Sur RMC, ce lundi, le délégué général de Mobilians Xavier Horent, qui représente la filière automobile française, alerte sur les difficultés du secteur alors que le gouvernement va durcir et élargir le malus.
Ventes au ralenti, malus en hausse et élargi, bonus revu à la baisse, forte concurrence internationale, réglementation européenne plus dure… Les motifs d’inquiétude ne manquent pas pour la filière automobile française, à l’approche de l’année 2025. Il ne restera ensuite plus que dix ans avant que les moteurs thermiques soient interdits à la vente pour les véhicules neufs, en Europe. “La filière automobile, en France et en Europe, est à l’heure de vérité dans le contexte d’une compétition mondiale qui est devenue aujourd’hui extrêmement oppressante”, résume Xavier Horent, délégué général de Mobilians, sur RMC.
Usine Stellantis à Sochaux, le 3 octobre 2024
Alors qu’Emmanuel Macron va inaugurer ce lundi sur le Mondial de l’auto, les acteurs du secteur l’ont déjà prévenu ce dimanche soir de leur grande inquiétude, notamment après l’annonce du gouvernement sur le durcissement du malus dans son projet de budget. “C’est un sabordage, le terme n’est pas trop fort, assure Xavier Horent. Mobilians représente tout cet écosystème de 180 entreprises. La totalité de la filière, sans parler de nos clients, va être frappée par cette trajectoire du malus. On va passer de 40% des voitures à environ 80% des immatriculations qui seront concernées d’ici 2027.”
“Ce qui est en jeu, c’est la liberté de mouvement et la capacité à aller travailler”
Et un secteur industriel capital. “C’est un sujet d’intérêt national. La filière automobile rassemble plus de 2,5 millions d’emplois en France et plus de 15 millions en Europe, rappelle le représentant de la filière automobile. C’est une poutre, un vecteur de stabilité économique et sociale dans l’ensemble de nos territoires. Et sur le plan de la valeur ajoutée, sans compter les investissements en R&D, c’est un actif stratégique absolument majeur.”
Outre le malus, les constructeurs s’inquiètent aussi des sanctions prévues par l’UE en 2025. “Dès l’année prochaine, au 1er janvier, une réglementation européenne fixe des objectifs de baisse d’émissions de CO2 pour les constructeurs qui est extrêmement élevée, explique Xavier Horent. C’est une marche qui est très haute. Si nous ne sommes pas au point de rendez-vous, l’ensemble de la filière automobile est exposée à des amendes de 15 milliards d’euros ou à renoncer à la production de plus de 2,5 millions de voitures. C’est absolument massif, avec une déflagration sur l’emploi, sur la valeur économique, immense en France et en Europe.”
“Pour l’instant, on n’est pas encore sur le dialogue”
“Pour l’instant, on n’est pas encore sur le dialogue puisque les évaluations se sont faites sans concertation avec la filière, regrette Xavier Horent. C’est déjà un point délicat. L’autre point, en France et en Europe, c’est qu’on a une très mauvaise habitude de prévoir d’abord de taxer et ensuite de faire les études d’impact. Je pense que ce n’est pas la bonne formule pour accompagner une filière qui est en pleine transformation.”
Une transformation à grande vitesse. “Depuis 2019, la production européenne a baissé de 20%. Simultanément, la production américaine a augmenté de 10% et celle de la Chine a augmenté de 20%, souligne le représentant de la filière automobile. On est face à une transformation globale qui tranche par trois caractéristiques singulières: la vitesse, l’amplitude et l’intensité des transformations qu’il faut réussir dans un agenda extrêmement contraint puisque 2035, c’est dans dix ans.”