Essai Suzuki Jimny VUL : l'Europe lui a pourri la vie

Le Suzuki Jimny est revenu au catalogue européen au début de l’année 2021, mais avec deux places de moins.

Note

de la rédaction

12/20

Lorsque nous essayions pour la première fois le nouveau Suzuki Jimny de quatrième génération en 2018, son succès commercial ne faisait guère de doute : malgré des qualités routières très en retrait de celles des voitures normales et un confort plus que moyen, ce petit tout-terrain à quatre places mà peine plus long qu’une Renault Twingo (avec la roue de secours) semblait promis à une belle carrière chez nous grâce à un style vraiment séduisant et un prix relativement doux au lancement (19 995€ dans sa finition « Pack » haut de gamme).

Mais à l’époque, déjà, le malus écologique français lui mettait de gros bâtons dans les roues avec près de 3 000€ de taxe en boîte manuelle et 6 300€ avec la transmission automatique. Les années suivantes, ce malus écologique français a empiré : il était passé à près de 4 000€ en 2020 pour la boîte manuelle quand j’ai acheté le mien et à 10 000€ pour la transmission automatique. S’il était encore commercialisé aujourd’hui en l’état, les clients devraient s’acquitter de 18 858€ de taxe pour sa version à boîte manuelle et même 60 000€ pour sa déclinaison à boîte automatique. Tout ça pour un petit véhicule de 3,65 mètres de long qui consomme à peine plus de 7 litres aux 100 km en ville !

Un changement de stratégie en 2020

Ajoutez à cela les quotas de CO2 désormais imposés au sein du marché automobile européen (le Jimny mettait Suzuki dans le rouge sur le Vieux Continent) et vous comprenez pourquoi il a disparu du catalogue en 2020. Depuis 2021, il existe sous une forme légèrement différente avec une homologation en véhicule utilitaire léger ce qui lui permet d’éviter à la fois le malus écologique français et le problème des quotas de CO2 en Europe. Cette homologation l’oblige à se passer des sièges arrière, lui qui pouvait pourtant accueillir quatre occupants dans des conditions de confort relativement bonnes (mais en sacrifiant totalement le coffre).

A gauche, le Jimny actuel dans sa version utilitaire. A droite, l’ancien Jimny à quatre places en version haut de gamme (qui se distingue par ses jantes alliage et ses optiques LED notamment).

Affiché plus cher que l’ancienne version à quatre places, il se contente hélas désormais d’une finition moins haut de gamme (qui correspond à l’ancien niveau « Privilège » du Jimny à quatre places). Il fait ainsi l’impasse sur les optiques LED, les poignées de porte couleur carrosserie, les jantes alliage et les rétroviseurs laqués précédemment disponibles de série sur le niveau le plus haut.

L’ancien Jimny haut de gamme coûtait 19 995€ avant malus. L’actuel coûte 23 390€ et échappe au malus. Sachant qu’il atteindrait 18 800€ sur le quatre places et même 60 000€ pour la version à boîte automatique, c’est préférable.

A l’intérieur, l’ambiance devient carrément plus rustique à défaut de volant en cuir, de climatisation automatique et surtout de l’écran tactile central de 7 pouces (le même que dans la petite Ignis). Dommage car l’équipement de série se situait presque au niveau d’une citadine classique sur l’ancienne finition haut de gamme !

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Seul avantage de la disparition des places arrière, le coffre affiche désormais 863 litres contre seulement 85 litres pour la précédente mouture avec sa banquette en place. Notons aussi que le Jimny VUL (véhicule utilitaire léger) progresse aussi légèrement au registre du grammage, avec 173 g/km au lieu de 178 précédemment. Cela n’apporte aucun avantage puisqu’il évite le malus comme tous les véhicules légers utilitaires à deux places. La transmission automatique, toujours disponible au Japon, en Inde et d’autres marchés de la région asiatique (où il conserve ses quatre places et offre même une déclinaison longue à cinq portes depuis l’année dernière), a disparu du catalogue chez nous.

