- Moins de concessions pour moins de loyers
- Problème de proximité ?
- Les constructeurs allemands ont déjà testé
- Renault aussi à contre-courant
- La fin des remises
Tout le système de distribution automobile est remis en cause par le groupe Stellantis, qui prévoit de diminuer le nombre de ses points de vente de 30 % en France. C’est aussi le cas chez les premiums allemands. Seuls Renault et Toyota sont à contre-courant.
Carlos Tavares, président du directoire de Stellantis, hydre multimarque composé entre autres de Peugeot, Citroën, DS, Opel, Fiat, Jeep, Alfa Romeo…), l’avait brutalement résumé lors d’une table ronde avec le jury européen de la Voiture de l’année, fin 2021 : “Les dealers sont une source de coûts mais pas de satisfaction.” Pas sûr que ce soit son expérience d’acheteur automobile qui parle, mais plutôt celle du big boss d’un mastodonte pesant 149 milliards d’euros.
Moins de concessions pour moins de loyers
L’une des idées phares du groupe franco – italo – américain est donc de revoir les contrats de distribution qui les lient aujourd’hui aux concessionnaires et d’en profiter pour “réduire [son] empreinte immobilière”, en France comme ailleurs. Guillaume Couzy parle d’une “optimisation de notre réseau autour des plus performants, dont il résultera une baisse des coûts fixes et une optimisation du chiffre d’affaires grâce à de nouvelles marques”. Ce qui signifie que de grands regroupements vont avoir lieu.
Quasiment l’ensemble des sites Peugeot accueillera la marque Citroën, et vice versa. Plus inattendu, d’autres marques vont faire leur apparition dans ces établissements autrefois franco-français : Opel, Fiat, Jeep, Alfa Romeo, Lancia ou encore Abarth. Pourtant, la surface physique occupée par toutes les marques de Stellantis diminuera “de 25 à 30%”, tandis que le nombre d’établissements en France devrait à terme connaître une réduction du même ordre de grandeur.
Problème de proximité ?
Pour le client de ces marques, se pose déjà la question de la proximité des points de service remaniés et, plus encore, de la disponibilité des ateliers de réparation. Mais Stellantis France assure que cette rationalisation ne se fera pas au détriment de l’automobiliste. Les campagnes françaises devraient même voir leurs actuels agents représentants d’une marque devenir multimarques, ce qui irait dans le sens d’un meilleur service rendu. Cette grande contraction du réseau est en devenir : les actuels concessionnaires DS, Alfa Romeo et Lancia devraient devenir agents commissionnaires en juin 2023, ceux représentant les autres marques du groupe à compter de 2026. Pour l’instant, les réseaux des marques du groupe semblent stagner.
Selon l’enquête annuelle réalisée par le titre professionnel L’argus sur les réseaux de marque, Fiat, Peugeot et Citroën seraient à peine en baisse (- 1,4 % de points de vente pour les deux premiers et – 4,4 % pour les Chevrons), alors que DS voit même ses points augmenter (+ 11,8 %).
Les constructeurs allemands ont déjà testé
Ailleurs dans le monde, trois constructeurs ont une vision similaire du futur de la distribution : Mercedes-Benz, BMW et le groupe Volkswagen. Tous trois ont, par petites touches, déjà goûté au contrat d’agent commissionnaire. BMW avait plus ou moins mis cela en place lors de l’arrivée de son électrique i3, en 2013. Puis, l’idée avait été abandonnée quelques années après. Mais le groupe Volkswagen propose déjà des contrats d’un nouveau type aux distributeurs de la marque Cupra et les élargira à ses autres gammes électriques.
Renault aussi à contre-courant
Showroom Renault.© Renault
Toyota a beau avoir imposé le contrat d’agent commissionnaire à ses distributeurs néo-zélandais, le n° 1 mondial n’entend pas procéder de la sorte en Europe. Idem chez Renault, où l’on considère le système de distribution actuel comme tout à fait satisfaisant. Le rapport annuel 2021 du Losange parle bien “d’optimiser la couverture territoriale afin de répondre aux attentes des clients”, mais il ne serait pas question de coupes claires. Reste que ses succursales, les établissements Renault Retail Group, voient leur nombre régulièrement décroître : 11 fermetures en France l’an dernier, et une seule ouverture.
La fin des remises
Plus globalement, il est une différence majeure pour un client lorsqu’il traitera avec un agent commissionnaire plutôt qu’un concessionnaire : cet acteur n’est pas propriétaire de l’automobile à vendre. Ainsi, si les constructeurs remettent en cause les concessionnaires, c’est avant tout pour vendre leurs voitures à des prix fixes, qui deviendront identiques partout en France, comme seul Tesla l’a imposé pour l’instant. Adieu remises ! Pour Guillaume Couzy, la différence actuelle entre le prix payé et le prix catalogue serait “de 5 à 6 %”. Il s’agira donc d’oublier cette ristourne, longtemps institutionnalisée dans le monde de la vente automobile… à l’heure où le prix moyen d’une voiture neuve tutoie les 30 000 €.