A Valence en Espagne, en février 2023.
Quand les mobilités du quotidien se grippent, c’est tout un modèle de société qui entre en crise. Avec la hausse des prix du carburant, le budget transport devient insupportable pour des millions de ménages des zones périurbaines et rurales. L’accessibilité des emplois et des services, concentrés dans les grandes agglomérations, se réduit. L’impérieuse nécessité de la décarbonation de la route, dont les usages représentent près de 30 % du bilan carbone du pays, rend plus sensible encore le risque de voir se creuser les inégalités territoriales entre les villes et leurs périphéries. Le véhicule électrique, encore inaccessible à de nombreux ménages, ne suffira pas à désamorcer la bombe sociale des déplacements longs du quotidien : la situation appelle un choc d’offre de mobilités.
Le Secrétariat général à la planification écologique auprès du Premier ministre a clairement identifié le potentiel de trois leviers de report de la voiture vers des modes de déplacements collectifs : les RER métropolitains annoncés par le président de la République fin 2022, le développement du covoiturage et les lignes de cars express. Si un ambitieux programme de rénovation des voies ferrées, doté d’un budget de 100 milliards d’euros, et un plan de développement du covoiturage du quotidien ont bien été lancés, la piste des cars express est, à quelques rares exceptions près, restée un angle mort du débat public : un levier sans récit positif, un levier sans plan d’action national, un levier sans financement.
L’urgence sociale autant que climatique exige que l’on libère de la dépendance à la voiture individuelle les travailleurs essentiels qui font 20 ou 30 kilomètres pour rejoindre leur lieu de travail. Ce dont ils ont besoin, c’est d’un choc d’offre de services disponibles immédiatement, pas un choc d’offre de projets.