Grand écran et automobile ont toujours fait bon ménage, et cet ouvrage en apporte une excellente illustration.
Dans Boulevard de la mort (Quentin Tarantino, 2007), toutes les cascades sont “bio”, c’est-à-dire réalisées sans trucage numérique. Le réalisateur voulait ainsi rendre hommage au travail des cascadeurs, qu’il admire.
Très bonne surprise que ces « 50 voitures de cinéma », livre signé du journaliste Jean-François Rivière, qui nous emmène dans les coulisses de tournage de grands films populaires à travers le prisme de nos chères autos.
L’ouvrage, préfacé par le grand cascadeur Jean-Claude Lagniez (l’homme qui conduisait la Renault 11 bleue de Dangereusement vôtre), fourmille d’anecdotes et de témoignages sur des longs métrages souvent “mis en boîte” dans des conditions épiques.
Robert de Niro et Jean Reno dans Ronin, film qui imposera de nouveaux standards en matière de qualité de cascades.
Parmi les dizaines d’exemples contenus dans le livre, citons la célèbre course-poursuite parisienne de Ronin où le réalisateur John Frankenheimer, pour rasséréner un Robert de Niro inquiet à l’idée de rouler à 120 km/h dans Paris à bord d’une voiture que pilote Lagniez grâce à un volant déporté, fera d’abord monter sa femme avec le cascadeur: « si ma femme le fait, Bob, tu peux le faire ! »
Autre moment de bravoure, le tournage de Taxi, où, engagé par Michel Julienne aux côtés de nombreux pilotes de renom, Jean-Louis Schlesser se souvient que « contrairement aux films où les pilotes roulent assez lentement – on accélère ensuite au montage – nous, nous avons roulé très vite pendant le tournage. » Le résultat, souvent somptueux en termes de niveau de cascades, attirera plus de 6,5 millions de spectateurs dans les salles.
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Dans Demain ne meurt jamais, BMW refusera que les méchants parviennent à casser le pare-brise la Série 7 E38 (une 750iL dont le V12 est remplacé par un V8, plus léger) avec de simples maillets: ceux-ci devront avoir recours à un lance-roquette pour que le constructeur soit satisfait.
Deux exemples parmi d’autres : le Chevrolet Nova du méchant Stuntman Mike porte ainsi la même immatriculation (JJZ 109) que la Ford Mustang de Steve McQueen dans Bullitt, tandis que la Dodge Challenger blanche de l’une des trois cascadeuses fait référence à celle de Kowalski dans Point Limite Zéro (Vanishing point), film injustement méconnu auquel est bien sûr consacré l’un de 50 chapitre du livre.
On y apprend notamment que les dirigeants de Chrysler, furieux de voir un modèle de leur groupe associée à un film mettant en avant la contre-culture 70’s et ce qui va avec, à commencer par la drogue, ont préféré détruire les 5 voitures utilisées pour le tournage !
Les informations pullulent dans cet ouvrage agréable à lire et bien documenté, auquel on reprochera simplement une mise en page manquant de variété. Mais pas de quoi bouder son plaisir, il y a ici matière à ravir tout cinéphile un tant soit peu amateur d’automobile.
50 voitures de cinéma, par Jean-François Rivière, Sophia éditions, 208 pages, 45 €