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Essai Nissan Ariya (2022). Notre avis sur le nouveau SUV électrique.

Douze ans après la première Leaf, Nissan commercialise un second modèle 100 % électrique : l'Ariya, un vaste crossover déjà annoncé comme le nouveau fer de lance de la marque. Premier essai de la version 218 ch à « petite » batterie, homologuée à 400 km d'autonomie WLTP.

Voiture à l’essai : Nissan Ariya 63 kWh

  • Moteur Electrique | Puissance : 218 ch
  • Lancement : septembre 2022
  • Voir la fiche technique

À partir de
47 300 €

2 000 € de bonus

Page 1Essai et avis Nissan Ariya 

Ariya ou Arlésienne ? La question pouvait se poser durant les vingt-six mois ayant séparé la révélation officielle du crossover électrique, en juillet 2020, et ses premières livraisons en France, prévues pour septembre 2022. Un retard aux multiples raisons (crise sanitaire, pénurie de semi-conducteurs, commercialisation première en Asie et aux États-Unis), qui invite à un nouveau tour du propriétaire pour nous rafraîchir la mémoire. Longueur : 4,60 m, soit 17 cm de plus qu’un Qashqai. Hauteur : 1,66 m, cette fois supérieure de 3 cm seulement. Concurrence : Volkswagen ID.4, Skoda Enyaq, Hyundai Ioniq 5, voire Tesla Model Y… ou autant de SUV électriques commercialisés dans l’intervalle. Ballot.

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Vaste calandre en trompe-l'œil, flancs subtilement sculptés, pavillon en arche : le Nissan Ariya soigne ses traits.

Bâti sur la plate-forme CMF-EV de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi destinée aux modèles 100 % électriques, l’Ariya est le second modèle à l'utiliser après la Mégane E-Tech. Contrairement à cette dernière, le Nissan Ariya ne sera pas produit dans l’usine française de Douai, ni même sur le site anglais de Sunderland, où Nissan assemble toujours les Leaf, Juke et Qashqai. L’Ariya 100 % électrique reste en effet fabriqué au Japon, sur les lignes de Tochigi connues pour avoir enfanté les Skyline, GT-R et autre 370Z… Tout un symbole du virage entrepris par Nissan, qui considère d’ailleurs l’Ariya comme son nouveau modèle porte-drapeau. En lieu et place de la GT-R donc ?

Bonus et prix Nissan Ariya

Annoncée depuis mars 2022, la gamme française du Nissan Ariya a été modifiée quelques semaines plus tard. Elle se compose toujours de trois motorisations :

  •  l’Ariya 218 ch (batterie de 63 kWh) dès 47 300 €
  • l’Ariya 242 ch (batterie de 87 kWh) dès 54 400 €
  • l’Ariya 306 ch 4 x 4 (batterie de 87 kWh) dès 57 400 €

Depuis juillet 2022, il est devenu possible de combiner ces trois versions aux deux finitions disponibles (elles étaient auparavant imposées), baptisées Advance et Evolve. La première embarque d’office les deux écrans de 12,3 pouces en enfilade, le système de conduite semi-autonome, les sièges avant électriques et chauffants, le chargeur par induction et le hayon motorisé. Le niveau Evolve, facturé 4 500 € de plus, ajoute le rangement central motorisé (nous y reviendrons), le toit ouvrant panoramique, le système de stationnement automatique, les sièges avant ventilés et le Pack Tech (vendu 2 000 € sur l’Advance) associant affichage tête haute, système audio Bose 10 HP et rétroviseur central par caméra.

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Les deux afficheurs de 12,3 pouces viennent de série.

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Cette sellerie en suédine est réservée au niveau Evolve.

Sur le papier, tous les Nissan Ariya profitent en 2022 du bonus de 2 000 € alloué aux modèles électriques facturés entre 45 000 et 60 000 €, à l’exception de la version 4 x 4 Evolve affichée à 61 900 €. À l’opposé, l’Ariya de base débute à 47 300 €… soit juste 300 € au-dessus du seuil de déclenchement du bonus maximal de 6 000 €. La prime dépendant du tarif facturé et non du montant figurant au catalogue, une petite négociation (et de la retenue sur les options) devrait pouvoir ramener le prix d’appel à 41 300 € jusqu’au 31 décembre.

