Vous rêviez d'une supercar des années 80 ? Désormais, leurs performances sont accessibles au sein d'un break compact et sportif.
- La sportive polyvalente moderne par excellence ?
- Focus sur cet étonnant quatre cylindres
- L’électronique au profit des sensations ?
- Simple comme bonjour
- La bonne affaire ?
- Quel bilan en tirer ?
Dans les années 80, les meilleures sportives, pour ne pas dire les meilleures supercars, flirtaient avec les 400 chevaux. Prenons l’exemple de la Ferrari Testarossa, le rêve de tous les aficionados d’automobile sportive dans les années 80. Équipée de son V12 4,9 litres de 390 chevaux, elle est capable de filer à près de 300 km/h.
Aujourd’hui, ces performances paraissent pour le moins assez classiques pour un véhicule sportif. Tenez, prenez l’exemple, par le plus grand des hasards, de la Mercedes-AMG CLA 45 S.Shooting Brake. Avec son petit quatre cylindres 2,0 litres turbo, celle-ci développe pas moins de 421 chevaux et 500 Nm de couple. Le 0 à 100 km/h est expédié en quatre secondes et la vitesse maximale est limitée à 270 km/h. Des performances qui n’ont rien à envier aux meilleures supercars des années 80 n’est-ce pas ?
La sportive polyvalente moderne par excellence ?
Seulement, dans les années 80, on ne pilotait pas une Ferrari Testarossa comme on conduit cette Mercedes-AMG CLA 45 S Shooting Brake aujourd’hui. Désormais, quasiment toutes les sportives, sauf certaines très extrêmes, sont indissociables du terme “polyvalence”. Certains diront qu’on y perd l’essence même de l’automobile sportive. Peut-être, mais nous serons toutefois tous d’accord sur le fait que mettre un break sportif sur circuit, ce n’est pas forcément la meilleure des idées. Autant qu’il soit aussi polyvalent donc.
C’est le cas de cette Mercedes-AMG CLA 45 S Shooting Brake, cousine technique de la Mercedes-AMG 45 S que nous avons pris en main il y a déjà quelque temps sur le circuit de Jarama, en Espagne. Sauf qu’aujourd’hui, pas de circuit, mais une utilisation plutôt conventionnelle, comme 99 % des clients qui se tourneront vers l’achat de ce pousse au crime.
Focus sur cet étonnant quatre cylindres
Qu’importe, le quatre cylindres qui se trouve sous le capot de ce CLA 45 S est une véritable bombe. Il s’agit du quatre cylindre le plus puissant actuellement disponible sur le marché. Pour vous parler brièvement du moteur, sachez tout d’abord que les ingénieurs ont modifié son placement et ont tourné le bloc à 180° par rapport à l’axe vertical pour que le collecteur d’échappement et les turbos soient placés à l’arrière, au plus près de l’habitacle. De ce fait, derrière la calandre, nous retrouvons le système d’admission.
Concernant le turbo, lui aussi a évolué avec une amélioration de son temps de réponse, même à bas régime, afin d’éviter cette sensation de latence au moment où l’on enfonce la pédale de droite. La liste des améliorations concernant ce bloc est assez impressionnante, c’est un vrai moteur d’ingénieur, qui reprend d’ailleurs la fameuse philosophie “one man, one engine”.
Sans entrer dans les détails techniques pompeux et parfois incompréhensibles, citons toutefois la présence d’une injection d’essence à deux étages (dans un premier temps, les injecteurs déversent le carburant dans les chambres de combustion à des pressions pouvant atteindre 200 bars et dans un second temps, un système d’injection dans la tubulure d’admission avec électrovannes est ajouté pour permettre au moteur d’atteindre sa pleine puissance), l’ajout d’une pompe à eau électrique à haut rendement ou encore un système de refroidissement à deux temps permettant de refroidir à des températures différentes le bloc-cylindres et la culasse.
L’électronique au profit des sensations ?
En complément du moteur, nous retrouvons une boîte de vitesses robotisée à double embrayage à huit rapports avec fonction Race-Start, une sorte de launch control garantissant des accélérations assez impressionnantes. Pour expédier tout ça, il ne faut pas de perte de motricité bien évidemment.
Mercedes-AMG a d’ailleurs, comme sur la E 63, intégré un mode “Drift”, très compliqué à activer. Effectivement, en mode “Sport+” ou encore mode “Race”, il faut passer la boîte en mode manuelle, puis retirer l’ESP, appuyer quelques secondes sur les deux palettes derrière le volant et ensuite appuyer sur la palette de droite pour confirmer que l’on souhaite bien utiliser le mode “Drift”. Notre essai ayant été réalisé sur route ouverte, nous n’avons pas pu tester ce système même si ce n’est pas l’envie qui nous en manquait. Nous avons pu toutefois en avoir un bref aperçu lors de notre essai de la Mercedes-AMG A 45 S en 2019.