Sur la route, le Jimny présente un comportement très différent de celui des autos modernes.

Le passage au format utilitaire pose un problème pratique pour les grands gabarits puisqu’à cause de l’ajout de la grille séparant l’habitacle du coffre (heureusement amovible), il faudra garder un dossier de siège très vertical quand ce dernier est reculé au maximum (ce qu’il faut faire dès que vous dépassez le mètre 80). Le volant à la fine jante en plastique et la radio avec affichage à l’ancienne donnent l’impression de rouler dans un véhicule plus rustique que l’ancien Jimny en finition Pack mais les sensations de conduite ne bougent pas d’un iota.

Et que ce passe-t-il quand on essaie de rouler sportivement en Jimny ?

Rouler en Jimny vous replace immédiatement dans un univers très loin des autos à châssis monocoque modernes. Dès les premiers mètres, les secousses induites par les deux essieux rigides du châssis à échelle rappellent la vraie nature de ce petit tout-terrain conçu pour grimper aux arbres. Certes, on note des progrès par rapport aux précédentes générations du petit Japonais dont la lignée remonte à 1970. Mais il faut toujours composer avec un amortissement franchement inconfortable à basse vitesse et un comportement dynamique peu compatible avec la conduite sportive, même si on peut y trouver de l’amusement par pure perversion (avec de telles prises de roulis, les transferts de masse ont parfois des effets spectaculaires). La direction, aussi démultipliée que molle, n’aide pas.

Les mouvements de caisse en virage sont généreux et l’ESP veille au grain.

Il est même possible de se faire un peu peur, comme par exemple dans des courbes rapides négociées de manière « enjouée », lorsque l’ESP débloque totalement en plein appui : dès qu’il détecte des mouvements de caisse importants à haute vitesse, il envoie subitement de gros coups de freins qui peuvent vous dévier de votre trajectoire. Avec la boîte manuelle à cinq vitesses aux rapports très courts, le bruit à bord devient d’ailleurs gênant au-dessus de 90 km/h et même très désagréable à 130 km/h, un rythme où la tenue de cap brille aussi par son flou artistique. Plutôt frugal en ville où il dépasse à peine les 7 litres aux 100 km, le Jimny peut franchir la barre des 10 litres aux 100 si vous le poussez à ces vitesses. Le 4×4 japonais est l’une des rares voitures thermiques du marché qui consomme davantage à 130 km/h sur l’autoroute qu’en ville. Comme une voiture électrique !

Les performances du petit moteur de 102 chevaux paraissent suffisantes.

Même sur la route et en dépit d’une mise au point absolument pas pensée pour en faire un engin de la vie urbaine, je n’arrive pas à détester la conduite du Jimny. Avec tous ces bruits de transmission, sa mécanique atmosphérique rustique même pas ridicule au registre des performances avec ses modestes 102 chevaux et 130 Nm (il faut dire qu’il ne pèse que 1 090 kg à vide), on a l’impression de s’échapper totalement des normes automobiles actuelles. Les citadines et autres crossovers modernes affichent de bien meilleures prestations routières et certains SUV comme le Dacia Duster peuvent même s’aventurer hors des sentiers battus pour des prix similaires. Mais aucun d’entre eux ne vous donne cette sensation étrange de conduire une « voiture d’exception » au sens littéral du terme. Pas parce qu’elle surclasse les autres, mais simplement parce qu’elle ne ressemble à rien de connu dans ce qui existe actuellement.