Autonomie et recharge

Avant de prendre le volant, jetons un œil sur un point crucial des modèles électriques, leur rayon d'action. Celui-ci diffère selon les trois versions disponibles, comme le montrent les autonomies homologuées en cycle WLTP :

  •  403 km pour l'Ariya 218 ch à batterie de 63 kWh
  • 533 km pour l'Ariya 242 ch à batterie de 87 kWh
  • 500 km pour l'Ariya 306 ch 4 x 4 à batterie de 87 kWh

Cette dernière version possède un second moteur électrique sur l'essieu arrière qui double la valeur de couple (600 Nm contre 300 Nm pour les Ariya traction) et inaugure une transmission intégrale baptisée e-4orce. Nissan n’indique aucun temps de recharge en courant alternatif. Pour ravitailler à 100 % la petite batterie de 63 kWh utiles, il faudra compter une trentaine d’heures sur prise domestique classique et une dizaine d’heures sur Wallbox 7,4 kW. Facturé 1 000 € sur toutes les versions, le chargeur embarqué de 22 kW devrait réduire le plein d'électrons à moins de quatre heures. Mais il faut résider près d’une borne publique délivrant cette puissance, pas si fréquente.

Nissan préfère communiquer la puissance de charge maximale en courant continu (130 kW), qui permet une recharge de 20 à 80 % en 28 minutes sur borne rapide. Une promesse que nous ne manquerons pas de vérifier sur notre parcours-test pour voitures électriques, où la Mégane E-Tech dotée du même chargeur avait légèrement déçu.

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Comme sur la Renault Mégane électrique, la trappe de recharge se situe dans l'aile avant droite.

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Sous 10° de température extérieure, il faut réchauffer la batterie 30 minutes avant une charge rapide.

Dernier point, et non des moindres : le préconditionnement de la batterie en roulant (voué à optimiser les temps de charge rapide) est à déclencher manuellement en fouinant dans les sous-menus de l’écran central tactile. Nissan conseille de s’en servir 30 minutes avant un branchement sur borne rapide si la température extérieure est inférieure à 10°, mais le déconseille ailleurs car ce réchauffement de l’accumulateur consomme de l’énergie… Curieuse corvée donc dans un modèle 100 % électrique qui impose déjà beaucoup de « charge mentale » (gestion de l’autonomie, des recharges, des types de bornes, des cartes d’accès, etc) au conducteur venant d’un modèle thermique.

À bord

Bienvenue dans le nouveau Nissan Ariya, ode à la zénitude automobile : mobilier épuré, tapissages étendus en microfibre, afficheurs numériques très fins légèrement orientés vers le conducteur. Et une jolie sensation d’espace servie par les contre-portes généreusement creusées, la planche de bord très horizontale et le plancher parfaitement plat, annulant toute séparation inférieure entre conducteur et passager. Entre leurs sièges, une haute console centrale coulissante électriquement fait face à un vide-poches lui aussi motorisé. Un effet waouh qui montre certaines limites à l’épreuve du quotidien.

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Si la position de conduite et le dessin épuré séduisent, les sièges avant déçoivent. La sellerie est ferme et bombée, l'assise trop courte.

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Comme le rangement central (à droite), la console entre les sièges coulisse électriquement – et lentement – en niveau Evolve.

La console centrale souffre en effet d'un piètre rapport encombrement/capacité, l’immense accoudoir ne dissimulant qu’un chargeur de téléphone par induction (le moteur électrique et les rails occupent tout l’espace inférieur). Quant au rangement motorisé, il s'ouvre précisément sur les genoux du passager, dispose d’un couvercle intérieur cheap et oblige à remettre le contact pour pouvoir l’ouvrir si l’on y a oublié un objet après l’arrêt. Enfin, l’écran central tactile à interface totalement repensée (cinq pages d’accueil personnalisables, recherche de navigation via Google, commande vocale Alexa) ne fait pas mieux, desservi par une cartographie vieillotte, une résolution quelconque (zooms parfois flous) et un GPS incapable de planifier l’itinéraire avec arrêts aux bornes de recharge (il faut passer par une application smartphone que nous n’avons pas pu tester).

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Compatible avec Apple CarPlay et Android Auto, le nouveau système d'info-divertissement n'est pas très intuitif.

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Les commandes de ventilation à retour haptique disparaissent une fois le contact coupé. Original et élégant !

Pas de quoi néanmoins disqualifier l’Ariya, par ailleurs agréable à vivre et garni de détails séduisants. La ventilation par exemple (qui peut se piloter autrement que par l’écran tactile, un bon point) dissimule dans une baguette en bois foncé ses commandes à retour haptique, dès lors invisibles une fois le contact coupé. L’espace arrière fait aussi partie des points forts avec sa belle amplitude aux jambes, ses dossiers légèrement inclinés et sa place centrale utilisable grâce au moelleux correct et au plancher plat. Les vastes portières, elles, s’ouvrent pratiquement à 90° et facilitent l’installation d’un tout-petit dans son siège. Mais gare à leur envergure dans les parkings étroits.

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Les places arrière du Nissan Ariya dégagent une belle amplitude aux jambes.

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Le volume de coffre est plus quelconque : 468 l en version 4 x 2, 415 l en 4 x 4.

