(Actualisé avec déclarations supplémentaires, précisions)
par Sam Tobin et Michael Holden
Après 13 ans de procédure judiciaire, la Haute Cour de justice de Londres doit se prononcer sur le refus d’autoriser Julian Assange à faire appel de son extradition, acceptée en juin 2022 par le gouvernement britannique après avoir été un temps bloquée par la justice, qui avait estimé le risque de suicide trop élevé.
La justice fédérale américaine réclame depuis 2010 l’extradition de Julian Assange, qui risque jusqu’à 175 ans de prison – mais plus vraisemblablement 30 à 40 ans – au titre de l’Espionage Act, la loi américaine sur l’espionnage, pour avoir fait fuiter sur WikiLeaks des documents classés secret défense.
Selon son épouse Stella, qu’il a épousée en détention, l’état de santé de Julian Assange ne cesse de se dégrader, tant “physiquement que mentalement”.
“PRISONNIER POLITIQUE”
Devant la presse, Stella Assange n’a pas hésité à comparer la situation de son mari à celle de l’opposant russe Alexeï Navalny, décédé cette semaine en prison russe dans des circonstances troubles, après avoir fait l’objet par le passé de tentatives d’empoisonnement.
“Julian est un prisonnier politique et sa vie est menacée. Ce qui est arrivé à Navalny pourrait arriver à Julian”, a-t-elle affirmé.
S’adressant à la Cour, l’avocat de Julian Assange, Edward Fitzgerald, a lui aussi soutenu que son client était poursuivi pour des motifs politiques, ajoutant que son inculpation pour espionnage constitue à la fois une violation de sa liberté d’expression et du traité d’extradition entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis.
“M. Assange est poursuivi pour des activités journalistiques normales consistant à obtenir et diffuser des informations classifiées qui sont véridiques et d’intérêt public”, a-t-il plaidé.
Si la Haute Cour de Londres devait rejeter son recours, Julian Assange ne pourrait plus se tourner que vers la Cour européenne des droits de l’Homme pour ne pas finir ses jours dans une prison américaine. (Reportage de Sam Tobin et Michael Holden, version française Tangi Salaün, édité par Sophie Louet)