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Marcello Gandini, mort d’un papa (auto) mobile

marcello gandini, mort d’un papa (auto) mobile

Marcello Gandini lors d’une expo consacré à son travail, en janvier 2019 au musée national de l’Automobile de Turin.

Il y a des petites voitures miniatures à collectionner qu’on n’oublie pas. Et notamment, la Lamborghini Countach, d’un monochrome vif, à la silhouette futuriste angulaire, mais surtout aux portières en élytre (ou en ciseaux), qui s’ouvrent non pas à l’horizontale mais suivant une ligne oblique. Cette voiture de luxe, produite seulement à 2 000 exemplaires entre 1974 et 1990, a fait la renommée du constructeur italien, alors rival de Ferrari. Mais elle est aussi emblématique de l’esprit prolifique et avant-gardiste de son géniteur, mort mercredi à l’âge de 85 ans : Marcello Gandini. Le designer automobile italien, employé du carrossier turinois Bertone, laisse en effet dans son sillon un grand nombre de silhouettes «space age» de caisses incontournables : de moult Lamborghini donc, mais aussi de modèles de voitures de sport des années 60-70 pour Alfa Romeo, Maserati, Bugatti ou Lancia aujourd’hui passés à la postérité.

«Si l’on demande autour de soi quel est le plus beau modèle du [XXe siècle], les réponses les plus fréquentes peuvent être les deux suivantes : la Citroën DS ou la Lamborghini Miura. Ici, le second est le sien», affirme à ce propos le quotidien italien la Repubblica dans son hommage au créateur industriel. Natif de Turin en 1938, Marcello Gandini conçoit en 1966, en collaboration avec l’ingénieur Gian Paolo Dallara, ce modèle, dont, fait rare, le moteur central est placé à l’arrière. Présentée au salon de l’automobile de Genève la même année, cette architecture novatrice est sa première grande réalisation, à même pas 30 ans. Elle met surtout un coup de vieux aux supercars de l’époque. La suite coule comme l’eau du Pô dans le Piémont : le designer, qui n’a pas encore ce mot pour définir son activité, passionné de mécanique depuis l’enfance, s’acharne à dessiner des voitures aux traits géométriques séduisants, aussi synonymes d’innovation et de hautes performances. Bref qui font rêver les fanas d’auto argentés de l’époque. Ce sont des prototypes comme l’Alfa Romeo Carabo, précurseur de la Countach, en 1968 ; la Lancia Stratos, du même acabit fuselé, en 1970 ; ou la De Tomaso Pantera, produite, elle en série à plusieurs milliers d’unités à partir du début des années 70, qui séduit le cinéma hollywoodien ou des célébrités.

Dans les années 80, Marcello Gandini reprend son indépendance. Il livre encore des voitures de sport mais s’illustre aussi par des collaborations avec des constructeurs plus grand public pour concevoir la silhouette de citadines bien connues : la Citroën BX en 1982 ou la Renault Supercinq, best-seller des années 80 en France, vendue à plusieurs millions d’exemplaires. Points communs toujours : des formes toujours révolutionnaires et des coupes angulaires. Autres faits d’armes : le designer italien signe les formes de camions (le Magnum pour Renault en 1990) ou d’hélicoptères. Discret jusqu’à sa mort, il a néanmoins vertement étrillé la réédition moderne de la Countach, pour les 50 ans de la célèbre voiture de sport, et notamment son manque d’innovation. C’était en 2021. «J’ai construit ma carrière […] sur un concept unique : chaque nouveau modèle sur lequel je travaillais devait être une innovation, une rupture, quelque chose de totalement différent du précédent. Le courage, la possibilité de créer une fracture en s’éloignant du succès de la voiture précédente et le challenge de ne pas se plier aux habitudes étaient l’essence même de mon travail», assénait alors Gandini, critique d’une époque dévolue au marketing. Il faut dire qu’il n’avait pas été informé ni consulté par Lamborghini du projet.

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