- Cet accident avec des voyageurs est-il habituel ?
- Que prévoit la réglementation ?
- Comment vérifie-t-on que ces pauses sont respectées ?
- Quelles autres mesures prennent les entreprises ?
- Un conducteur, même fatigué, a aussi un plan de transport à respecter. A-t-il vraiment la liberté de s’accorder des pauses supplémentaires s’il en ressent le besoin ?
- La technologie offre-t-elle des solutions aux conducteurs aujourd’hui ?
Le tragique accident de car de l’A6 était probablement lié à l’assoupissement du conducteur. La profession est pourtant mobilisée contre la fatigue au volant, insiste Jean-Sébastien Barrault, président de la fédération nationale (FNTV)
Interview – Le tragique accident de car de l’A6 était probablement lié à l’assoupissement du conducteur. La profession est pourtant mobilisée contre la fatigue au volant, insiste Jean-Sébastien Barrault, président de la fédération nationale (FNTV)
Une adolescente a trouvé la mort et douze autres passagers ont été blessés dans la nuit de samedi à dimanche au cours de l’accident d’autocar survenu sur l’autoroute A6 en Côte-d’Or. Les circonstances de l’accident demeurent imprécises mais le parquet de Dijon a révélé que le chauffeur du véhicule pensait « s’être assoupi ». Une information judiciaire pour homicide et blessures involontaires a d’ailleurs été ouverte à son encontre.
Cet accident avec des voyageurs est-il habituel ?
Fort heureusement non. C’est un accident dramatique, un accident de trop, mais il reste exceptionnel. L’autocar est le mode de transport routier le plus sûr en France. Ce n’est pas moi qui l’affirme mais l’observatoire interministériel de la Sécurité routière. Il y a 0,2 % des accidents corporels sur la route qui sont dus aux autocars. C’est extrêmement faible. Néanmoins, conducteur d’autocar est un métier sensible où le risque zéro n’existe pas, comme plein d’autres professions.
Que prévoit la réglementation ?
La réglementation de conduite autorise le conducteur à faire le trajet seul la nuit. Mais cette réglementation est plus stricte la nuit que dans la journée. La nuit, entre 21 heures et 6 heures, un conducteur n’a pas le droit de conduire plus de quatre heures d’affilée. Toutes les quatre heures, il est dans l’obligation de faire une pause de 45 minutes minimum. Le plan de transport doit s’adapter à cette contrainte. En journée, on autorise le conducteur à circuler jusqu’à 4h30 sans s’arrêter. C’est valable en France et dans toute l’Union européenne.
Comment vérifie-t-on que ces pauses sont respectées ?
Quelles autres mesures prennent les entreprises ?
Il y a une semaine de formation obligatoire tous les cinq ans pour le métier de conducteur. Dans celle-ci, la sécurité tient une place majeure et la conduite nocturne est évidemment évoquée. Ces formations apprennent aux conducteurs à détecter les premiers signaux d’endormissement. Dès lors qu’il y a un premier signal de somnolence (clignements des yeux, bâillements…), cela doit alerter le conducteur, lequel doit absolument s’arrêter à la prochaine aire ou station. On leur demande d’être extrêmement vigilants là-dessus. Autre point très important : on les sensibilise à la nécessité de se reposer et de bien dormir avant de prendre le volant. On recommande également aux entreprises d’avoir recours dès que possible au double équipage : c’est-à-dire deux conducteurs qui peuvent échanger et conduire à tour de rôle. C’est toujours mieux d’avoir un second professionnel qui soit là en cas de fatigue. Mais ce n’est qu’une recommandation. C’est forcément plus cher pour l’employeur et le client qui paie le trajet.
Un conducteur, même fatigué, a aussi un plan de transport à respecter. A-t-il vraiment la liberté de s’accorder des pauses supplémentaires s’il en ressent le besoin ?
Lorsqu’on commande un long trajet en car, on n’est pas, comme sur une ligne de train, à une minute près. En l’occurrence, concernant l’accident de l’A6, le groupe devait être conduit jusqu’à son lieu d’hébergement dans les Alpes. Croyez bien que s’il devait arriver à 7 heures, à 8 heures ou à 9 heures, ça ne change pas grand-chose, le plus important est d’arriver. Il n’y a pas de pression sur les horaires. C’est la sécurité qui prime avant toute autre chose. C’est la priorité de tous les chefs d’entreprise.
La technologie offre-t-elle des solutions aux conducteurs aujourd’hui ?
Dans les autocars les plus récents vous pouvez trouver des dispositifs qui sont analogues à ceux que l’on peut trouver sur les voitures les plus modernes. Ce sont, par exemple, des volants qui se mettent à vibrer si le véhicule sort de sa file de circulation, des freinages automatiques d’urgence lorsqu’on se rapproche trop près d’un obstacle… C’est une piste qui nous intéresse à la fédération. Le problème c’est que ces dispositifs sont encore très récents et qu’il faut attendre que le parc de véhicules soit renouvelé.
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