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Aston Martin se jette dans les bras chinois de Geely

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Aston Martin se jette dans les bras chinois de Geely

Peut-on concevoir qu’un Picasso, un Rubens, un Chirico ou un La Tour puisse aujourd’hui quitter les collections européennes pour aller s’accrocher dans un musée chinois ? Cela provoquerait une levée de boucliers de l’intelligentsia du Vieux Continent qui, lorsqu’il s’agit du patrimoine automobile, ne bouge pas une oreille. Même s’il s’agit de la vie de sociétés bien spécifiques, ce qu’elles produisent appartient pourtant à la culture et au patrimoine du Vieux Continent.

C’est probablement ce qui va se produire avec l’emblématique Aston Martin dont le consortium Yew Tree, mené par le Canadien Lawrence Stroll, président du conseil d’administration, demeure le premier actionnaire. Il détient environ 21 % des parts, devant le fonds saoudien Public Investment Fund avec 18 %, bientôt talonné par le chinois Geely qui va passer de 7 à 17 % du capital. D’abord repoussée sans succès à l’automne dernier, cette montée en puissance de Geely a cette fois été acceptée comme une bouée de sauvetage avec l’apport de 234 millions de livres au travers de l’achat d’actions nettement au-dessus du cours actuel.

Geely, déjà propriétaire de Volvo, monte ainsi significativement en puissance chez Aston Martin, avec le droit de nommer un administrateur non exécutif au conseil d’administration. Le déploiement de moyens pourrait ne pas s’arrêter là, tant l’appétit chinois est avide de décrocher une telle pépite technologique mais aussi marketing et historique.

Tenter en effet d’égaler en partant d’une page blanche l’aura d’Aston Martin est absolument impossible et c’est en prenant pied dans la marque que les Chinois vont parvenir à bien meilleur compte à s’emparer de ce pan d’histoire. En théorie, Geely s’est engagé à ne pas monter à plus de 22 % du capital d’ici le 1er août 2024, ce qui est un horizon très proche, « sauf si Geely fait une offre soutenue par le conseil d’administration ou si une OPA est lancée sur Aston Martin par une entreprise tierce. »

Dégât collatéral de Bruxelles

On voit bien que ces freins ne sont que théoriques et ne valent que leur poids de papier. Aston Martin est confronté aux difficultés post-Brexit et à un effondrement de sa valeur en Bourse depuis sa sensationnelle introduction en 2018, dans la foulée de celle de Ferrari trois ans plus tôt. Elle est tombée de 4 500 pences à l’époque à 105 pences début octobre 2022, date à laquelle Geely est déjà venu à la rescousse en mettant la main sur 7,2 % du capital.

En remettant la main à la poche, « Geely Holding, qui est devenu actionnaire l’an dernier, voit un potentiel formidable de long terme pour Aston Martin », s’est félicité Lawrence Stroll dans un communiqué. Réjouissance de façade, car la fragilisation de la marque est due à Bruxelles et à ses règles sur le CO2 qui étouffent les constructeurs d’automobiles.

Aston Martin, calé sur le haut de gamme de grand luxe, est d’autant plus fragilisé en ne pouvant s’appuyer sur un grand constructeur. Il se voyait confronté depuis quelques mois à un choix simple, disparaître ou se convertir à l’électrique avec un partenaire capable de l’aider. Mercedes, candidat de c?ur, avait d’autres problèmes à résoudre et c’est donc Geely, par ailleurs très bien placé sur l’électrique, à qui les Anglais ont ouvert la porte pour, sans doute, ne plus jamais la refermer.

De quoi réjouir Eric Li, président du Conseil d’administration de Geely qui s’est naturellement exclamé « notre décision d’augmenter notre part dans Aston Martin reflète notre confiance dans les perspectives de croissance de l’entreprise, ses technologies et son équipe de direction ». On peut parier qu’ils en tireront un bénéfice maximal tout en respectant, on l’espère, l’héritage de la marque comme ils l’ont d’ailleurs fait avec Volvo.

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