Elle arrive en collection

Jaguar

Jaguar MK 2 (1959 – 1967), la berline de sport anglaise à son apogée, dès 24 000 €

Entrée dans la légende grâce à sa formule savoureuse, une berline assez compacte alliant beauté, luxe et performances, la Jaguar MK 2 n’en finit pas de séduire, plus de soixante ans après son apparition. Et si vous craquiez pour cette ancienne très performante ?

Ne vous fiez pas à l'allure rondouillarde et vieillote de la Jaguar MK 2, lancée fin 1959 : en 3,8 l, elle passe les 200 km/h.

Ne vous fiez pas à l’allure rondouillarde et vieillote de la Jaguar MK 2, lancée fin 1959 : en 3,8 l, elle passe les 200 km/h.

Les collectionnables, c’est quoi ?

Ce sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !

Pourquoi la Jaguar Mk 2 est-elle collectionnable ?

Oui, la  Jaguar Mk 2 est en collection depuis longtemps. Ce n’est pas une raison pour ne pas s’y intéresser ! Elle a en effet peaufiné à l’extrême le genre des berlines de sport, avec son gros 3,8 l de 223 ch, ce, tout en préservant un confort et un luxe certains. En somme, incarne une formule indémodable, dont on peut voir les berlines BMW M et Mercedes AMG comme les héritières. L’anglaise demeure une auto étonnamment agréable et performante sur les routes actuelles, constituant ainsi une formidable monture pour voyager à plusieurs dans une ambiance inimitable.

Première monocoque de Jaguar, la 2,4 l “Mk 1, lancée en 1954, n’a pas tout à fait rencontré le succès escompté. Cette 4-portes compacte et luxueuse se voit profondément remaniée en 1959, une évolution ajoutant le suffixe Mark 2 à son appellation. La structure et la suspension avant sont conservées, de même que les blocs XK, de magnifiques 6-cylindres en ligne à deux arbres à cames en tête proposés en 2,4 l et 3,4 l. Seulement, signe d’ambitions en hausse, la Mk 2 a aussi droit à une évolution à 3,8 l de ce moteur, qui développe dès lors 223 ch. A l’époque, aucune berline européenne, hormis la très exclusive Facel Véga Excellence, n’en propose autant !

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Evolution de la Mk 1, la Jagaur Mk 2 se signale d’abord par ses vitrages agrandis et son train arrière élargi, qui lui confèrent une allure plus dynamique. Ici en 1959.

L’anglaise bénéficie aussi d’un nouveau train arrière élargi (mais pas indépendant), d’un tableau de bord redessiné, où l’instrumentation se place non plus au centre mais derrière le volant, ainsi que d’une carrosserie partiellement redessinée. Elle se signale par des vitrages agrandis, des roues arrière apparentes et des accessoires replacés savamment. En ressort une ligne plus fine et agressive, sinon plus élégante. Signalons aussi que la Jaguar dispose de quatre freins à disques, chose rarissime à la fin des années 50.

La « emmekadeu » comme on dit en français (on devrait plutôt prononcer « mark tiou ») remporte vite un certain succès commercial. Il faut dire que le magazine anglais The Autocar de mai 1960 chronomètre la variante 3,8 l à 202,8 km/h, pour un 0 à 96 km/h en 8,5 s. Des performances dignes d’une voiture de sport bien plus chère ! Car la Jaguar, dotée de son moteur de pointe, coûte
31 000 F en 1963, soit trois Peugeot 404, ou 50 800 € actuels selon l’Insee, mais aussi 11 800 F de moins qu’une  Mercedes 300 SE, bien moins puissante (160 ch).

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On pouvait aussi commander sa Jaguar Mk 2 avec des jantes à fils, plus favorables au refroidissement des disques.

L’équipement est riche : cuir, boiseries, tablettes pique-nique à l’arrière, projecteurs à longue portée, allume-cigare, compte-tours, ventilation sophistiquée, diverses lampes de lecture, voire différentiel à glissement limité. La 3,4 l, pas tellement moins rapide grâce à ses 213 ch, pointe déjà à 185 km/h, alors que la 2,4 l (120 ch) s’en tient à 165 km/h.

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En option, on trouve la boîte auto Borg-Warner à 3 rapports, l’overdrive Laycock de Normanville, la direction assistée, la radio, la lunette arrière chauffante, le toit ouvrant ou encore les sièges inclinables. Si beaucoup regrettent que Jaguar ait retenu l’antique boîte Moss à quatre vitesse, dont la 1ere n’est pas synchronisée, la Mk 2 est très efficace.

