Victor Mary (à gauche), Grégory Oliveira et Lucas Eude, l’un des deux techniciens de l’atelier de Mary Cycles au Havre (Seine-Maritime) installé sur 350 m2 dans des espaces dédiés auparavant à la voiture. LP/Laurent Derouet
Et pourtant, au Havre, le tout dernier magasin du groupe dirigé depuis sa création en 1992 à Lisieux (Calvados) par François Mary, arbore la bannière Mary cycles. Avec son atelier de réparation, il est le troisième dédié au vélo après celui de Deauville et de Saint-Quentin. Une anomalie, voire une hérésie, entre deux mondes souvent antagonistes ? « Au contraire », sourit Victor Mary, le fils du grand patron, qui souhaite réconcilier les deux univers. Sans oublier de faire des affaires.
« Aujourd’hui, affirme Victor Mary, il faut raisonner en termes de mobilité. Je vais où et avec quoi ? Parfois le vélo, c’est plus rapide et plus simple, parfois la voiture quand elle est indispensable. Et parfois même, c’est le train qui sera plus pratique. » Lui participe d’ailleurs à l’occasion à des réunions dédiées au développement des mobilités dites douces dans les agglomérations, comme dernièrement à Caen (Calvados). « C’est toujours marrant d’être assis-là et d’entendre des remarques sur la meilleure manière de tuer la bagnole en centre-ville. Quand je me présente, il a toujours un petit moment de flottement mais, au final, on s’aperçoit que la complémentarité est possible. »
Pour le vélo, le Covid a tout accéléré. Tout le monde s’est mis à en acheter, électrique ou pas. Et pas seulement pour le week-end.
Victor Mary, directeur marketing chez Mary Automobiles
Cette passion devait envoyer ce diplômé d’écoles de commerce sur les routes du monde pour un temps indéterminé il y a quelques années. « Mais le Covid m’a empêché de partir et je me suis retrouvé à tourner en rond chez mes parents pendant le confinement. Mon père m’a proposé de bosser un peu avec lui en attendant. Et m’a demandé de réfléchir à ce qu’on pourrait faire dans le vélo… »
« C’est sûr que si l’on réfléchit à l’échelle du groupe, le vélo ne pèse pas lourd. Mary, c’est plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires. Le vélo, c’est un million, soit 0,1 %… » Il n’empêche. Que ce soit pour le loisir, la mobilité, la compétition ou le vélo d’aventure, Mary joue la carte de la diversité, en proposant notamment des exclusivités avec la marque américaine Specialized. Et avec des réflexes venus du secteur automobile.
« On peut par exemple proposer des flottes de vélos à nos clients pour leurs salariés, comme on le fait avec des flottes d’utilitaires », illustre Grégory Oliveira, directeur cycles chez Mary. Des parcs animaliers ou des hôtels se renseignent aussi pour proposer des vélos, pour leurs clients mais aussi pour leur personnel qui peut utiliser à l’occasion des vélos-cargos dans leur travail. Lui, assure qu’aujourd’hui les chefs d’entreprise commencent à intégrer le fait que mettre à la disposition de leurs collaborateurs des deux-roues pour se déplacer est vécu comme une amélioration des conditions de travail. Quelques coups de pédales pour garder le moral ? Victor Mary et ses équipes y croient.