Un conteneur sur un camion, ici à Los Angeles. Photo d’illustration.
Ils peuvent mesurer jusqu’à 25 mètres de long et peser 60 tonnes. Le passage des méga-camions va être facilité sur les routes de l’Union européenne, après que les eurodéputés se sont prononcés en faveur de leur circulation ce mardi 12 mars. Leur impact en matière d’environnement, de sécurité et de concurrence avec le fret ferroviaire inquiète les opposants à cette mesure.
Ces camions à rallonge, portant un conteneur auquel s’ajoute une remorque, sont déjà autorisés dans certains pays comme la Suède ou la Finlande et testés dans d’autres comme l’Allemagne. Ils sont interdits en France. Le texte adopté autorise automatiquement entre États voisins consentants, qui les acceptent déjà sur leur territoire, la circulation de ces géants pesant jusqu’à 60 tonnes, selon les normes européennes.
Cette législation, qui devra désormais être négociée entre les États membres, « ouvre la porte à de plus gros pollueurs notamment sur nos routes » et « tue le fret ferroviaire », pas assez compétitif pour résister, s’est inquiétée l’eurodéputée française Karima Delli (Europe Ecologie), qui s’est dite «effarée» par ce vote «irresponsable».
Elle a appelé la France à « dire clairement qu’elle n’en veut pas » et à l’inscrire dans sa loi nationale. En encourageant l’essor des méga-camions, « cela ouvre une brèche, on ne sait pas ce que d’autres gouvernements pourraient faire », abonde la délégation française de Renew (libéraux).
Une mesure environnementale… étendue aux véhicules diesel
Le texte relève à 44 tonnes (contre 40 actuellement) le poids maximal des camions zéro émission circulant entre pays de l’UE. Mais les véhicules diesel bénéficieraient aussi de ce relèvement jusqu’en 2035, et pourraient même peser davantage si les États entre lesquels ils circulent le permettent pour les opérations de fret « intermodal » (combinaison train/bateau et route).
« Etendre le même avantage aux camions diesel polluants ne fait qu’accélérer leurs ventes, en leur permettant de transporter davantage au détriment des camions propres », a déploré Bernardo Galantini, de l’ONG environnementale Transport & Environment.
L’Espagnole Isabel Garcia Munoz (sociaux-démocrates), rapporteure du texte, a cependant assuré que « les règles créeront de réelles incitations pour les entreprises à passer au zéro émission et rendre le transport routier plus durable et plus sûr ». Elle fait valoir qu’« en transportant la même charge avec moins de véhicules et moins de déplacements, nous pouvons réaliser des réductions significatives d’émissions » carbone.
Plus de 50 % du fret européen est transporté par route et les poids-lourds génèrent 6 % des émissions totales de gaz à effet de serre de l’UE. Le Conseil européen (États membres) adoptera sa position en juin, et il reviendra ensuite à la prochaine assemblée parlementaire, élue après les élections de juin 2024, d’entamer alors des négociations pour finaliser le texte.