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Tesla

Vents contraires pour Tesla, qui va anticiper le lancement de la Model 2

Le ralentissement de la croissance de Tesla concerne en réalité tout le marché de la voiture électrique. Trop onéreuse, celle-ci a encore besoin des aides publiques pour réussir sa mise sur orbite.

Tesla va baisser ses effectifs de 10% dans le monde. 400 emplois sont ainsi menacés dans l'usine européenne de la marque, en Allemagne.

Tesla va baisser ses effectifs de 10% dans le monde. 400 emplois sont ainsi menacés dans l’usine européenne de la marque, en Allemagne.

Après des années de croissance insolente, Tesla est rattrapé par la patrouille au premier trimestre avec un bénéfice net en chute de 55% (qui s’élève encore malgré tout à 1,3 milliard de dollars). A cela s’ajoute une capitalisation boursière en baisse de 40% depuis le début de l’année, des livraisons et des commandes inférieures aux attentes au premier trimestre, et l’annonce récente du licenciement de 10% des effectifs dans le monde (dont 400 emplois dans la seule usine européenne de la marque, en Allemagne).
Pour Elon Musk, dont on se demande parfois si la personnalité clivante ne représente pas aussi quelque désavantage pour Tesla, il n’y a pas d’autre solution que d’accélérer. A l’occasion d’une audioconférence avec des analystes financiers, celui-ci a annoncé une mise sur le marché anticipée pour celle que l’on surnomme la Model 2, cette Tesla qui serait vendue aux alentours de 25 000 $ : «nous avons actualisé notre programmation de véhicules pour accélérer le lancement de nouveaux modèles dont nous avions auparavant prévu le début de production au second semestre 2025. Nous pensons désormais que ce sera plutôt début 2025, si ce n’est dès la fin de cette année.» Le constructeur précise par ailleurs avoir investi 2,8 milliards de dollars au premier trimestre dans ses capacités de production, son réseau de Superchargers, ainsi que dans la recherche sur l’intelligence artificielle. Ces propos ont permis à l’action de s’apprécier de 11% après la clôture de la bourse de New York.

“Le marché n’est pas encore prêt à fonctionner sans subventions.”

Reste que le contexte est actuellement difficile pour le marché de la voiture électrique en général – et pour Tesla en particulier – avec des ventes globales moins dynamiques qu’espéré et, surtout, la concurrence de géants chinois tels que BYD, dont la croissance impressionne. «Tesla se trouve dans une période de correction et va devoir procéder avec prudence s’il veut éviter une baisse plus profonde de ses ventes», commente un analyste financier cité par l’AFP.Au-delà du cas de la marque américaine se pose le problème des tarifs pour tous les modèles électriques : sans aides publiques et autres bonus à l’achat, le marché va continuer de patiner. Les voitures sont encore trop onéreuses, et s’ajoutent la question du coût des réparations et primes d’assurance, souvent prohibitives. Dans le même temps, la guerre des prix – initiée par Tesla, dont les tarifs catalogue fluctuants ne contribuent pas à la sérénité des acheteurs – crée de l’incertitude et rend les clients plus attentistes. De plus, si le réseau public de recharge électrique croît de façon dynamique en France, il n’en va pas de même dans d’autres pays d’Europe, notamment au sud. Résultat, le marché des voitures « zéro émission » a plongé de 11% en Europe le mois dernier, et même de 30% environ en Allemagne, Suède ou Italie !
Dans le même temps, l’industrie ne peut revenir en arrière alors même qu’elle investit des milliards pour électrifier son offre et modifier toutes ses structures d’approvisionnement et de production. Il est donc crucial qu’apparaissent rapidement des modèles plus abordables, à l’image de la très attendue nouvelle Citroën ë-C3. « Alors que l’Europe fait face à une baisse des ventes de véhicules électriques, le marché n’est pas encore prêt à fonctionner sans subventions », commente Alexandre Marian, directeur associé chez AlixPartners. « Les changements fréquents de politique de subventions ralentissent la transition vers le véhicule électrique. En Europe, les clients et les constructeurs ont besoin de continuité sur la durée pour réussir cette transition. » Dont acte. Et si dans le même temps les constructeurs – qui dans l’ensemble se portent bien, merci pour eux – pouvaient commencer à baisser leurs tarifs et rogner (un peu) sur leurs confortables marges, cela stimulerait aussi beaucoup le marché.

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