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Seule bonne nouvelle : les roues en tôle lui vont mieux que les jantes en alliage de l’ancienne version 4 places haut de gamme…

La dotation de série du Jimny VUL inclut la climatisation manuelle, les sièges chauffants ou encore un port USB sur la console centrale. Mais il n’est plus possible d’opter pour une climatisation automatique, un ordinateur de bord avec écran tactile à connectivité smartphone (et navigation intégrée) ni même le volant en cuir, autant d’éléments de série sur l’ancienne finition haut de gamme Pack quatre places (avec quelques détails de finition un peu plus flatteurs). Dommage de ne plus pouvoir ajouter ces équipements qui améliorent beaucoup le confort d’utilisation. On a d’ailleurs du mal à comprendre pourquoi Suzuki ne les propose plus. Sachant que le véhicule est devenu plus cher que l’ancien Jimny à quatre places, c’est quand même un peu pingre…

Le détail techno : une propulsion à l’ancienne

Sur la route, le Suzuki Jimny demeure une authentique propulsion. Sa transmission intégrale ne doit être activée qu’en tout-terrain, via un petit levier qui permet de connecter les roues avant en plus du train arrière. Mais n’allez pas imaginer que le Jimny peut glisser par les portières comme une sportive grâce à ses roues arrière motrices : l’ESP et l’antipatinage s’activent à la moindre manœuvre un peu enjouée (avec parfois des interventions scabreuses). Notez qu’il est possible de désactiver manuellement ces aides à la conduite qui ne peuvent normalement pas être supprimées au-dessus de 30 km/h, en tripotant du côté des fusibles dans la boîte à gants. A vos risques et périls…

Equipements et options

Version : II 1.5 VVT PRIVILEGE 2PL

Equipements de sécurité

• ABS

• Aide au démarrage en côte

• Airbags frontaux, latéraux et rideaux AV

• Aide au freinage en descente

• Alerte de changement de trajectoire

• Alerte de franchissement de ligne

• Témoin de perte de pression dans les pneumatiques (TPMS)

• Projecteurs antibrouillard AV

• Roue de secours 195/ 80 R15 avec couvre roue

• Feux de jour DRL

• Alarme d'oubli d'extinction des projecteurs et/ou de retrait de la clef de contact

• Alarme sonore et visuelle de non-bouclage des ceintures de sécurité

• Alerte carburant bas

• Alerte porte mal fermée

• Volant 3 branches en mousse avec contrôle audio, régulateur et limiteur de vitesse, kit mains-libre, réglable en hauteur

• Régulateur et limiteur de vitesse

Equipements de confort

• Lève vitres életriques AV à impulsion côté conducteur

• Rétroviseurs extérieurs ajustables électriquement et dégivrants

• Sièges AV chauffants

• Verrouillage centralisé des portes et télécommande

• Siège AV passager à mémoire

• Lunette AR dégivrante

• Rétroviseur intérieur réglable manuellement

• Vitres teintées

• Alarme sonore et visuelle de non-bouclage des ceintures de sécurité

• Compte-tours

• Direction assistée

• Volant 3 branches en mousse avec contrôle audio, régulateur et limiteur de vitesse, kit mains-libre, réglable en hauteur

• Système audio comprenant 2 haut-parleurs avec lecteur CD +MP3 et connexion Bluetooth, DAB (Digital Audio Broadcasting)

• Prise USB

Esthétique / Carrosserie

• Jantes en acier et pneumatiques 195/ 80 R15

• Gouttière sur le toit

• Ouverture à distance de la trappe à carburant

Autres équipements

• 3ème feu stop

• Air conditionné

• ESP

• Freinage actif d'urgence (DSBS)

• Reconnaissance de panneaux de signalisation

• Signal d'arrêt d'urgence

• Ouverture du hayon, serrure centrale

• Poignées de portes intérieure chromées

• Système de rétractation des pédales (frein et embrayage)

• Renforts latéraux dans les portes

• Calandre noire

• Extensions de passage de roue

• Ouverture du hayon par clef

• Commutation automatique des projecteurs (route/ croisement)

• Correcteur de site

• Pare-brise avant anti-UV

• Essuie-glace AV 2 vitesses avec intermittence

• Essuie-glace AR 1 vitesse

• Projecteurs halogène multi réflecteurs à allumage automatique

• Horloge digitale

• Filtre anti-pollen

• Indicateur de changement de vitesse

• Lecture de carte AV (2 positions)

• Pare-soleil conducteur et passager

• Prise 12 V pour accessoires sur la console centrale

Options disponibles

• Peinture métallisée So’Color

  750 €

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Le Jimny peut littéralement grimper aux arbres.