Simple comme bonjour
En mode “Comfort”, la Mercedes-AMG CLA 45 S Shooting Brake pourrait presque passer pour une voiture conventionnelle, notamment grâce à sa direction douce, ses suspensions un poil sèches mais pas inconfortables, ou encore le délicat feulement de son quatre cylindres à bas régime. Le contrat semble rempli à ce niveau, la CLA 45 S est bien une voiture polyvalente et heureusement, son propriétaire regrettera peut-être uniquement le fait que son auto soit légèrement trop basse et frotte un peu trop souvent sur certains ralentisseurs peu réglementaires.
Mais à quoi ça sert d’essayer une Mercedes-AMG en mode “Comfort” ? Pas à grand-chose effectivement. Du coup, nous passons directement en mode “Sport +” avec tout ce que cela implique : suspensions pilotées plus fermes, direction plus consistante et échappement libéré. Pour que tout soit parfait, nous déconnectons les aides à la conduite, dont l’alerte de franchissement de ligne avec correction au volant, un système beaucoup trop présent notamment à cause des corrections perpétuelles apportées automatiquement au niveau de la direction.
Une fois lancé, le moteur nous impressionne par son allonge avec une poussée constante jusqu’à 7000 tr/min, sans rupture de charge, et un comportement haut dans les tours semblable à celui d’un bloc atmosphérique. La boîte de vitesses est bien gérée et rapide, nous pouvons peut-être simplement lui reprocher de rétrograder un peu trop rapidement au freinage.
Comme sa frangine A 45 S, la CLA 45 S est une voiture facile à conduire vite, peut-être un peu moins à vraiment piloter, mais tout le monde peut prendre sa dose de plaisir à bord avec des accélérations fulgurantes pour une voiture de ce segment.
La bonne affaire ?
Et le mieux dans tout ça ? C’est qu’elle dispose d’un coffre spacieux de 505 litres et de places à l’arrière capables d’accueillir deux adultes (pas trop malades en voiture de préférence) confortablement. L’habitable transpire plus la technologie que la sportivité, même si des touches d’Alcantara, notamment au niveau du volant, viennent parfaire l’ensemble. La planche de bord est toujours dominée par cette double dalle numérique permettant d’avoir toutes les informations nécessaires à la conduite.
Les breaks sportifs, d’une manière générale, ça coûte assez cher. D’une part parce que les références se trouvent chez les constructeurs allemands et d’autre part parce qu’une voiture performante, c’est fondamentalement onéreux. Sauf qu’au vu de ses prestations, la Mercedes-AMG CLA 45 S pourrait presque paraître être une bonne affaire avec les 74’100 euros réclamés de notre modèle d’essai, bardé d’options. Le malus ? Seulement 4543 euros en raison de rejets de 181 g/km de CO2 sous le cycle WLTP.
Au total, la facture ne dépasse pas les 80’000 euros. Certes, sous le capot nous ne retrouvons pas la noblesse d’un six cylindres, mais les performances sont par exemple meilleures qu’une Audi RS 4, qui s’affiche, avec le malus et les options, presque 35’000 euros de plus que notre Mercedes-AMG CLA 45 S Shooting Brake.
Même si ce n’est pas le même segment, la Mercedes s’inscrivant dans celui des compactes et l’Audi celui des berlines et des breaks, seulement neuf centimètres de long séparent nos deux modèles. Au-delà de la RS 4, c’est même à se demander si cette CLA en tenue de sport n’est pas une meilleure affaire que la Mercedes-AMG C 63 S break (la vraie concurrente de la RS 4), surtout que la prochaine génération pourrait avoir le droit au même quatre cylindres, mais étayé d’un moteur électrique pour dépasser les 500 chevaux.
Quel bilan en tirer ?
Quoi qu’il en soit, la nouvelle gamme compacte sportive de chez Mercedes-AMG met un sacré coup de pied dans la fourmilière des sportives. Toujours est-il que le quatre cylindres n’apporte pas l’agrément et la noblesse d’un six ou huit cylindres, malgré toutes les qualités que nous lui reconnaissons. Son seul défaut serait peut-être ses consommations gargantuesques en conduite sportive, avec un compteur qui passe régulièrement au-dessus de la barre des 50 l/100 kilomètres en consommation instantanée. Même en usage conventionnel, c’est assez compliqué de descendre sous la barre des 9,0 l/100 kilomètres de moyenne.
Au final, cette Mercedes-AMG CLA 45 S a tout de la sportive polyvalente parfaite. Même si le ressenti peut paraître parfois assez artificiel, avec la multiplication des aides à la conduite, trop intrusives, ou encore une direction qui manque un poil de remontée d’informations, les performances sont d’un niveau assez exceptionnel pour une voiture appartenant au segment des compactes.
Points positifs | Points négatifs |
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Performances hallucinantes | Aides à la conduite intrusive |
Tarifs plutôt contenus au vu des prestations | Amortissement pilotée en option |
Polyvalence à toute épreuve | Direction peu communicative |