Un avion tout électrique français atterrit au Mondial de l’auto
L’Integral E ? c’est le nom du biplace ? est en effet le premier avion électrique français. Il est fabriqué par une start-up, Aura Aero, dans un vaste hangar placé en bordure de l’aéroport de Francazal, près de Toulouse. Le moteur, INGENEuS, doté d’une batterie, est fourni par Safran, l’avionique et les câblages sont faits maison, tout comme le fuselage, la voilure, et les pièces de carénage entièrement réalisées en bois renforcé de carbone.
« Une technologie très particulière que nous possédons grâce au rachat en Normandie d’Air Menuiserie, spécialiste réputé du travail du bois pour l’aérien », explique Wilfried Dufaud. Ancien d’une société d’ingénierie, ce dernier a tout lâché en 2018 pour fonder Aura Aero avec Jérémy Caussade et Fabien Raison, deux transfuges d’Airbus. Point commun entre les trois compères : ce sont des fondus d’aviation. À temps perdu, ils avaient participé, en 2013, à l’aventure du collectif qui a traversé la Méditerranée après avoir construit une réplique du fragile Morane-Saulnier avec lequel le légendaire Roland Garros, cent ans plus tôt, avait réalisé l’exploit.
L’Integral E s’apprête à faire ses premiers vols
Le marché visé, tant civil que militaire, est celui des petits coucous utilisés pour la formation des pilotes et les passionnés d’aviation. Deux appareils sont proposés, l’Integral S (pour « school ») consacré à la formation, et l’Integral R (pour « racing ») consacré à la voltige. La différence ? Le second est un peu plus puissant. « Le ?S?, c’est pour avoir le permis de voler, détaille Dufaud, et le ?R? un permis pour conduite acrobatique. » Une fois obtenue leur certification, en Europe et aux États-Unis, ce qui ne saurait tarder, ces deux appareils, qui ont déjà volé, pourront être livrés.
Une centaine de précommandes
Étape suivante, l’avion électrique : l’Integral E, qui se décline lui aussi en deux versions (« S » et « R »). Ses aptitudes en vol sont légèrement inférieures à celles de ses deux prédécesseurs et son autonomie est bien plus faible, une heure de vol, contre quatre et demie. Mais le « E », lui, n’émet pas de CO2, ne fait aucun bruit et ses coûts de fonctionnement sont sans comparaison.
L’Integral E s’apprête à faire ses premiers vols d’essai et pourrait être mis en service dès 2026. D’ici là, Aura Aero aura franchi un nouveau cap : la construction d’un avion régional électrique, l’ERA (Electric Regional Aircraft), qui pourra transporter dix-neuf passagers sur des distances de 1 000 à 1 500 kilomètres. Avec l’ERA, Aura Aero entrera dans une autre dimension. Une nouvelle usine de 40 000 m2 est prévue en bout de piste à Francazal, qui pourrait livrer ses premiers avions en 2029.
Du moins si l’entreprise se muscle financièrement, car les 100 millions d’euros déjà récoltés ne suffiront pas. Bonne nouvelle, Aura Aero vient tout juste d’accueillir un soutien de poids avec l’entrée d’EDF à son capital. Et puis son équipe dirigeante pourra toujours profiter du Salon de l’auto pour recueillir des conseils de management auprès du patron de Renault Luca de Meo?