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Voitures électriques : surtaxer les véhicules chinois serait « nuisible » à l'UE, estime Pékin

voitures électriques : surtaxer les véhicules chinois serait « nuisible » à l'ue, estime pékin

Si l’UE décide d’imposer ces surtaxes, elle se lance dans un périlleux exercice d’équilibriste entre défense de ses intérêts économiques et volonté d’éviter une guerre commerciale avec Pékin.

Les tensions entre l’Union européenne et la Chine au sujet des voitures électriques ne risquent pas de s’apaiser. Pour rappel, accusant Pékin de doper illégalement ses constructeurs sur ce marché d’avenir et de fausser la concurrence, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a lancé en septembre 2023 une enquête antisubventions sur ces voitures. La procédure n’est pas terminée mais Bruxelles s’apprêterait à annoncer, ce mercredi, imposer des surtaxes « allant jusqu’à 25% » sur les véhicules électriques chinois – en plus des taxes douanières de 10% qui ont cours actuellement, selon des sources proches du dossier auprès de l’AFP. Ces mesures compensatoires pourraient s’appliquer dès le 4 juillet.

Interrogé sur cette annonce réputée imminente, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a jugé que « cette enquête antisubventions est un cas typique de protectionnisme ».

« L’UE s’en sert comme excuse pour imposer des droits de douane sur les véhicules électriques importés de Chine », a déploré Lin Jian lors d’un point presse régulier.

Pour la Chine, « cela va à l’encontre des principes de l’économie de marché et des règles du commerce international, compromet la coopération économique et commerciale entre la Chine et l’UE, tout comme la stabilité de la production automobile mondiale et des chaînes d’approvisionnement. Au final, cela serait nuisible aux propres intérêts de l’Union européenne », a-t-il ajouté. Il a également déclaré que son pays demande « instamment à l’UE d’honorer son engagement à soutenir le libre-échange et à s’opposer au protectionnisme ».

La Chine menace

Si l’UE décide d’imposer ces surtaxes, elle se lance dans un périlleux exercice d’équilibriste entre défense de ses intérêts économiques et volonté d’éviter une guerre commerciale avec Pékin. « La Chine prendra toutes les mesures nécessaires pour sauvegarder fermement ses droits et intérêts légitimes », a prévenu Lin Jian.

La Chambre de commerce chinoise auprès de l’UE (CCCEU) a précédemment indiqué que Pékin a « préparé de nombreuses contre-mesures ». Cet organisme a fait référence à un « expert juridique », cité dans les médias chinois, selon qui « le vin et les produits laitiers européens » pourraient être ciblés, « compte tenu des subventions substantielles dans le secteur agricole de l’UE ». Elle a d’ailleurs déjà répliqué, en janvier, avec une enquête visant toutes les eaux-de-vie de vin importées de l’Union européenne, dont notamment le cognac.

En outre, la Chine se défend des accusations à son encontre. Le géant asiatique affirme que ses entreprises ont gagné leurs parts de marchés mondiales principalement grâce à la qualité de leur offre et à leurs innovations technologiques. Il faut dire que le pays, qui a doublé le Japon l’an dernier comme premier exportateur automobile mondial, a investi très tôt dans les batteries, cœur technologique des véhicules électriques dont elle a fait sa spécialité. Ainsi, en Europe, les marques chinoises progressent vite grâce à des tarifs compétitifs. Elles y sont passées de moins de 2% du marché des voitures électriques fin 2021 à près de 8% fin 2023, selon l’institut Jato. Les véhicules chinois ont notamment profité de l’interdiction, décidée par l’UE, des ventes de moteurs essence et diesel à l’horizon 2035 pour lutter contre le réchauffement climatique.

L’Europe divisée sur la question

Reste que le secteur automobile européen s’affiche divisé sur l’imposition potentielle de surtaxes sur les véhicules électriques chinois. Car celles-ci peuvent créer une inflation en Europe dans le secteur et accentuer le retard technologique des constructeurs européens, selon des analystes.

L’Allemagne a « pesé pour minimiser les droits de douane car ses constructeurs sont très engagés en Chine », a indiqué fin mai Elvire Fabry de l’Institut Jacques Delors. Audi, BMW, Mercedes et Volkswagen y réalisent en effet près de 40% de leurs ventes. « Les risques d’un conflit commercial majeur sont évidents et ses conséquences doivent être prises en compte », s’inquiète un porte-parole de la fédération de l’industrie automobile allemande VDA, appelant à « une politique qui renonce aux hausses de taxes ». Un avis partagé notamment par la Suède. « C’est une mauvaise idée (…) de démanteler le commerce mondial », a déclaré mi-mai le Premier ministre suédois Ulf Kristersson. Le constructeur suédois Volvo Cars, propriété du groupe chinois Geely, vend 42% de sa production en Europe et 24% en Chine.

Du côté des pays qui défendent la mesure de Bruxelles se trouve la France. Il faut dire que les constructeurs français Renault, Peugeot et Citroën sont absents du premier marché mondial. Paris y a donc peut d’intérêt et pousse pour protéger la filière européenne qui emploie 14,6 millions de salariés.

Les États-Unis, de leurs côtés, sont en tout cas déjà passés à l’action à ce sujet. L’administration Biden a annoncé, le mois dernier, une hausse des droits de douane sur les véhicules électriques chinois à 100%, contre 25% précédemment, transformant le marché américain en forteresse où le champion national Tesla règne sans partage.

(Avec AFP)

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