Le Nissan Juke ? Chez Blogautomobile, on connaĂźt. De fait, on a essayĂ© toutes ses versions disponibles (soitâŠdeux, et encore, on a testĂ© des deux boĂźtes de vitesse dâun seul moteur). Seulement voilĂ , un nouveau larron vient de sâinviter : bienvenue Ă cette motorisation hybride, dont voici lâessai !
Car oui, avec une seule motorisation essence de 114 ch, la gamme de cette deuxiĂšme gĂ©nĂ©ration de Nissan Juke ne vendait quand mĂȘme pas beaucoup de rĂȘve. Câest manifestement une bonne voiture, hein, dâailleurs Maurice lâa constatĂ© en essayant la version manuelle et Thomas aussi au volant de la version Ă boĂźte auto, mais bon, sans diesel ni offre Ă©lectrifiĂ©e, Nissan ne donnait tout de mĂȘme pas beaucoup de chances Ă son petit SUV de briller dans les ventes. JusquâĂ maintenant !
JusquâĂ maintenant, parce que Nissan a chipĂ© Ă Renault la motorisation E-Tech disponible sous les capots des Clio, Captur et Arkana (lâAlliance, ça ne sert pas uniquement Ă organiser des dĂźners douteux Ă Versailles). LâE-Tech, pour les retardataires, câest une motorisation hybride composĂ©e dâun moteur thermique (ici, un 1.6 atmo de 95 ch dĂ©veloppĂ© parâŠNissan) associĂ© Ă deux autres moteurs Ă©lectriques -un de 51 ch pour entraĂźner les roues, un second bien plus petit pour dĂ©marrer le moteur & renvoyer lâĂ©nergie tirĂ©e du freinage rĂ©gĂ©nĂ©ratif vers la batterie- et dâune petite batterie de 1.2 kWh. Lâensemble est reliĂ© par une boĂźte de vitesse sans embrayage dont le fonctionnement est bien trop complexe et long Ă dĂ©crire ici (mais qui est brillamment expliquĂ© ici pour les curieux). Nous avons donc affaire Ă une hybride simple, dont lâautonomie en pur Ă©lectrique nâexcĂ©dera pas quelques kilomĂštres.
La thĂ©orie ? 5.2 l/100 km en combinĂ© (soit -20 % vs essence BVA) & 118 g de CO2 par km, avec en bonus la promesse de 1) dĂ©marrer systĂ©matiquement en Ă©lectrique et 2) passer 80% du temps moteur thermique coupĂ© en ville (attention petite astuce, partagĂ©e avec Toyota : on parle du temps passĂ©, pas de la distance parcourue). La pratique ? Je mâen sors avec une conso moyenne de 6.4 l/100 km sur 520 km parcouru, conso quâil faut absolument contextualiser : on a difficilement dĂ©passĂ© les 0°C tout au long de lâessai.
On le sait, les batteries nâaiment pas beaucoup le froid, et les moteurs Ă©lectriques nâont fatalement pas pu fonctionner Ă leur optimum. Mon pâtit Juke a par exemple consommĂ© 8.4 l/100 km sur un trajet autoroutier de 90 km parcouru sous -4°C, alors que mĂȘme trajet autour des 0°C sâest soldĂ© par une conso de 7.1 l/100 km. De bon augure ! Dâautres chiffres ? Allons-y : 5.6 l/100 km sur 70 km de dĂ©partementales (autour de 0°C Ă©galement) et 5.0 l/100 km lors dâun pĂ©riple strictement urbain de 45 km (et deâŠ2h30) (quâest-ce que je ne ferais pas pour toi, lecteur). Des chiffres pas dingues, il faut bien le dire, que les tempĂ©ratures ne peuvent pas uniquement expliquer. Toyota semble avoir le dessus Ă ce niveau : jâai le souvenir dâun Paris-Bruxelles en C-HR Ă 5 l/100 km et, plus rĂ©cemment, notre Maurice adorĂ© a rendu une Yaris Cross avec 5.4 l/100 km affichĂ©s au tableau de bord aprĂšs 1 300 km Ă son volant -il est vrai en plein Ă©tĂ©.
