Dans une interview, le DG du groupe Renault détaille la façon dont il va piloter la réorganisation de l'entreprise. Morceaux choisis.
Luca de Meo, Directeur général du groupe Renault, n’est pas Carlos Tavares. Ses prises de position sont généralement moins tranchées, et les défis de son groupe, engagé dans une profonde restructuration qui lui permettra notamment de scinder les activités liées aux moteurs thermiques (en partenariat avec le groupe chinois Geely) de celles liées à la transition électrique, ne sont de toute façon pas comparables à ceux de Stellantis.
L’Italien a accordé une intéressante interview à nos confrères d’Automotive News Europe, dont nous ne résistons pas à la teneur de vous livrer quelques morceaux choisis qui éclairent les orientations à venir d’un groupe.
C’est d’ailleurs pour cela qu’il a pris en décembre la tête de l’ACEA, le lobby des constructeurs automobiles européens, organisme qu’avait quitté en juillet un certain…Carlos Tavares, qui qualifiait celui-ci de « nul » !
Au sujet de la gouvernance du groupe restructuré :
Au sujet de l’importance des datas dans la gouvernance :
« La clé était la standardisation des données. Dans chaque grande entreprise, les données pour le même fait peuvent être présentées de différentes manières, de sorte que la façon dont les ventes et le marketing voient un prix, par exemple, est différente de celle qui est vue par la finance ou la facturation. Ainsi, lorsque vous avez les mêmes données jointes et que tout le monde peut y accéder, cela change la donne. L’idée est de gérer les entreprises non pas à travers des comités ou des conseils, mais à travers les données. »
« Notre idée n’est pas de séparer Ampère en aval. L’Europe passe au tout électrique, il n’y a donc aucune raison d’avoir différentes sociétés de vente nationales. Nous pourrions avoir des personnes dans la phase de démarrage qui se concentreront sur Ampere, car nous voulons peut-être avoir une ingénierie légèrement différente de l’expérience client, y compris la charge et la maintenance. Mais je ne vais pas ériger un mur entre Ampère et les modèles non électriques parce que ça n’a pas de sens. Cependant, nous avons signé un contrat avec presque tous nos concessionnaires qui prévoit une marge de base inférieure pour les véhicules électriques. »
Au sujet d’Alpine, pour lequel Luca de Meo vise un chiffre d’affaires de 8 milliards à l’horizon 2030 :
« Nous aurons une gamme de cinq ou six voitures, entre les modèles Alpine dédiés et les dérivés Renault. Potentiellement, ils peuvent être vendus n’importe où, y compris en Chine et aux États-Unis. […] L’expansion de la marque Alpine est un voyage de 20 ans. Il faut deux ou trois générations de modèles, donc c’est un investissement conséquent. Mais le fait qu’Alpine utilise un modèle de développement électrique et léger en fait un cas unique. Il est plus proche de modèles comme Polestar, car il exploite de nombreux atouts mais possède toujours des briques technologiques uniques. […] Quand je regarde le crossover du segment C + que nous préparons, nous utilisons la plate-forme CMF-EV, mais elle est considérablement modifiée car nous avons changé l’essieu arrière, nous avons une vectorisation active de couple, nous utilisons une chimie premium pour la batterie et nous utilisons un moteur électrique plus sophistiqué.»
Au sujet de la production de voitures électriques en France :
« Nous concevons nos usines de purs véhicules électriques, en partant du produit, pour qu’elles soient extrêmement efficaces. Pour vous donner un exemple, nous avons commencé avec 2 600 pièces par voiture en moyenne dans nos usines ; nous sommes maintenant entre 1 500 et 1 600, donc nous avons baissé de plus de 40 %. Avec un EV, nous cherchons à obtenir moins de 1 000 pièces. »