- L’équivalent d’une demi-piscine olympique en longueur
- Sécurité routière, état des routes, quelles conséquences?
- Un serpent de mer
Deux remorques, jusqu’à 60 tonnes et 25 mètres de long. Les méga camions vont-ils bientôt arriver sur les routes françaises? Leur autorisation dans tous les pays de l’UE fait partie du projet de directive “Poids et dimension”, proposée par la Commission et qui doit être votée le 12 mars en séance plénière au Parlement européen. Et un possible vote positif suscite de nombreuses questions et inquiète écologistes comme partisans du fret ferroviaire.
L’équivalent d’une demi-piscine olympique en longueur
Ces méga camions circulent déjà en en Scandinavie, depuis les années 90, et ont plus récemment été autorisés sur dérogation en Espagne ou au Portugal. Aussi appelés “gigaliners”, ces camions peuvent mesurer jusqu’à 25,25 mètres de long et peser jusqu’à 60 tonnes. C’est près de 16 tonnes de plus que les camions autorisés aujourd’hui (44 tonnes et 18,75 mètres maximum) partout en Europe, et notamment en France.
Avec ces camions géants, les transporteurs estiment pouvoir embarquer entre 50 et 75% de marchandises supplémentaires, sans avoir à rajouter des camions sur les routes. De quoi d’une certaine manière décarboner le transport en réduisant le nombre d’allers-retours. Car l’enjeu de la révision de cette directive “Poids et dimension” a pour visée de favoriser l’adoption par les transporteurs des camions électriques (voir encadré).
Cette décarbonation via les méga camions est contestée par les écologistes. “Une étude, commandée par le Secrétaire d’Etat aux Transports en 2009 à l’Observatoire Energie Environnement Transports (OEET), établit que la généralisation des méga camions “ne permet pas de réduire les émissions de CO2””, nous explique un porte-parole. “Les camions qui vont apparaître sur les routes ce seront des camions qui seront au diesel”, renchérit la députée Européenne EELV Karima Delli, membre de la commission des Transports au Parlement européen.
Sécurité routière, état des routes, quelles conséquences?
“Est-ce que les camions qu’ils vont mettre sur les routes vont être adaptés aux structures routières? Je ne pense pas. Déjà passer un rond-point avec un camion avec une simple remorque, cela devient difficile…”, s’interroge un chauffeur routier sur BFMTV.
“C’est bien pour les pays du grand Nord, où il n’y a rien, où il y a des grands axes mais ici cela ne sera pas possible”, estime un second chauffeur.
Les écologistes pointent eux du doigt la détérioration des infrastructures routières et la facture qui en découle.
Autre sujet qui inquiète: les conséquences sur la sécurité routière de ces gigaliners. Les députés ont aussi soulevé la question de la formation minimale requise des chauffeurs pour conduire de tels véhicules. A cause de leur taille, les grands camions sont souvent pointés du doigt par les usagers les plus vulnérables comme les cyclistes ou les piétons. Un autocollant angle mort est ainsi apposé sur les plus gros poids lourds pour signifier leur danger. Faudrait-il en ajouter un second pour les méga camions?
Un serpent de mer
La possible arrivée des méga camions inquiète également les tenants du fret ferroviaire. “Cela pourrait menacer le développement du transport combiné, qui est évidemment le moyen de mettre des camions jusqu’à 40 tonnes sur des wagons, ça va avoir un impact très fort”, souligne Raphaël Doutrebente, alliance 4F Fret Ferroviaire Français du Futur.
Cette question des gigaliners n’en est pas à son premier examen. Les écologistes rappellent que lors du Grenelle de l’environnement en France, en 2010, leur expérimentation avait été refusée. La question était revenue sur le tapis au milieu des années 2015 cette fois au niveau européen. Les méga camions avaient alors été écartés par l’Europe, car jugés trop dangereux.
