Entretien avec Jean-Philippe Imparato, le patron de Alfa Romeo. Deux ans après son arrivée chez le constructeur italien, l’ancien boss de Peugeot fait un premier bilan et évoque le futur électrique et connecté de la marque.
- « La voiture de 2024 répondra aux attentes des clients de Mito et Giulietta »
- « C'est une Alfa qui fera le lien entre le passé et le futur de la marque »
- « Aujourd'hui, Alfa Romeo gagne de l'argent »
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Nous avons rencontré le patron de Alfa Romeo à l’occasion du Salon Rétromobile 2023.
Julien Sarboraria
Après près de quatre ans passés aux commandes de Peugeot, Jean-Philippe Imparato a rejoint Alfa Romeo en janvier 2021. Pour L’argus, il donne sa feuille de route pour faire passer la marque italienne à l’ère du zéro émission.
L’argus : L’électrification est enfin en marche chez Alfa Romeo ?
Jean-Philippe Imparato : Le Tonale que l’on lance cette année est la première voiture électrifiée de l’histoire de la marque. On va passer de zéro voiture électrifiée en 2022 à une gamme zéro émission en 2027. La transition est rapide mais elle était indispensable pour la survie de la marque. Après, je ne veux pas que l’électrique nuise à l’agilité des voitures. Ça c’est un gros défi. Il va falloir optimiser au maximum tous les éléments qui sont autour de la batterie pour que le comportement routier soit celui d’une Alfa Romeo. C’est le travail de l’équipe de metteurs au point de Balocco. Ils travaillent en ce moment le châssis des autos qui sortiront d’ici 2025. Le vrai arbitrage qu’il nous reste à faire, c’est le bruit. On ne veut pas faire un truc qui ne sert à rien, ça doit être fonctionnel. Mais c’est un vrai sujet avec lequel je m’attends à essuyer un paquet de critiques. Nous prendrons une décision en juin 2023. On pourrait faire appel à la communauté de la marque.
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Le Tonale est la nouveauté 2023 chez Alfa Romeo. C'est le premier modèle électrifié de la marque.
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« La voiture de 2024 répondra aux attentes des clients de Mito et Giulietta »
Nous allons lancer une voiture par an jusqu’en 2030. Cette année, il y a donc le Tonale. En 2024, nous aurons un lancement qui va venir compléter l’offre du Tonale et qui répondra aux attentes des gens qui ont une Mito ou une Giulietta. Nous aurons une offre à la fois sur du MHEV (hybridation légère, ndlr) et de l’électrique. Ce sera d’ailleurs le premier modèle électrique d’Alfa Romeo.
Ce modèle sera-t-il un SUV ?
Je pense que vous ne le verrez pas comme un SUV mais on aura l’occasion d’en reparler à la fin de l’année. Le nom sera annoncé en septembre.
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Quels sont les projets après 2024 ?
Nous lancerons notre premier modèle 100% électrique en 2025 (elle succédera à la Giulia, ndlr). Un modèle à hautes performances qui fera entre 350 et 800 ch, qui offrira 700 km d’autonomie et qui se rechargera en 15 minutes. On veut faire une voiture électrique de substitution, pas de transition. Puis, un autre lancement en septembre 2026 et un modèle encore plus haut dans la gamme pour 2027. Chaque modèle aura sa version Quadrifoglio.
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La future Giulia sera un modèle 100% électrique à hautes performances. Elle reposera sur la nouvelle plateforme STLA du groupe Stellantis.
