Avec la SU7, Xiaomi passe du smartphone à l’automobile
Mais à quoi marchent les Chinois ? Les biens de consommation sont leur pré carré avec un marché intérieur gigantesque tout acquis, mais y ajouter des technologies toujours plus sophistiquées leur réussit de mieux en mieux. Plus rien ne semble impossible désormais et les transferts de savoir-faire occidental ont donné du corps aux ambitions les plus folles.
M. Lei Jun peut toujours l’espérer, faire des déclarations tonitruantes et tirer des plans sur la comète, devant une salle comble, remplie de geeks. Mais franchement, effacer en une décennie l’expérience accumulée en un siècle par les ténors de la catégorie qui se nomment Toyota, Volkswagen ou Stellantis relève du pari. Qui misera sur un nouveau venu, sans doute excellent dans son domaine des technologies embarquées et de l’électronique, mais totalement débutant dans l’industrie automobile ?
Partie d’une page blanche
Le fait est que produire en Chine des tablettes, smartphones ou montres connectées ouvre des horizons. Après avoir balbutié dans la mobilité avec des trottinettes et des scooters, il a annoncé dès 2021 son intention de rejoindre, voire dépasser Tesla. Deux ans plus tard, la voiture partie d’une page blanche existe et elle sera commercialisée en 2025? en Chine. Pas en France à ce stade, car il n’y a pas de réseau et le cadre réglementaire ne se montre pas des plus accueillants pour le « made in China ».
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Une difficulté majeure émerge tout de même pour ces dizaines d’acteurs nouveaux venus à l’automobile : comment se différencier des autres lorsque les mêmes composants sont disponibles sur les étagères des équipementiers ? Excepté le design, on ne voit pas très bien en quoi, sauf avec l’application dernier cri révélée dans une Keynote à la façon d’Apple? le modèle à imiter absolument par Xiaomi. Déjà, il a basé son succès dans le smartphone avec un décalque soigné de l’iPhone.
Assembleur plutôt que constructeur
Pour brûler les étapes, Xiaomi a témoigné d’un grand sens pratique en faisant appel à un constructeur plus établi, BAIC, chargé « de la tôle et du verre », en d’autres termes de l’industrialisation. Pour les batteries de la SU7, il s’est tourné vers le spécialiste chinois CATL qui fournit un pack de 101 kWh capable, selon lui, de fournir 800 km d’autonomie. Assez optimiste selon notre expérience et qu’il faudra plutôt situer autour de 600 km. Mais avec un réseau 800 V, elle pourra se recharger en un temps record. Le rival BYD est aussi un partenaire car il fournira des batteries plus simples pour les versions 400 V d’entrée de gamme.
BYD Seal, la crédibilité vient en roulant
BYD a deux trains d’avance en intégrant tous les métiers de l’automobile là où Xiaomi n’est encore qu’un assembleur. Et son déploiement en Europe avec un réseau constitué contraste avec la stratégie de Tesla qui a décidé de s’en passer, non sans rencontrer quelques gros problèmes d’après-vente. En novembre, BYD était le champion incontesté de l’électrique dans son pays (plus de 300 000 voitures vendues), loin devant l’américain Tesla (plus de 80 000), d’après la Fédération chinoise des constructeurs de voitures individuelles (CPCA). BYD se prépare à implanter une usine en Hongrie pour se plier aux règles de la fabrication européenne, Xiaomi pourra peut-être en profiter et s’en servir un jour de tête de pont.
Le prix sera le nerf d’une guerre que se livreront d’abord les Chinois entre eux. © Xiaomi
Le prix sera le nerf d’une guerre que se livreront d’abord les Chinois entre eux. © Xiaomi