Le volume de coffre est plus quelconque pour un modèle de ce gabarit, avec 468 l de contenance, voire 415 l sur la version à quatre roues motrices. Le plancher, haut perché, est divisé en deux parties distinctes et amovibles, tantôt pour retenir des bagages (les cloisons peuvent se caler à la verticale), tantôt pour optimiser le volume (mais une marche empêche d’obtenir une aire plane, sièges rabattus), tantôt pour accéder au rangement inférieur où se logent les câbles de recharge quand une partie du coffre est occupée. Précisément abreuvé à 100 %, notre Ariya 63 kWh est prêt pour un essai en Suède dans des conditions favorables à l’autonomie, rien qu’à l’autonomie : faible relief, limitations de vitesse quasi permanentes à 70 km/h, radars omniprésents.

À conduire

Zen à contempler, le Nissan Ariya l’est aussi à conduire. La suspension confortable avale correctement les bosses, les bruits aérodynamiques ne font que chuchoter sous 110 km/h, et le couple généreux de 300 Nm arrive progressivement au démarrage, au bénéfice de la motricité de cette version simple traction. Malgré son poids important (1 980 kg avec cette petite batterie, 2 120 kg avec la grosse), l’Ariya de base offre ensuite des performances suffisantes et s'insère très facilement sur voies rapides, même une fois gréé d’une petite famille et de ses bagages.

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Fort de 218 ch, l'Ariya 63 kWh ne manque pas de ressources sur route. La puissance passe à 242 ch avec la batterie de 87 kWh, mais le surpoids de 150 kg gomme le gain à l'accélération.

La masse ne se sent pas davantage en virage grâce à une direction directe, à des mouvements de caisse bien contenus et à une belle progressivité aux limites d’adhérence sur chaussée mouillée. La plate-forme 100 % électrique partagée avec la dynamique Renault Mégane électrique confirme être bien née, même si le manque de maintien des sièges et la quiétude qui règne à bord n’invitent guère à brusquer ce drôle de crossover (pour cela, il y aura le futur Alpine X-Over GT à trois moteurs électriques).

Le sage père de famille jouera plutôt avec les différents niveaux de récupération d’énergie au lâcher d’accélérateur : simple roue libre en mode Eco, léger frein moteur en modes Normal et Sport, récupération plus marquée en mode B puis maximale en mode i-Pedal combinant freinage régénératif et freinage hydraulique. Ce dernier mode oblige tout de même à presser la pédale de frein pour stopper l’auto, contrairement à celui de la Leaf, dont les clients déploraient l’absence de « rampage » lors des manœuvres. Dommage que ces quatre niveaux de régénération s’appellent depuis… quatre commandes différentes : deux boutons pour les modes de conduite, le sélecteur de marche pour le mode B et une autre touche pour l’i-Pedal. L’installation de palettes au volant eût été bien plus ergonomique.

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Au terme de notre parcours d’une centaine de kilomètres à (très) doux rythme, le Nissan Ariya affichait une consommation de 14,5 kWh/100 km à l’ordinateur de bord, soit 430 km d'autonomie théorique dans ces conditions très favorables. Une valeur qui augmentera dans un environnement plus réaliste, comme notre fameux parcours-test pour voiture électrique. Lors de notre brève pointe à 130 km/h, l'insonorisation efficace et le système de conduite semi-autonome de série donnaient l’envie de voyager loin. Avec 4,60 m de long et des contours difficiles à cerner (capot plongeant, rétrovision moyenne), l’Ariya sera moins l'ami des trajets urbains. À confirmer lors d’un test plus poussé.

La concurrence

Quand il viendra enfin en concessions en septembre 2022, le Nissan Ariya trouvera sur son chemin une concurrence fournie. Citons les cousins Skoda Enyaq iV et Volkswagen ID.4, plus accueillants pour les bagages mais aussi plus quelconques à conduire et à regarder ; le tandem coréen Kia EV6 et Hyundai Ioniq 5, dont la puissance de charge généreuse et les coûts de recharge intéressants sur bornes Ionity ne font pas redouter les longs trajets ; les outsiders MG Marvel R voire Aiways U5, deux SUV chinois dont l’argument principal reste le tarif. Bonus compris, le premier démarre à 39 000 € et le second à 34 000 € seulement. Pour rappel, le Nissan Ariya débute à 41 300 €… après négociation avec le vendeur et sans option (son prix de base dépasse de 300 € le seuil d'obtention du bonus maxi de 6 000 €). Moins bien dotés en version d’appel, les Skoda Enyaq iV et Volkswagen ID.4 commencent à 37 000 € bonus déduit.

Retrouvez le bilan de l'essai, la fiche technique, ainsi que tous les prix et équipements du Nissan Ariya en page suivante.

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