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Voitures électriques: comment la France peut (malgré tout) résister à la Chine

Si l'offensive des constructeurs chinois a de quoi inquiéter les constructeurs tricolores, ceux-ci se préparent activement au "combat terrible" (Carlos Tavares dixit) qui s'annonce. Voici comment.

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L’Alpine A290_β donne la vision d’une industrie électrique tricolore conquérante.

C’est peu dire que les constructeurs généralistes tricolores s’inquiètent de l’offensive des constructeurs chinois en matière de voitures électriques. Ces BYD, MG, Lynk&Co et autres Aiways débarquent sans complexes sur le marché européen avec des produits valorisants, bien équipés, et dotés d’un rapport prix/prestations de haut niveau.En face, nos marques historiques doivent réorienter rapidement leur outil industriel pour s’adapter à la fin des moteurs thermiques, programmée pour 2035 par l’Union européenne, et se préparer ainsi au « combat terrible » – l’expression est de Carlos Tavares, Directeur général de Stellantis – qui s’annonce avec les marques chinoises.Et le même Tavares de résumer les choses ainsi : « la différence de prix entre les véhicules européens et chinois est importante. Si rien ne change dans la situation actuelle, les clients européens de la classe moyenne se tourneront de plus en plus vers les modèles chinois. Le pouvoir d’achat de nombreuses personnes en Europe diminue sensiblement. »
Est-ce à dire qu’il faudra se préparer à de la casse sur le marché européen dans les années à venir ? Et que la France sera particulièrement touchée ? Sans nier qu’une période de turbulences s’annonce, la France dispose malgré tout d’atouts intéressants à faire valoir.

Des voitures attractives. Annoncée pour 2024, l’avenante future Renault 5 électrique est l’un des modèles les plus attendus du moment. Elle connaîtra rapidement une déclinaison musclée chez Alpine, dérivée du concept-car A290_β (ou « A 290 Bêta ») récemment présenté par Caradisiac.

Peugeot ne sera pas en reste, comme il l’a laissé entrevoir en présentant son projet E-Lion (Musk?) en début d’année. Au programme, une gamme intégralement électrifiée à l’horizon 2030, laquelle reposera sur la plateforme STLA commune à tout le groupe. Celle-ci se déclinera en plusieurs formats, capacités de batteries et niveaux de puissance. La première à en profiter sera la nouvelle E-3008 dévoilée en septembre, et pour laquelle est annoncée une autonomie allant jusqu’à 700 km. Citroën et DS, dans le même groupe, disposeront de ces mêmes bases techniques pour leurs futurs modèles.

Des voitures malines. Le succès de la Citroën Ami, assez inattendu il faut le reconnaître, montre qu’il existe une place pour des véhicules électriques légers, à prix réduit et peu gourmands en matières premières. Des modèles conçus dans cet esprit peuvent convenir à l’essentiel des besoins quotidiens d’une majorité d’automobilistes, loin des tanks électriques suréquipés dont on peine souvent à percevoir les vertus écologiques. Citroën plancherait par ailleurs sur une voiture électrique abordable, dans l’esprit du concept-car Oli, dont votre smartphone ferait office de système d’infodivertissement. Simplicité, frugalité et – on l’espère – rentabilité.
Des solutions de mobilité innovantes. On se souvient que Mobilize, la filiale de Renault dédiée aux nouvelles mobilités, avait présenté au dernier Mondial de l’auto une Mobilize Duo destinée à l’autopartage dans les grandes villes. Sans être inédites, ces solutions de mobilité innovante aiguisent les appétits. Free2Move, filiale de Stellantis dédiée aux nouvelles mobilités, affiche ainsi de 6 millions de clients, 450 000 véhicules disponibles à la location et 500 000 places de parking. A Paris, où elle exploite une flotte de 700 véhicules (Fiat 500e et Peugeot e-208), l’entreprise se targuait d’une à trois chiffres en début d’année.

Un bonus écolo qui favorisera l’industrie tricolore. On peine encore à percevoir les contours précis du bonus écolo tel qu’il s’appliquera l’an prochain, mais la certitude est que celui-ci sera conçu pour éviter de bénéficier trop ouvertement aux modèles Made in China. Emmanuel Macron l’a d’ailleurs clairement annoncé  en disant qu’il fallait « faire de la France le premier pays européen à repenser les conditions d’accès du bonus écologique pour qu’il prenne en compte l’empreinte carbone de la fabrication des véhicules. »

En d’autres termes, par un savant calcul dont seuls Bercy ont le secret, seront pris en compte « l’origine de la batterie, la construction du moteur, l’acier incorporé au véhicule et l’utilisation de matériaux recyclés ou biosourcés. » (Le Parisien, 12/05) 
On n’en sait guère plus pour le moment, mais faisons confiance aux pouvoirs publics pour préparer un système bien ficelé…qui toutefois risque de faire mal à une star du groupe Renault telle que la Dacia Spring. Fabriquée en Chine, la citadine électrique roumaine risque de pâtir des règles bientôt en vigueur. Mais si cela permet de soutenir une R5 fabriquée en France, ce sera un moindre mal.

Le « made in France » accélère. Une filière de production de batteries se met progressivement en place en France, comme on en aura l’illustration le 30 mai avec l’inauguration de l’usine – pardon, la Gigafactory, c’est plus chic – ACC dans les Hauts-de-France, dont les co-actionnaires sont les groupes Stellantis, Mercedes-Benz et TotalEnergies.

Début mai, c’est le taïwanais Proligium qui annonçait son intention d’investir plus de 5 milliards dans une giga-usine de batterie dans la même zone géographique, où l’on trouve aussi Verkor, start-up grenobloise qui va notamment fournir à Renault des batteries pour ses modèles haut de gamme. Renault  implante par ailleurs dans le Nord la société ElectriCity, qui regroupe ses trois usines de Douai, Maubeuge et Ruitz, tandis que Stellantis vient d’ouvrir à Douvrin son « Battery Training Center», le premier centre de formation aux métiers de la batterie.
Et les Français, dans tout ça ? Ils renâclent un peu, râlent (à juste titre) quand ils découvrent les tarifs des voitures électriques que l’on cherche à  leur imposer et s’inquiètent (à juste titre là encore) des entraves à la mobilité longue distance qu’imposent les modèles « zéro émission ».

Pour autant, les chiffres montrent que ces mêmes Français se laissent de plus en plus tenter par la mobilité électrifiée, comme le montrait un article de Caradisiac récemment publié. Au premier trimestre 2023, les électriques ont représenté 21% des immatriculations de voitures neuves. La révolution s’opère donc plus rapidement qu’on ne l’imaginait.

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