Eloïse Ballon et son père, Philippe ; Christine Chollet, sa sœur, et deux de ses fils, Clément et Romain.
Cette famille du Mans a bien de la chance. Elle dispose de deux Noël par an. Et le plus important a lieu à la mi-juin, sur le circuit des 24 Heures. Pour les plus mordus de la cousinade, la fête dure une bonne semaine. Quant à la course elle-même, qui s’achève ce dimanche 11 juin 2023, à 16 h, elle est carrément immanquable pour les Ballon-Chollet.
Une année, des proches ont eu la mauvaise idée de se marier le week-end des 24 heures. « On l’a mal vécu », résume Philippe Ballon, 62 ans. « On était tous agglutinés devant la télé, derrière le comptoir. Désormais, nos amis sont prévenus », rigole sa fille Eloïse, une professeure d’histoire-géo de 31 ans.
Une histoire de gros sons
À l’époque, ils étaient surtout motivés par « la fête foraine avec les copains » (qui existe encore sur le circuit). Aujourd’hui, ils sont habités par le moindre détail de la préparation de course, des essais, des qualifications, de la lutte entre les grandes écuries qui, cette année, redevient féroce avec le retour de Ferrari, Porsche, Cadillac, Peugeot. Vont-ils ravir le titre détenu par les Toyota depuis cinq ans ?
«Â Notre dictionnaire ambulant »
Romain Chollet, 36 ans, garde un souvenir mémorable de « la Mercedes qui s’est envolée trois fois dans la semaine, en 1999 ». Il avait 12 ans. Le bolide allemand, trop rapide, décollait du bitume sur les bosses.
Ce chef d’une agence mancelle d’intérim social est incollable sur les accidents qui jalonnent l’histoire de la course. « Ça fait partie de l’adrénaline », avoue sa cousine Eloïse. Christine ajoute, la gorge un peu nouée : « Romain a pris le relais de mon petit frère Bill, qui était notre dictionnaire ambulant des 24 Heures ». Bill, décédé en juillet. « C’est bizarre de se retrouver là sans lui »,soupire Philippe, retraité de la grande distribution.
Aucun membre de la famille n’a de lien professionnel avec l’automobile. « Une pure passion », disent-ils. La seule expérience de pilotage de Romain, c’est quand il prend « le virage Indianapolis, avec sa petite Mégane Renault », sur la départementale 92, entre Arnage et Mulsanne. Car le circuit de 13,6 km passe aussi par des routes de la banlieue sud mancelle, fermées durant l’épreuve. Eloïse roule régulièrement la célèbre ligne droite des Hunaudières, pour aller voir ses parents, qui habitent Mulsanne…
Ce week-end, ils sont une dizaine de Ballon-Chollet à se retrouver pour la « Course du centenaire », un siècle après la première de 1923. Sans forcément y dormir. La nuit dernière, les cinq mordus sont restés en tribune, collés serrés, avec les duvets et les polaires, à observer les changements de pilotes dans les stands et à deviner, au son, le nom des bolides qui se cachent derrière les paires de phares.
Si à l’aube, la Cadillac du sarthois Sébastien Bourdais passe en tête et la garde jusqu’à l’arrivée de 16 heures, la prof Eloïse envahira le circuit, comme des milliers d’aficionados.