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Vue de l’arrière, la Jaguar Mk 2 se révèle très élégante. A 380 l, son coffre est plutôt spacieux.

Sa brillante carrière en compétition en est une illustration : chez nous, aux mains de Bernard Consten, elle a été championne de France des rallyes en 1961 et 1962, tout en remportant le Tour de France Automobile de 1960 à 1963. Par la suite, la Mk 2 reçoit en 1965 une boîte Jaguar entièrement synchronisée puis perdurera sans grandes modifications jusqu’en 1967, année où elle est remplacée par les 240 et 340, d’allure très similaire mais à l’équipement simplifié. Celles-ci s’arrêtent en 1969.

Au total, la Mk 2 a été fabriquée à 84 180 exemplaires, dont 30 341 en 3,8 l, 28 666 en 3,4 l et 25 173 en 2,4 l. Ce à quoi on ajoute 4 446 240 et 2 788 340, sans oublier les 17 620 unités de la variante Daimler V8 250, dotée d’un V8 2,5 l de 140 ch.

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En 1962, la Daimler V8 250 vient épauler la Mk 2 avec son V8 2,5 l de 140 ch. Sa calandre arbore une partie haute striée, qui la différencie des Jaguar.

Combien ça coûte ?

Les prix varient énormément en fonction de l’état et de la provenance de la voiture. Disons qu’un exemplaire en belle condition (donc pas parfait) revient à 24 000 € en 2,4 l, 30 000 € en 3,4 l et 35 000 € en 3,8 l. Une auto restaurée récemment ou réellement impeccable pourra aisément prétendre à 15 000 € supplémentaires. Les 240 et 340 sont légèrement moins chères, tandis que la Daimler réclamera plutôt 27 000 €.

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Les Mk 2 se différencient peu extérieurement selon leur motorisation. La 3.4 représente un compromis très intéressant entre prix, performances et comportement.

Quelle version choisir ?

Si la 3,8 l est la plus désirable, la 3,4 l représente un meilleur compromis car elle n’est pas tellement moins rapide, coûte moins cher et profite d’un comportement un poil plus agile grâce au moteur plus léger. A préférer, si on la trouve, équipée de la boîte Jaguar.

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En 1967, les 240 et 340 remplacent les Mk 2 dont elles sont des versions simplifiées mais aussi améliorées.

Les versions collector

Toutes, quand elles sont en bon état. Mais de 1959 à 1963, Jaguar a produit chaque année une toute petite série d’exemplaires Tour de France, préparés pour la course (boîte courte, meilleure alimentation, allègement…). Si on trouve un de ces modèles élaborés à l’époque (beaucoup l’ont été par la suite), mieux vaut avoir un solide compte en banque pour se l’offrir.

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Le 6-cylindres XK de la Jaguar Mk 2 est solide, mais gare à son circuit de refroidissement et à l’électricité.

Que surveiller ?

Vu que nous avons affaire à une monocoque âgée d’une soixantaine d’année, on surveillera en premier lieu la corrosion. Et ce ne sera pas simple, car la quasi-totalité des Mk 2 ayant été restaurée, la peinture peut agir comme un cache-misère. Examinez bien les bas de caisse, les longerons, les planchers, les passages de roue…

Pour sa part, le moteur XK est solide s’il est utilisé et entretenu régulièrement : on traquera d’éventuels claquements du côté des arbres à cames et de la chaîne de distribution. A surveiller aussi, les fuites d’huile, certaines, près de la boîte, demandant la dépose du moteur pour être éradiquées. Le circuit de refroidissement est un point faible : il doit être purgé et nettoyé tous les deux ans maxi. Une réfection du XK peut vite revenir à 20 000 € ! La boîte Moss s’use d’abord du côté du synchro de la deuxième vitesse et, problème, certaines pièces ne sont plus disponibles. Si la première gronde, gare ! La boîte Jaguar est plus solide. Quant à l’automatique, elle est de son époque, donc connaîtra des ennuis avant 80 000 km. Mais elle se refait.

Autre gros défaut de la Mk 2, son circuit électrique : tout doit fonctionner sur l’exemplaire convoité, sinon attention au casse-tête, surtout avec les masses positives souvent défectueuses. Quant à l’habitacle, il vieillit très correctement et, là encore, tout se refait, au prix fort évidemment. Comptez par exemple 4 000 € pour refaire les boiseries.

