grande efficacité énergétique. Porsche est déjà allé plus loin. Sur la 919 Hybrid qui a couru au Mans, comme sur le prototype Mission R, le circuit électrique est en 900 V. Mais Tesla bat tout le monde avec son Semi en 1000 V. C’est théoriquement plus efficient.
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2 groupes propulseurs distincts

Voilà une chose qu’il serait très difficile de faire avec des diesels, encore que des systèmes suralimentation à 2 turbos exploitent la même idée. Le Tesla Semi possède une machine électrique très efficiente pour maintenir sa vitesse de croisière, elle transmet sa puissance au troisième essieu (le dernier). Mais à côté de cela, il y a 2 machines électriques pour chacune des roues du second essieu, ces moteurs ne servent que pour les accélérations, donnant une puissance immédiate, et assurant des reprises qui sont selon le constructeur, sans aucun équivalent du côté des diesels. La transition de l’un à l’autre, l’embrayage ou le débrayage du second essieu se fait sans aucune intervention du conducteur, sinon l’action de son pied droit. Bizarrement, Tesla insiste sur l’exploit que cela constituerait. Ce n’en est pourtant pas un. Chez Mercedes par exemple, la technologie 4Matic transforme une propulsion en une traction intégrale en une fraction de seconde, et cela existe depuis plusieurs années.

Une grande finesse aérodynamique

Tesla a pris un énorme risque en imposant une position de conduite centrale. Mais cela présente l’énorme atout de diminuer la surface frontale, et donc d’améliorer l’aérodynamisme.

Une recharge très rapide à 1000 kW

Quand un particulier recharge son électrique dans son garage à un courant de 7,3 kW, et que le courant maximal de recharge d’une Renault Megane E-Tech, ou une d’une Volkswagen ID.3 est de 130 kW, Tesla explose toute la concurrence en autorisant la recharge avec un courant de 1000 kW !!! On pourrait aussi écrire un mégawatt, mais c’est un terme qu’on emploie habituellement pour les sites de production électriques, pas pour les voitures. C’est une première mondiale, personne n’avait jamais fait une recharge aussi puissante.
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800 km d’autonomie

Prouvé par un test réel sur les autoroutes de Californie. Le poids lourd en charge est parti de Fremont, et il a roulé sans recharger jusqu’à San Diego. C’est la première fois qu’un poids lourd électrique parcourait une aussi grande distance sans devoir s’arrêter pour recharger.

Les points faibles

800 km d’autonomie

Sans être mauvaise langue, il faut quand même faire remarquer que le test d’autonomie de Tesla a été réalisé par une belle journée ensoleillée sur les autoroutes de Californie. Il faisait 15° au départ à Frémont, et 20° à l’arrivée à San Diego. On s’interroge sur l’autonomie dans des conditions moins favorables.

Des caractéristiques mystérieuses

Les acheteurs de poids lourds étant des gens très sérieux, ils sont habitués aux chiffres. Mais Tesla s’abstient de donne la moindre valeur de puissance de son auto, ou la capacité de sa batterie. Pourquoi ?
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Un poste de conduite central

Le passager ne sera pas à la fête, puisque tout qu’il y aura à sa disposition est un strapontin en arrière du conducteur. C’est vrai que les chauffeurs sont presque toujours seuls dans leur camion, mais quand même. Pour les quelques fois où ils travaillent en binôme, ou voyagent avec un membre de leur famille, il faudrait faire mieux.

Une fiabilité non prouvée

Le seul argument vérifiable de Tesla a ce jour, est que son poids lourd a roulé 800 km sans recharger, en une journée de beau temps. Donc, il a fait cela le lundi, mais les professionnels s’interrogent, pourra t-il aussi faire cela le mardi, le mercredi, le jeudi, le vendredi, toutes les semaines, été comme hiver, pendant plusieurs années ? Un poids lourd doit pouvoir faire plus de 200 000 km par an, sinon cela ne vaut rien. Un automobiliste peut sa laisser séduire par une belle carrosserie, mais les transporteurs routiers achètent des outils, il faut leur prouver la fiabilité du matériel.
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Quel service après-vente ?

Sur un poids lourd Iveco, Mercedes ou Scania, le S.A.V. et l’assistance sont vraiment formidables. Ces constructeurs savent qu’un camion à l’arrêt est un camion qui perd de l’argent, et ils ont mis en place des assistances 24/7, avec de vrais mécaniciens dieselistes qui peuvent se déplacer très rapidement partout en France. Tesla n’a rigoureusement rien de semblable à proposer.

La recharge à 1000 kW

C’est assurément un énorme atout que de pouvoir se recharger rapidement, sauf qu’à ce jour, les bornes de recharge distribuant un courant de 1000 kW n’existent pas. Il va falloir les construire. En partant quasiment de zéro, puisque si le constructeur américain possède déjà des milliers de stations, elles ne sont pas prévues pour le stationnement de véhicules de plus de 12 mètres. Sans oublier évidemment qu’un courant de 1000 kW ne se trouve pas sous le pied d’un cheval. Elon Musk met habituellement en avant ses toits solaires, dans la présentation de son poids lourd, il aura fait référence au nucléaire. Et comment faire autrement ? Sur le Truck Etape de Valenciennes, le parking poids lourd compte 300 places. Quand un poids lourd Tesla aurait une capacité de 1000 kWh, y aura t-il quelqu’un pour croire qu’on va trouver 300 mégawatt-heure d’électricité dans des panneaux solaires ? Aux Etats-Unis peut-être, mais en France, ce poids lourd électrique Tesla n’est pas adapté.
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Conclusion

Ce Tesla Semi promet beaucoup, cela est sûr. Mais va t-il convaincre, et va t-il pouvoir s’imposer, cela n’est pas garanti. Il faut néanmoins féliciter Tesla, parce que même s’il échoue, il aura fait sacrément avancer le schmilblic.Laurent J. Masson

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