Route de nuit

On en dispose et on ne s’en sert pas assez : le clignotant

Elément fondamental de sécurité, le feu indicateur de direction est obligatoire depuis près de 70 ans. Mais d’où vient cet intermittent du spectacle routier, perfectionné par une star de cinéma ?

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En 1955, la Citroën DS surprenait avec ses clignotants arrière, une rareté à l’époque. Ils n’étaient en effet pas obligatoires !

Quand on pense que parfois, il suffit d’appuyer sur un petit levier pour rester en vie. Je n’ai toujours pas compris pourquoi ce geste anodin n’est pas un acte automatique tant il ne coûte rien, ne demande aucun effort et ne soumet à aucun risque.

Cela fait d’ailleurs plus d’un siècle qu’on a réfléchi à la création d’un système permettant de communiquer aux autres usagers de la route son désir de changer de direction autrement qu’en tendant le bras. Mais, dès 1907 (ou 1909 selon les sources), un Anglais, Percy Douglas-Hamilton, pense à disposer des mains sur les flancs des autos, qu’on éclaire pour annoncer son intention de tourner. Sans succès.

En 1908, un Italien, Alfredo Barrachini, met au point un bras lumineux que l’on déploie à l’aide d’une commande à câble. Sans grand succès non, mais l’idée des flèches de direction est là, et celles-ci vont se perfectionner, grâce à deux Français, Gustave Deneef et Maurice Boisson, qui, en 1923, leur ajoutent un solénoïde. En clair, elles se dotent d’un mouvement oscillant. Puis, en 1927, grâce aux Allemands Max Ruhl and Ernst Neuman, elles deviennent de surcroît intégralement lumineuses.

En 1915, Florence Lawrence, considérée comme la 1ere star de cinéma, invente l'un des premiers systèmes d'indication de direction, en plus du feu stop. Fondamental ! Sa mère, elle, avait inventé l'essuie-glace électrique.

En 1915, Florence Lawrence, considérée comme la 1ere star de cinéma, invente l’un des premiers systèmes d’indication de direction, en plus du feu stop. Fondamental ! Sa mère, elle, avait inventé l’essuie-glace électrique.

Avant eux, dès 1914, c’est à une femme que l’on doit une avancée intéressante dans ces dispositifs. Une star du cinéma muet en réalité : la canadienne Florence Lawrence. Elle met au point un bras lumineux qu’on installe sur les ailes avant d’une voiture. Cela rappelle la trouvaille de Barrachini, mais Lawrence n’en avait apparemment pas connaissance.

Surtout, son dispositif à elle s’active de façon électrique, par des boutons au tableau de bord. Ingénieux. Elle a même développé une lampe qui s’éclaire quand on appuie sur la pédale de frein, le premier feu stop ! Malheureusement, elle ne dépose aucun brevet pour ces inventions pourtant fondamentales.

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Dans les années 20, les flèches lumineuses, montées en accessoire, servaient d’indicateurs de direction mais n’étaient pas obligatoires. Ici, des éléments Bosch.

En 1932,  Talbot UK équipe sa 105 de petites flèches lumineuses installées au-dessus de la plaque d’immatriculation arrière, située à droite de la voiture, mais aussi à l’avant, à la base de la grille de radiateur. Et elles sont de couleur orange. On y est presque !

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Regardez bien la base de la calandre de cette Talbot 105 de 1935 : on y aperçoit des flèches de direction, montées en usine, certainement une première quand ce modèle est apparu 1932. Photo : Bonhams.

Il faut attendre la fin des années 30 pour qu’on ait l’idée d’une lumière clignotante, et elle est due à Joseph Bell. Cette fois, le dispositif est installé par un constructeur sur une auto de grande série : Buick, dès 1939. Dénommé Flash-way, ces clignotants s’installent au-dessus de la plaque minéralogique arrière, puis trouvent leur place également sur les ailes avant de la voiture en 1940.

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En 1939, Buick commercialise son Eight avec le système Flash-way, de véritables clignotants situés au-dessus de la plaque arrière.

En France, ces clignotants arrivent en après-guerre, notamment sur la  Simca Aronde de 1951, qui se passe de flèches, au contraire de la Peugeot 203. En 1955, la Citroën DS se dote à son tour de quatre clignotants. On progresse, on progresse ! Le 19 juillet 1954, chez nous, une loi est passée. Les flèches (oranges, lumineuses et visibles autant de l’avant que de l’arrière), et/ou les feux clignotants (blancs ou oranges à l’avant, rouges ou oranges à l’arrière) sont obligatoires. Autre possibilité, un feu latéral et unique, éclairant en blanc vers l’avant et rouge vers l’arrière, comme celui que l’on trouve sur les 2CV par exemple. Pas très efficace…

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En 1951, la Simca Aronde fut l’une des toutes premières voitures françaises dotées de quatre feux clignotants.

Le 29 mars 1968, on décide d’interdire les flèches puisque les feux de direction doivent désormais être fixes (effet au 1er janvier 1969 pour les véhicules fraîchement réceptionnés), puis, en 1979, il est ordonné que les ces feux clignotants  seront oranges, tant à l’avant qu’à l’arrière. De fait, les constructeurs ont abandonné les flèches bien avant car elles posaient des problèmes, refusant parfois de rentrer à partir d’une certaine vitesse, sans compter l’inconvénient aérodynamique qu’elles représentaient.

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Observez bien cette Renault 4 fourgonnette de 1979 : elle vient de recevoir des clignotants avant oranges, couleur devenue obligatoire.

On peut suivre les évolutions des clignos sur les mises à jour des voitures, certains constructeurs ayant parfois devancés les obligations légales françaises, parfois en retard sur celles d’autres pays, afin d’harmoniser leur production.

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En 1998, la Mercedes Classe S W220 s’équipe déjà de répétiteurs de clignotants sur les rétroviseurs.

On a vu dans les années 90 apparaître les commandes à impulsion pour les clignotants, ainsi que des rappels installés sur les rétroviseurs, bref cet équipement est devenu de plus en plus technologique et facile à l’usage. Donc, ne vous privez surtout pas de vous en servir !

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