Gros avantage de la Jaguar, comme pour bien des anglaises, on trouve presque toutes les pièces et les spécialistes ne sont pas rares. Ce qui ne doit pas vous empêcher de demander les preuves d’un bon entretien ou un dossier de restauration. Enfin, ne fuyez surtout pas les autos améliorées, dotées par exemple d’un allumage électronique, d’un radiateur agrandi ou de freins renforcés.

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Dotée de la direction assistée et de la boîte auto, la Jaguar Mk 2 devient très douce à conduire. Certains préfèrent la rudesse de la boîte manuelle Moss.

Sur la route

Superbe habitacle que celui de la Jaguar Mk 2, où l’on se trouve agréablement installé dans des fauteuils moelleux. La position de conduite se révèle même très convenablement étudiée. Inutile de pomper sur l’accélérateur pour démarrer : les carburateurs SU alimentant le 6-cylindres 3,8 l n’ont pas de pompe de reprise. Le moteur s’éveille dans une mélodie alléchante, mais pas envahissante, puis la voiture se révèle d’une grande douceur de conduite. En effet, l’exemplaire que j’ai la chance de tester bénéficie de la boîte auto et de la direction assistée, des options d’époque. Toutefois, l’une se révèle trop lente, l’autre pas assez précise, de sorte qu’on n’a pas envie de brusquer la Jag. Heureusement, son moteur ne demande qu’à prendre des tours, atteignant les 5 000 tr/min comme un rien, tout en administrant de belles accélérations.

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Le cockpit de la Jaguar Mk 2 est une pure splendeur, entre les boiseries abondantes et les larges sièges en cuir. Les ceintures étaient en option à l’époque.

Il faut dire que son confort est assez étonnant, entre l’insonorisation plutôt travaillée et sa suspension assez tolérante sur les aspérités. Ce, sans nuire à la tenue de route, fort saine et prévisible. Quant au freinage, il est faible dans l’absolu mais excellent pour une auto de cette époque. En fait, on se laisse gagner par l’ambiance incomparable de cette Jaguar qui fleure bon le cuir, gronde gentiment et délivre les bonnes accélérations quand il faut, le tout dans une atmosphère sixties où abondent les chromes et le bois. A titre perso, même si je préférerais un exemplaire manuel en boîte Jaguar, cette monture me séduit particulièrement. La conso ? Elle peut se limiter à 13 l/100 km.

L’alternative newtimer*

Jaguar XFR (2009 – 2015)

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Avec ses 510 ch, la Jaguar XFR, ici en 2009, concilie performances exceptionnelles et grand confort, comme la Mk 2 en son temps.

Même si elle ne cède en rien au rétro-design, une première chez Jaguar depuis les années 70, la XF X250 peut être vue comme la vraie descendante de la Mk 2. En effet, voici une berline pas trop encombrante et dotée d’un moteur surpuissant, qui préserve luxe et confort. Dotée d’un V8 compressé de 510 ch, la XF dans sa version R administre des performances énormes, tout en profitant d’un comportement routier efficace, même si son châssis, élaboré avec Ford, reste proche de celui de sa devancière S-Type.

En 2011, la XF se voit légèrement remaniée, puis en 2012, une version ultra acérée apparaît : la XFR-S, dotée d’un V8 poussé à 550 ch et d’un kit carrosserie étudié en soufflerie. Un break est révélé cette année-là, qui se déclinera en R : il sera l’un des plus rapides du monde. Malheureusement, cette génération de XF est remplacée en 2015 par la XF X260 qui ne se déclinera pas en R. A partir de 20 000 €.

Jaguar Mk 2 3.8 (1960), la fiche technique

  • Moteur : 6 cylindres en ligne, 3 781 cm3
  • Alimentation : 2 carburateurs SU
  • Suspension : doubles triangles, ressorts hélicoïdaux, amortisseurs, barre antiroulis (AV), essieu rigide, ressorts à lames, amortisseurs, barre Panhard (AR)
  • Transmission : boîte 4 manuelle (overdrive en option) ou 3 auto, propulsion
  • Puissance : 223 ch SAE à 5 500 tr/min
  • Couple : 324 Nm SAE à 3 000 tr/min
  • Poids : 1 525 kg
  • Vitesse maxi : 203 km/h (donnée constructeur)
  • 0 à 100 km/h : 8,6 s (donnée constructeur)

> Pour trouver des annonces de Jaguar Mk 2, rendez-vous sur le site de La Centrale.

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