Sacha Fenestraz (à droite) avec les ingénieurs de Nissan. (Nissan)
La piste est toute neuve et pourtant il la connaît bien. Il la connaît même mieux que tout le monde. Il savait le premier que l’e-prix aurait lieu ici. Car Sacha Fenestraz est devenu un vrai Japonais d’adoption. Étonnant pour ce jeune homme de 24 ans, né sur les bords du lac d’Annecy puis élevé à Cordoba en Argentine que rien ne destinait à devenir presque un vrai tokyoïte.
Pourtant, c’est bien ce pays qui a permis au pilote de se relancer, lui qui s’était fait connaître par deux victoires consécutives à Monaco en Formule Renault (2016 et 2017). Malgré son prestigieux podium à Macao, sorte de Championnat du monde de la F3, en 2018, Fenestraz perd le soutien de Renault.
Ajoutez-y le Covid qui a cloué Fenestraz au pays du Soleil Levant pendant deux ans, loin des siens, et vous comprendrez mieux pourquoi ce Français très argentin est tombé amoureux du Japon. Et pas qu’à moitié. Conseillé par Loïc Duval et Benoit Tréluyer, deux autres Français un temps exilés et champions dans ce pays, de vivre à Roppongi, il décide vite de quitter ce quartier de Tokyo trop cosmopolite et festif pour le calme d’un faubourg qui se créait, de l’autre côté de la baie, pas loin de ce qui allait devenir le village olympique. C’est là qu’il découvre grâce à son traducteur et soutien local en 2021 qu’un projet de e-Prix existe. Celui qui voit officiellement le jour ce vendredi avec la première séance d’essais où Fenestraz a terminé 18e (Grand Prix samedi).
« Loïc Duval m’avait prévenu lorsque j’ai pris le risque de partir au Japon, poursuit-il même pas affecté par la litanie d’opérations presse et marketing (plus d’une trentaine en deux jours). Si tu fais bien le boulot, ton avenir est assuré au Japon. »
Ce premier contact, positif, lui permettra d’obtenir le baquet de titulaire chez Nissan l’an dernier, avec une pole compteur. Cette saison, son équipier Oliver Rowland compte déjà deux podiums. Lui s’est distingué par une 6e place lors de la 2e course à Diriyah (Arabie saoudite) fin janvier .
C’est donc avec bonheur qu’il a débarqué à Tokyo dès dimanche pour aller dans un restaurant de sushis, réservé il y a… onze mois par un ami pour une table à 17 heures !
On sent le vrai passionné qui a même oublié le nom français de son poisson préféré, la délicieuse anguille. Lui, la nomme dans la langue de Mishima, « unagi ». Essentiel afin de pouvoir le commander ici.
On le sent comblé, content de revenir au Japon et ravi de rouler local, à quelques kilomètres de son appartement. Il a -presque – retrouvé ses habitudes. Et ses fans qui l’attendaient déjà à sa descente d’avion. Nissan, qui vient d’ailleurs d’annoncer son engagement en Formule E jusqu’en 2030« au moins » selon le communiqué.