Le patron de Lamborghini est un peu dans l’expectative : la marque doit-elle se livrer corps et âme vers l’électrique ou attendre une éventuelle autorisation des carburants de synthèse ? Le taureau de Sant’Agata ne peut pas se permettre de jouer sur les deux tableaux à horizons lointains.
S’ils sont autorisés… et viables
Cet étonnant coupé électrique coiffera la gamme Lamborghini à l’horizon 2028.© DR
Stephan Winkelmann toutefois douter de la capacité des carburants de synthèse à s’imposer dans le transport routier après 2035, faute de viabilité sur le plan économique. Certes, le géant pétrolier saoudien Aramco, qui est en tête de pont sur le développement de ces nouveaux carburants, nous avait confirmé viser un litre à un dollar hors taxes d’ici 2030, mais dans quelles quantités ? Surtout, les carburants de synthèse pourraient être réservés en priorité à des secteurs qui ne peuvent pas s’électrifier facilement : navires commerciaux, aviation. L’automobile n’est peut-être pas la priorité, sauf si, encore une fois, les volumes de production venaient à être tels qu’ils pourraient satisfaire la demande de tous les secteurs. Mais il faudrait alors une énergie électrique colossale… nous avions posé la question à Aramco sur la puissance électrique nécessaire pour réellement répondre aux besoins massifs du transport, mais nous n’avions pas eu de réponse chiffrée. Les déserts ensoleillés ne manquent pas dans le monde pour produire de l’électricité verte, mais encore faudra-t-il pouvoir produire assez de panneaux solaires, de centrales et surtout construire tout un réseau électrique qui n’existe pas.
En tout cas, Lamborghini n’a pas encore pris de décision sur le tout électrique. Stephan Winkelmann attend simplement des batteries à la densité énergétique suffisante pour proposer des véhicules d’exception à ses clients sans compromis. Surtout, le constructeur avoue ne pas encore avoir réellement sondé sa base clientèle sur l’électrique : les propriétaires sont-ils forcément tous réticents à une Lamborghini plus ou moins silencieuse ? Le boss n’en est pas convaincu. Il rappelle également que la décision de passer à l’hybride il y a quatre ans au début du développement avait été difficile à prendre. Mais aujourd’hui, les temps ont changé et selon Winkelmann, il faut “considérer l’opinion publique comme un film et non comme une image”. Patience, donc.