Qu’un fabricant de smartphones, et d’autres petits appareils électroniques, puisse évoluer pour devenir constructeur automobile, franchement, c’était difficile à croire. Il suffisait de voir les hésitations d’Apple, qui l’aura envisagé pendant une dizaine d’années avant de finalement abandonner. Une voiture est tout simplement un produit trop différent d’un téléphone. Mais pourtant, le chinois Xiaomi vient de réussir ce challenge. Après l’avoir dévoilée dans ses grandes lignes l’année dernière, la Xiaomi SU7 a eu sa présentation officielle hier en Chine, elle était intégralement retransmise sur Youtube. Cela a duré 3 heures, c’est long, mais si vous travaillez pour un constructeur européen, il vous faut regarder. Cela ne commence vraiment qu’après 29 minutes, avec la mise en garde ci-dessous. Venant d’une société qui vend des smartphones avec un paquet d’applications inutiles et qu’on ne peut désinstaller, et de celles dont on se sert, qui se connectent pour afficher des publicités même avec un parefeu réglé pour empêcher qu’elles se connectent, c’est choquant…
C’est la première voiture de Xiaomi, mais cela n’a pas été un développement au rabais, puisque plus de 500 prototypes ont été construits, et qu’ils ont parcouru plus de 5 millions de km. Et 40 sont passé au crash-test. Il y a 3 versions. La version de base utilise une architecture électrique en 400 volts (jusqu’à 486 volts pour être précis), c’est une propulsion avec un moteur de 200 kW. Elle accélère de 0 à 100 km/h en 5,28 secondes, et atteint les 210 km/h en pointe. Avec une batterie Blade fournie par BYD, d’une capacité de 73,6 kWh, son autonomie selon les très optimistes normes chinoises est de 700 km.
Vient ensuite la version Pro, puissance moteur accrue à 220 kW, et batterie CATL d’une capacité de 94,3 kWh. Son autonomie est annoncée à 830 km.
Le plus impressionnant, ou peut-être le plus effrayant, sont assurément les tarifs qui se montent à 215 900 yuans pour la version de base, 245 900 yuans pour la version SU7 Pro et 299 900 yuans pour la SU7 Max. Les prix en Chine étant très différents des tarifs européens, on donnera plutôt le prix d’une Tesla Model 3 de base, qui est de 245 900 yuans. C’est ce qu’on retiendra. A caractéristiques comparables, la Xiaomi est moins chère que la Tesla, alors qu’elle est plus grande, et mieux équipée.
Honnête, le constructeur a expliqué qu’il vendait la version de base à perte. Mais il n’aura dit que la moitié de la vérité, et on peut parier que toutes les Xiaomi SU7 seront vendues à perte. On ne parlera pas pour autant de subvention de l’état chinois. En vendant des dizaines de millions de smartphones par an, Xiaomi a déjà un business très solide sur lequel s’appuyer. Les chinois ne s’y sont pas trompés. Seulement 27 minutes après l’ouverture officielle des commandes, 50 000 avaient été enregistrées. Rien n’a été dit sur l’exportation, mais avec une telle demande locale, Xiaomi n’a pas besoin de cela pour le court terme. Surtout qu’il faut que la production monte en cadence, mais on peut déjà voir que lorsque la Xiaomi SU7 arrivera en Europe… Elle va faire mal.