Alfa Romeo
Je tiens à conserver les racines et l’ancrage milanais et italien de la marque. Toute la difficulté aujourd’hui c’est de faire le lien entre notre ADN et le futur qui est celui d’un monde décarboné et connecté. Les clients doivent reconnaître le dessin d’Alfa Romeo mais on ne peut pas faire du vintage, ça n’a pas d’intérêt. Donc oui le design évoluera progressivement. On conservera les lignes de style, la position de conduite centrée sur le conducteur et le Scudetto (la fameuse calandre en V, ndlr) mais peut-être qu’il sera progressivement ajouré. L’évolution viendra aussi de l’intérieur puisque l’électrique va offrir des opportunités en matière d’aménagement de l’espace grâce au plancher plat. Vous aurez l’occasion probablement cette année d’avoir une illustration concrète de ce passage entre notre ADN et le futur.
« C'est une Alfa qui fera le lien entre le passé et le futur de la marque »
Pouvez-vous nous en dire plus au sujet de cette « surprise » que vous annoncez depuis quelque temps ?
Pas encore mais on bosse sur le sujet. On décidera de l’avenir du projet début avril. Ce que je peux vous dire c’est que c’est un objet qui, si on le fait, fera clairement le lien entre le passé et le futur. Ce ne sera pas une voiture de série, mais une édition extrêmement limitée. D’ailleurs, elles seront déjà toutes vendues avant même que je ne l’annonce !
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Le trèfle de Quadrifoglio survivra à l'ère de l'électrique.
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Comment Alfa Romeo va utiliser les technologies développées dans le groupe Stellantis ?
Nous allons utiliser tout ce que nous offre le groupe Stellantis pour nourrir l’ADN de la marque. Un Alfiste se moque de connaître la météo. Par contre, il pourrait être intéressé par une intelligence artificielle qui lui permet d’accroître son efficacité au volant. Une sorte de voiture fantôme visible sur l’affichage tête haute pour s’améliorer sur circuit avec une Giulia de 1 000 ch, c’est tentant, non ? On bosse là-dessus. D’ailleurs, cette architecture électronique, le modèle de 2025 sera le premier des marques premium du groupe à l’embarquer. En cinq ans, Alfa Romeo va passer de zéro à une marque de premier plan dans ce domaine. Et la sélection des données permettra de faire plein d’autres trucs, comme améliorer l’efficience.
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Il faut se donner la possibilité de bénéficier des dernières avancées technologiques en matière de voiture autonome. Elle sera d’ailleurs imposée dans certains pays dans le futur. Au final, c’est le conducteur qui doit conserver la liberté de choix, c’est ça l’important. Je conduis ou je ne conduis pas, si j’ai envie. Et il y a des situations de conduite dans lesquelles nous n’avons pas envie de prendre le volant, dans le trafic par exemple.
« Aujourd'hui, Alfa Romeo gagne de l'argent »
Quel bilan tirez-vous de ces deux premières années chez la marque ?
Alfa Romeo gagne de l’argent et contribue très positivement à l’aventure Stellantis. Nous avons un plan produit jusqu’en 2030 et nous avons mis en marche le virage du zéro émission et celui de la connectivité. Il y a deux ans, nous n’aurions jamais pu imaginer cela.
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Le plaisir de conduite restera un argument fort des futures Alfa Romeo à motorisation électrique.
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Ce n’est pas la première fois que Alfa Romeo présente un plan ambitieux qui ne se concrétise pas. Qu’est-ce qui est différent cette fois ?
Ce qui a changé c’est le soutien de Carlos Tavares (le patron de Stellantis, ndlr). Il nous a permis d’avoir un plan stratégique avec une vision à 10 ans et le développement d’un plan produit. Avec deux conditions à respecter : que la qualité soit au top et que la marque gagne des sous. Maintenant, c’est à nous de vous montrer que ce que je raconte, ce n’est pas du cinéma.
Alfa Romeo a annoncé la fin de son partenariat avec Sauber en Formule 1. Resterez-vous présent en sport automobile malgré tout ?
On décidera fin juin de l’avenir de la marque en sport automobile. On n’exclut rien. Ce qui est sûr c’est que nous avons l’intention de rester en sport automobile, en Formule 1 ou en sport prototype. Surtout que nous fêtons les 100 ans de Quadrifoglio cette année.
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