- Électrique mais aussi thermique
- “Une approche qui ne mise que sur une seule solution va affaiblir l’industrie”
Pour le numéro 2 de BMW Nicolas Peter, décarboner l’industrie auto en Europe ne peut passer par une seule solution technologique, comme le prévoit le virage 100% électrique, au risque d’affaiblir l’industrie.
L’électrique, oui, mais pas uniquement. À l’instar de Porsche ou Volkswagen, le constructeur bavarois BMW soutient la transition vers l’électrique, décidée notamment en Europe, mais aussi la poursuite de l’utilisation des moteurs thermiques dans certaines circonstances.
“Notre position est très claire: c’est la décarbonation de l’industrie automobile. Mais la décarbonation ne veut pas dire qu’il y a une seule solution pour atteindre cet objectif”, a résumé sur BFM Business ce vendredi Nicolas Peter, membre du conseil d’administration du Groupe BMW en charge des finances.
Nicolas Peter, membre du conseil d’administration du Groupe BMW en charge des finances © BFM Business
Électrique mais aussi thermique
“Les marchés mondiaux se développent avec une vitesse très différente dans les différents systèmes de motorisation, poursuit Nicolas Peter. Dans le monde, des marchés sont demandeurs de moteurs thermiques et le groupe BMW sera prêt à [y] livrer des voitures”.
“Des moteurs thermiques dans lesquels nous allons encore investir pour réduire leurs émissions”, précise le numéro 2 du groupe. Ce mercredi lors de la conférence portant sur les résultats annuels (voir encadré ci-dessous), Oliver Zipse le président du directoire avait défendu les carburants synthétiques, comme son collègue de Volkswagen quelques jours plus tôt.
Une conséquence de l’IRA américain? “Au même moment, nous investissons en Hongrie, dans l’est du pays, où on va produire à partir de 2025 une nouvelle génération de voiture électrique baptisée ‘Neue Klasse’, répond Nicolas Peter. Nous venons d’annoncer qu’au milieu de nos trois usines en Bavière, nous allons investir dans une usine de production de modules de batterie. Nous faisons les deux: nous investissons en Europe, mais aussi aux Etats-Unis”.
“Une approche qui ne mise que sur une seule solution va affaiblir l’industrie”
Ne miser que sur la voiture électrique présente plusieurs risques pour Nicolas Peter. “Il nous faut une approche pour l’Europe qui est raisonnable, ce qui veut dire en acceptant l’objectif de décarboner l’industrie. Il faut être assez clair: une approche qui ne mise que sur une seule solution ne nous aidera pas à atteindre l’objectif mais va affaiblir l’industrie-clé de l’Europe”, prévient le numéro 2 de BMW.
À l’image de Carlos Tavares qui dénonçait en octobre sur BFM Business le tapis rouge déroulé aux marques chinoises par l’Europe, certains constructeurs automobiles alertent depuis plusieurs mois les instances européennes sur une transition peut-être trop massive, peut-être trop rapide. Notamment dans un contexte où les Etats-Unis veulent aussi sanctuariser leur industrie avec l’IRA.
Une prise de conscience que les instances européennes n’ont pas encore eue selon Nicolas Peter: “elle pourrait être définitivement meilleure”.
Le numéro 2 de BMW pointe une autre inquiétude concernant la date de 2035 pour l’interdiction de la vente des véhicules à moteur thermique. “Nous sommes prêts pour 2035, réaffirme le numéro 2 de BMW. Est-ce que 2035 a de notre point de vue beaucoup de sens ? Non, car quand on regarde l’infrastructure, dans quelques pays, cela se passe à peu près correctement. Mais dans les grands pays on est loin d’une couverture qui est en train de se développer pour fournir le réseau de recharge dont nos clients ont besoin pour utiliser des véhicules 100% électriques”.
Aucune date n’a pour le moment été dévoilée par l’Europe pour remettre au vote le projet 2035.
Un objectif de 8 à 10% de marge opérationnelle en 2023
BMW a dévoilé cette semaine de très bons résultats annuels: 142,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires (+28% sur un an) et un bénéfice net record de 18,6 milliards d’euros, en forte hausse de 49% sur un an. BMW vise une marge opérationnelle entre 8 et 10% cette année. Ces prévisions de ventes de voitures électriques –une sur trois en 2026- ont été bien accueillies par les investisseurs.