Alfa Romeo Tonale
Alfa Romeo perdait beaucoup d’argent jusqu’en 2020. Mais, en 2022, la firme au blason des Visconti a “fortement contribué” aux résultats de Stellantis. Toutefois, les ventes restent très faibles, avec 52.530 unités à peine. Quand BMW a écoulé, en 2022, 2,1 millions de voitures, Audi 1,61 million et Volvo 615.000.
Mais “Alfa Romeo a fortement contribué aux résultats de Stellantis en 2022”, assure le communiqué de la marque du 24 février dernier, suite à la publication des résultats records du groupe. Un progrès significatif. Car “le résultat était très négatif jusqu’en 2020”, explique à Challenges Jean-Philippe Imparato, directeur de la firme. Evidemment, l’arrivée du SUV Tonale a quelque peu changé la donne. Un modèle concocté avant la fusion de Fiat Chrysler Automobiles (FCA) avec PSA (en janvier 2021), que l’on attendait depuis… 2002, date de la présentation au salon de Genève d’un premier concept baptisé Kamal ! Après vingt ans de tergiversations, de changements de stratégie à 180 degrés telles que les affectionnait l’ex-groupe FCA, Alfa Romeo compte enfin un SUV compact dans sa gamme.
12.600 Tonale l’an dernier
Censé incarner le renouveau de la firme née il y a plus de 110 ans, ce Tonale, lancé en juin dernier, était donc le bienvenu. C’est il est vrai le premier modèle nouveau de la marque depuis… 2017 ! Le Tonale (à partir de 36.400 euros) n’a toutefois contribué l’an dernier aux volumes qu’à hauteur de 12.600 unités. Un chiffre qui devrait croître fortement en 2022, année pleine de commercialisation, alors que la voiture “arrive actuellement aux Etats-Unis et au Japon”, affirme Jean-Philippe Imparato. Lancé en version à essence de 130 et 160 chevaux, ce Tonale bénéficie désormais d’une version hybride rechargeable et d’un diesel. “Nous visons une commercialisation dans 40 marchés”, indique le dirigeant, ancien patron de Peugeot arrivé il y a deux ans à la tête d’Alfa Romeo. Les capacités de production dans l’usine historique de Pomigliano d’Arco, près de Naples, sont de 75.000 unités. Hélas, le segment compte aujourd’hui une pléthore de modèles français, allemands, suédois, britanniques, japonais, coréens, chinois.
On a quinze fois moins de défauts
Par ailleurs, un important effort a été réalisé au niveau de la qualité. Pour réduire les fais de garantie. “On a quinze fois moins de défauts chez les clients dans les trois premiers mois de possession qu’il y a cinq ans”, ajoute celui dont le père a possédé les modèles parmi les plus emblématiques de la firme : Giulietta (1954-1964), Giulia (1962-1977), Alfetta (1972-1984), coupé GTV (1974-1987). La qualité a d’ailleurs toujours été le talon d’Achille des Alfa. “Du temps de mon père, il fallait deux Alfa”, c’est-à-dire une qui roule pendant que l’autre était au garage, reconnaît avec humour ce natif de Sète aux racines… transalpines. Son arrière grand-père était un marin italien, qui avait pris le bateau dans le port de Gaète (entre Rome et Naples) pour débarquer à… Sète en 1904. Pour le Tonale, le groupe a notamment consenti un investissement important – non chiffré – dans l’usine, pour améliorer la qualité et rendre les installations plus compétitives. Synonyme d’absentéisme, de productivité désastreuse et de qualité déplorable dans les années 70, 80 et 90, “Pomigliano arrive aujourd’hui très largement au niveau d’une usine comme Mulhouse”, souligne à présent un connaisseur des deux sites chez Stellantis.
Jean-Philippe Imparato a aussi dépêché une directrice qualité provenant de l’usine Stellantis de Rennes et également implanté un système de remontées rapides des défauts en clientèle à partir des concessionnaires italiens, notamment ceux de la région de Naples. Et, pour surveiller la production, “je vais tous les mois à Pomigliano et Cassino (production des Giulia et Stelvio).” En juin 2024, la gamme va enfin s’élargir vers le bas, avec un petit modèle sur la plate-forme CMP de l’actuelle Peugeot 208. Ce véhicule, disponible en version à essence et hybridation légère mais aussi en électrique, doit, selon la marque, regagner les clients perdus de la citadine Mito (2008-2018) et de la berline compacte Giulietta (2010-2020). Elle sera fabriquée à Tychy en Pologne aux côtés du nouveau Jeep Avenger et d’une future Fiat. Jean-Philippe Imparato vise un retour pour la marque aux 200.000 ventes annuelles, mais il se garde soigneusement de donner une échéance.