Renault Captur
Les SUV s’arrogent 45% du marché auto français. Ils rattrapent les berlines (47%) et devraient bientôt les dépasser. En tête: des petits véhicules, très loin du fantasme des gros 4×4 cher aux anti-voitures.
Position de conduite très appréciée
Mais pourquoi ces engins sont-ils tellement prisés? Tout d’abord, ils ont l’avantage d’une position de conduite (un peu) surélevée, très appréciée notamment selon les études par la clientèle féminine mais aussi les automobilistes âgés car l’accès à bord et la sortie en sont facilités. La position haute permet aussi de mieux voir et ces carrosseries surélevées apportent un sentiment de sécurité supérieur. Ces SUV apportent ensuite une fonctionnalité proche des anciens monospaces, lesquels ne représentent plus que 1% du marché, avec de fortes aptitudes familiales, sous des lignes censément moins utilitaires. Polyvalence et fonctionnalité sont nettement meilleures que sur une berline classique.
Mais, ces SUV, dont l’appellation anglo-saxonne (véhicules utilitaires de sport) ne veut rien dire, doivent tout autant leur succès à leur apparence. Les carrosseries plus ou moins grimées en baroudeuses avec des pare-chocs souvent renforcés et des protections en plastique flattent l’ego des propriétaires. Plus les automobilistes sont urbanisés et contraints à des restrictions de circulation, plus ils veulent jouer les pseudo-campagnards aventuriers, avec en toile de fond l’image mythique d’une Jeep ou d’un Land Rover évoquant liberté, nature et grands espaces.
Gros SUV? pas du tout!
Avec ces modestes dimensions, un Captur de base rejette 130 grammes de CO2 au kilomètre en version la moins puissante à essence. La Clio comparable n’en émet que 116. Mais les émissions du Captur sont en fait équivalentes à celles de l’ancienne Mégane en version de base. Un Peugeot 2008 émet 125 grammes pour le modèle le moins puissant, soit 6 de plus qu’une 208 mais quelques grammes de moins qu’une berline compacte 308. En fait, ces SUV ont pris la place des monospaces, mais aussi des… berlines compactes et en partie des breaks (5% à peine du marché français). Mieux: ces SUV existent pour la plupart en versions hybrides (Renault Captur, Arkana, Toyota Yaris Cross), hybrides rechargeables (Renault Captur, Peugeot 3008) ou électriques (Peugeot 2008). Un Captur E-Tech hybride n’émet du coup que 112 grammes de CO2, un Captur E-Tech rechargeable moins de 40 et un e-2008… zéro. Pas de quoi arracher des cris d’orfraie aux plus rigoristes des adversaires de la voiture.
Berlines rehaussées? SUV surbaissés?
Enfin, les constructeurs brouillent les pistes en inventant des berlines rehaussées ou des SUV surbaissés. La berline compacte Citroën C4 n’est pas un SUV, mais elle s’en inspire ouvertement, avec une hauteur de 1,52 mètres, quasiment équivalente à celle d’un Peugeot 2008. A l’inverse, le tout nouveau SUV-coupé Peugeot 408, dont les essais pour la presse démarrent cette semaine, est plus bas de quatre centimètres que la berline C4. Sa hauteur est du coup inférieure de 15 centimètres par rapport au SUV 3008, avec qui il partage les mécaniques. Le concept de SUV finit par ne plus être clairement défini. Selon l’Observatoire Cetelem, un Renault Captur n’est d’ailleurs considéré comme un SUV que par… 16% des sondés de sa dernière enquête de fin 2021.
“Personne n’avait anticipé un tel succès”, reconnaît Flavien Neuvy, directeur de l’Observatoire Cetelem de l’Automobile. Dans son enquête de fin 2021, Cetelem posait la question: “si vous deviez acheter une automobile dans les douze prochains mois, quel type de véhicule souhaiteriez-vous acquérir?”. Réponse: 60 % des possesseurs de SUV comptaient en racheter un et 29% des non-possesseurs assuraient qu’ils pourraient se laisser tenter. “Ce n’est pas un phénomène de mode, mais un type de véhicule qui répond aux besoins”, conclut Flavien Neuvy.