Oh lĂ , ça fait beaucoup de chiffres en pas beaucoup de lignes. Passons au subjectif ! Comment je le trouve, ce Juke ? TrĂšs mignon, je dois vous lâavouer. Alors, certes, jâavais la version la plus haut de gamme qui vient avec les Ă©normes jantes de 19âł et la couleur bi-ton, mais bon, la base est bonne, avec plus de caractĂšre et de maturitĂ© que la premiĂšre itĂ©ration. Ajoutez Ă cela les Ă©lĂ©ments vus plus haut et ce divin âRouge Fujiâ et on obtient une jolie voiture, qui a su se dĂ©marquer durant mon essai. Ah, et ma version hybride se dĂ©marque des versions essence par une calandre remaniĂ©e, plus obturĂ©e, accompagnĂ©e de joncs chromĂ©s dans la prolongation des feux de jour rappelant le rĂ©cent Ariya. Dernier dĂ©tail : les badges Nissan passent au flat design, câest dans le ton du moment.
Et lâhabitacle ? La premiĂšre chose qui saute aux yeux, câest lâamĂ©lioration de la qualitĂ© perçue par rapport au premier Juke (que jâavais essayĂ© en version Nismo). LĂ oĂč on avait une surabondance de plastiques laids, on retrouve ici quelque chose de bien plus agrĂ©able Ă lâĆil. Les placages en Alcantara sont qualis, avec un original passepoil blanc (mais chasse gardĂ©e de ma version haut de gamme N-Design), lâarchitecture gĂ©nĂ©rale est bonne, câest vraiment pas mal. Alors, certes, les vilains plastiques durs et creux ne sont pas forcĂ©ment trĂšs loin (les contre-portes đ) et le similicuir des siĂšges est franchement cheap, mais lâensemble est validĂ©. Ce qui nâest pas du tout validĂ©, en revanche, câest lâĂ©cran central. Graphismes mochissimes, ergonomie vraiment pas dingue, lenteur des commandes, il nây a pas grand chose Ă sauver. Heureusement quâApple Carplay & Android Auto existent pour nous y faire Ă©chapper !
Sur le plan habitabilitĂ©, notons que les places arriĂšre sont trĂšs honnĂȘtes (bien quâun peu sombres, on paie les petites vitres, le ciel de toit noir et lâabsence de toit vitrĂ©), tandis que le volume du coffre passe de 420 litres pour les versions essence Ă 354 litres, la faute Ă lâemplacement de la batterie juste sous le plancher.
Zou, prenons la route. Vous avez dĂ©jĂ tous les chiffres de conso de lâessai, parlons ressentis ! Si un adjectif peut convenir Ă lâexpĂ©rience de conduite du Juke hybride, câest agrĂ©able. Le Juke hybride est agrĂ©able Ă conduire. Tout est doux, tout est fluide, câest vraiment top. LâĂ©lectronique gĂšre tout le temps les flux dâĂ©nergies, et il est souvent difficile de savoir ce qui est allumĂ© -on peut tricher avec un schĂ©ma sur lâordinateur de bord, mais il est compliquĂ© de dĂ©terminer les sources dâĂ©nergie en se fiant uniquement Ă lâoreille ou au pied. Ce qui mâa surpris, câest la pĂȘche du moteur Ă©lectrique : jusquâĂ 50 km/h, on peut vraiment rĂ©aliser des accĂ©lĂ©rations franches sans rĂ©veiller le moteur essence, une chose que les hybrides Toyota ne permettent gĂ©nĂ©ralement pas. Concernant la gestion de la charge de la batterie, il est Ă©tonnant de noter que la voiture ne permettra que rarement de descendre sous les 50 % (et jamais sous les ~30 % durant lâessai) : un constat Ă©tonnant, qui doit avoir une explication technique trĂšs simple, mais câest tout de mĂȘme dommage de sâasseoir sur la moitiĂ© de la charge.