Il n’existe aucun concurrent direct au Suzuki Jimny puisque les autres tout-terrains purs et durs coûtent beaucoup plus cher (81 700€ minimum pour un Jeep Wrangler, plus de 153 000€ pour un Mercedes Classe G, 72 140€ pour un Ineos Grenadier utilitaire 2 places, 53 240€ pour un Toyota Land Cruiser avec des malus écologiques énormes sauf pour le Jeep hybride rechargeable). Dans un genre moins rustique, le nouveau Dacia Duster 4×4 s’affiche à partir de 25 700€ et surclasse nettement le Japonais au registre du confort, de l’habitabilité et très probablement des performances même s’il ne pourra jamais aller aussi loin que le Jimny en franchissement. Affiché à 23 390€, le petit Japonais coûte 3 395€ de plus que l’ancien Jimny 4 places haut de gamme à l’équipement bien meilleur. Avant malus, évidemment…

A retenir : un achat « passion » (si si)

Malgré l’augmentation de son prix et la dégradation de son niveau d’équipement, le petit Jimny reste un véhicule incontournable pour les professionnels qui exigent un vrai tout-terrain sans posséder le budget pour acheter un Toyota Land Cruiser. Dans tous les autres cas, opter pour un Jimny ne représente absolument aucun intérêt objectif puisqu’il existe des voitures bien meilleures dans la vie de tous les jours à ces niveaux de prix, même pour ceux qui ont besoin d’un 4×4 capable de crapahuter en-dehors des sentiers battus. Mais on parie que si vous vous intéressez à lui, ce n’est pas forcément pour ses qualités objectives. Loin de moi l’idée de vous juger en cela car j’ai moi-même craqué en versant près de 4 000€ à l’état au titre du malus écologique pour un exemplaire à quatre places acheté en 2020. Et je ne me suis toujours pas lassé après tout ce temps. Vous savez bien ce qu’on dit sur les cordonniers…

Attention tout de même car en raison de la demande, Suzuki France a temporairement suspendu la commande du Jimny. Les concessionnaires qui en possèdent en stock en profitent pour augmenter les prix et ne comptez pas sur le marché de l’occasion pour en trouver des moins chers : sur La Centrale, les tarifs demandés pour les versions utilitaires ne passent jamais sous les 21 000€ (même avec du kilométrage) et les anciennes variantes à quatre places dépassent les 30 000€ ! Comme certaines sportives d’exception, le petit Jimny souffre de la spéculation.

Caradisiac a aimé

• Le design vraiment marquant
• Les capacités tout-terrain
• La relative polyvalence en ville
• Les sensations de conduite hors du temps

Caradisiac n’a pas aimé

• L’équipement dégradé par rapport au Jimny 4 places
• Le comportement dynamique et autoroutier
• L’augmentation du prix
• Introuvable actuellement à la commande

Les prix

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La housse de roue de secours est une option accessoire.

Le Suzuki Jimny utilitaire (102 chevaux, 23 390€) est évalué dans la catégorie des petits 4×4 à deux places qui ne compte…aucun concurrent à moins de tripler ce prix. En élargissant un peu, on trouve :

-Le Dacia Duster 4×4 (130 chevaux, à partir de 25 700€).

-Le Suzuki Vitara 4×4 (129 chevaux, à partir de 28 200€).

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Le Suzuki Jimny peut virtuellement se garer quasiment partout.

Les chiffres clés

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