En 2021, les profits des sociétés privées exploitant les autoroutes ont augmenté de 47% en moyenne. Et elles ont reversé bien plus de dividendes qu’elles n’ont réinvesti dans leurs réseaux.
Il y a quelques jours, les journalistes du Canard Enchaîné ont ressorti un rapport intéressant de l’Inspection générale des finances datant de 2021. Ce rapport, ignoré par le ministère de l’économie et des finances qui l’avait pourtant commandé, explique que la rentabilité des principales sociétés autoroutières privées est très supérieure aux objectifs fixés en 2006 par le gouvernement français. Ce rapport sulfureux affirmait même qu’il serait possible de réduire de moitié le prix des péages sans mettre dans le rouge les sociétés d’exploitation privées du réseau autoroutier français. En pleine période d’augmentation du prix des péages (+4,75% au 1er février), le ministre des transports Clément Beaune assurait récemment que ces profits étaient nécessaires pour permettre aux sociétés de réinvestir dans le développement des réseaux.
La répartition du chiffre d’affaire total par les sociétés privées exploitant les autoroutes. Le groupe Vinci est largement en tête.
Les sociétés privées ont fait 3,9 milliards de profits en 2021.
Record de dividendes
L’exemple d’ASF, la plus grosse société privée
Voici tous les résultats d’ASF en 2021, la plus grosse société privée autoroutière française.
Ci-dessus, voici le détail des finances d’ASF, la plus grosse de ces sociétés privées (Autoroutes du Sud de la France), une filiale de Vinci qui couvre plus de 2 700 kilomètres du réseau autoroutier français. Notez que les dividendes versés à ses actionnaires sont supérieurs au résultat net de la société, que les investissements ne concernent qu’une part réduire de ce résultat net et que la part réservée à la réduction de sa dette est très faible. D’après le rapport de l’autorité de régulation des transports, il y a tout de même deux sociétés autoroutières privées dans le rouge en 2021 : Albéa et Aliaé, deux petites structures qui ont respectivement perdu 8,7 et 9,9 millions d’euros en résultat net sur l’année 2021. Et comme le rappelle le rapport, les contrats liant toutes ces sociétés privées à l’état sont valables jusqu’au début de la prochaine décennie au minimum.