Sur autoroute, le Juke profite des âvraisâ rapports de sa boĂźte de vitesse pour nous Ă©pargner un bruit moteur façon CVT ; de fait, mĂȘme lors de grandes accĂ©lĂ©rations, le bruit est rarement dĂ©corrĂ©lĂ© de la vitesse ou de lâappui sur la pĂ©dale comme on le retrouve chez Toyota. Câest agrĂ©able ! Jâai en outre dĂ©couvert en ville le systĂšme âE-Pedal Stepâ. LâE-Pedal, je connais : il sâagit dâun mode de conduite oĂč le frein rĂ©gĂ©nĂ©ratif est suffisamment fort pour stopper entiĂšrement la voiture. Je lâai dĂ©couvert sur la Leaf II justement, et je lâai retrouvĂ© par exemple sur la Honda e ou le Tesla Model Y, toujours avec grande joieâŠmanifestement pas vraiment partagĂ©e par les clients. Nissan a donc rĂ©agi en supprimant le frein rĂ©gĂ©nĂ©ratif sur les derniers kilomĂštres-heure, baptisant ce nouveau systĂšme âE-Pedal Stepâ. Je trouve ça quand mĂȘme un peu dommage de devoir appuyer sur le frein pour stopper la voiture mais bon, il faut tout de mĂȘme bien avouer que ce mode permet de gĂ©rer pas mal de situations en modulant simplement la pression du pied sur lâaccĂ©lĂ©rateur -de toute maniĂšre, cette pĂ©dale de frein a le bon goĂ»t de proposer un ressenti tout Ă fait naturel. Câest dĂ©jà ça !
Terminons ces ressentis de conduite par la partie auditive. Mon Juke Ă©tait Ă©quipĂ© du âBose Personal Plusâ, consistant en dix (!) haut-parleurs dissĂ©minĂ©s dans lâhabitacle, dont quatre cachĂ©sâŠdans les appuie-tĂȘtes. Le rendu ? Si la qualitĂ© ne mâa pas estomaquĂ© (en raison notamment des basses un peu trop baveuses Ă mon goĂ»t), jâai Ă©tĂ© rĂ©ellement bluffĂ© par la spatialisation du son, qui semble arriver Ă 360°. Remarquable pour une si petite auto. Couper la sono permettra de profiter dâune isolation phonique dans la moyenne, avec des bruits aĂ©ro raisonnablement audibles au-delĂ des 100 km/h. Ah, et jâai notĂ© un tout petit bruit parasite au niveau du rĂ©troviseur intĂ©rieur, mais on sâapproche de la nĂ©vrose Ă ce niveau.
ClĂŽturons sur les tarifs. Si le Juke dĂ©bute Ă 22 190 âŹ, accĂ©der Ă lâhybride fera passer la note Ă âŠ31 450 âŹ. Pourquoi un si grand Ă©cart ? Tout simplement parce que les deux premiers niveaux de finition nâont pas droit Ă cette motorisation, qui commence donc avec une dotation trĂšs complĂšte : accĂšs & dĂ©marrage mains-libres, camĂ©ra de recul, jantes 17âł, clim auto et tout et tout. De fait, Ă Ă©quipement Ă©gal, il faut compter 3 160 ⏠dâĂ©cart entre lâhybride et lâessence DCT. Comparativement, le Yaris Cross est quand mĂȘme moins cher, et on est Ă©galement un chouille plus haut quâun Renault Captur ; le Honda HR-V est au-dessus, mais il compense par un Ă©quipement plus gĂ©nĂ©reux.
âLes bruits de la villeâ. Si jâai titrĂ© mon article comme ceci, câĂ©tait certes pour rendre hommage au trĂšs rĂ©ussi premier album de Voyou (doux et poĂ©tique, sans se dĂ©partir dâune mĂ©lancolie jamais bien loin), câĂ©tait surtout pour illustrer le domaine de compĂ©tence prĂ©fĂ©rĂ© du Juke hybride. Parce que oui, pour rappel, le pâtit Nissan est vraiment une crĂšme dans cet environnement -mĂȘme sâil propose une rĂ©elle polyvalence quâil ne faut pas oublier. On vient de le voir, il nâest peut-ĂȘtre pas le petit SUV hybride le moins cher ou le plus sobre, mais il offre une vraie personnalitĂ©, quelque chose de bien Ă lui. Jâai passĂ© un bon moment Ă son volant. Câest bien, non ?
Crédits photos : Jean-Baptiste Passieux
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