La Supercar… Super Star !
Dès le début des années 90, Audi caresse l’espoir de proposer une supercar. Un phantasme ultime pour un constructeur automobile qui restera souvent au stade de concept de salon, du moins jusqu’en 2006, où le rêve prend enfin les traits de la R8. Une supercar qui joue depuis à la super star…
En bref
Première génération de supercar Audi R8
Moteur V8 4.2 FSI de 420 ch et V10 5.2 FSI de 550 ch
Production de 2006 à 2014
Cote 2019 : à partir de 50 000 € (V8)
Si la R8 V10 peut couvrir le 0 à 200 km/h en 12 secondes et tracer à 316 km/h chrono en conservant, imperturbable, son cap, elle reste aussi un monstre docile, sachant parfaitement se fondre au quotidien dans la circulation.
« Piëch met en place la stratégie des petits pas avec la présentation en 1991 d’un concept tout en aluminium qui annonce clairement la couleur : l’Avus ! »
Ferdinand Piëch met en place la stratégie des petits pas, avec d’abord la présentation en 1991 d’un concept-car qui annonce clairement la couleur : l’Avus. Tout est déjà là, avec cette carrosserie intégralement en aluminium, renfermant en position centrale arrière un gros moteur. Mais ce n’est encore qu’une grosse maquette de salon, ce qui n’engage à rien, excepté vendre du rêve ! Il y a plus spectaculaire encore, avec la présentation en 2000 de l’incroyable Rosemeyer, qui est présentée lors de l’inauguration du délirant Autostadt, ce parc d’attraction à la gloire des marques du groupe Volkswagen voulu et imaginé par… Ferdinand Piëch. L’homme est au sommet de sa gloire, et plus rien ne semble impossible. D’ailleurs, pour assouvir sa soif de réussite, il réalise quelques « achats » pour le compte du groupe, en absorbant plusieurs marques, dont Lamborghini en 1998. La marque de Sant’Agata Bolognese, éternelle rivale de Ferrari, jouit encore d’une belle image de marque, mais la vieillissante Diablo est en fin de course, et il faut songer à sa remplaçante. Tout en développant la gamme…
Pour gagner en efficacité, Audi proposait en option une suspension adaptative pilotée par champ magnétique (Magnetic Ride), mais aussi des freins en carbone-céramique, permettant de gagner 9 kg.
Plutôt que de placer Lamborghini sous la tutelle de Volkswagen, qui a une culture trop populaire, Piëch à l’intelligence de la confier à Audi, qui est devenue une marque premium. Cette démarche a du sens, surtout que Piëch sait qu’il dispose enfin, grâce à Lamborghini, d’un tremplin pour créer à bon compte sa supercar Audi. Audi qui remplace tout d’abord la Diablo à moteur V12 par la Murcielago (2001), puis qui lance avec le même sérieux une GT à moteur V10 central arrière plus « démocratique », la Gallardo (2003). C’est précisément cette dernière, très bien accueillie par le public, qui servira à Audi pour développer sa première supercar. Audi va la développer à partir de sa structure en aluminium autant légère que rigide (technologie Audi Space Frame inaugurée dès 1994 sur la première A8), puis va récupérer le moteur V10. Une synergie qui va s’avérer payante pour les deux marques !
Charme latin, rigueur germanique
Si cette V8 se montre déjà très performante au point de pouvoir satisfaire 80% des amateurs, elle parait en revanche presque sous-motorisée pour les plus exigeants, tant elle se montre efficace grâce à la transmission intégrale quattro, imposée d’office. La R8 V8 est en fait un peu comme une 911 Carrera « de base »… Pour satisfaire ceux qui en veulent plus et jouer dans la cour des grands, Audi lance donc la déclinaison V10, susceptible de pouvoir inquiéter le fleuron de la 911, la déclinaison Turbo S, mais aussi tout le gratin. Elle ne se refuse rien et se trouve équipée cette fois du même bloc italien de sa cousine de chez Lamborghini.
Autant dire que cette R8 survitaminée offre le charme latin, mais la rigueur germanique en plus, car pour optimiser la fiabilité tout en jouant sur le couple et souplesse, les motoristes d’Audi vont dégonfler cet incroyable moteur à 525 ch (pour 530 Nm). Cette même rigueur se retrouve partout sur la voiture, la V10 étant très proche en apparence de la V8. Seuls quelques menus détails diffèrent, comme le diffuseur d’air et des écopes latérales un peu plus larges, les jantes en alliage de 19’’ spécifiques, sans oublier les sorties d’échappement, limitées ici à deux seulement, mais ovales et plus imposantes que sur la V8. Et la V10 se réserve d’autres coquetteries, comme des teintes spécifiques, à l’image du bleu Sepang de notre exemplaire d’essai. En fait, là où c’est vraiment le jour et la nuit… c’est à la conduite !
Vers l’infini et au-delà
A bord, c’est blanc bonnet et bonnet blanc, avec un habitacle à la finition et ergonomie exemplaire, assez vaste pour accueillir dans le plus grand confort deux grands adultes, son empattement généreux de 2m65 y contribuant. Mais la première grosse différence, est d’abord le bruit au démarrage. Si la V8 est grave, caverneuse et un rien feutrée, la V10 explose au contraire dès le démarrage, et se distingue par des tonalités plus cristallines et métalliques.
Et surtout par son souffle inépuisable, avec une allonge hors du commun, son V10 pouvant pousser comme un diable jusqu’à plus de… 8000 tr/mn ! Evidemment, chrono en main, on se pince pour y croire. Si l’exercice du 0 à 100 km/h reste du genre viril mais dans la norme pour une sportive de ce calibre, avec 3,9 sec, franchir le cap des 200 km/h en tout juste 12 sec est déjà moins commun. Mais le plus jouissif est de voir avec quelle facilité la R8 est capable de telles prouesses, y compris comme celle de filer en toute décontraction vers l’infini et au-delà à… 316 km/h. Grâce au quattro, la R8 reste ventousée au sol, semblable à un train suivant des rails imaginaires. Civilisée à faible allure, mais sauvage en « tapant » dedans sur un circuit, la R8 V10 étonne par l’étendue de son talent. En fait, seule la… Porsche 911 Turbo S en offre autant. Un compliment qui a tout de la plus belle des reconnaissances, pour celle qui reste la reine des GT !
L’avis d’Avus
Avec la R8, Audi a changé de dimension, en s’offrant un engin hors-norme digne du pedigree des meilleures GT au monde. Si elle fut moins révolutionnaire que la mythique quattro en son temps, l’élitiste R8 a cependant apporté à Audi une image haut de gamme et très sportive qui lui manquait. Des valeurs fortes, portées dans le monde entier à l’écran dans la franchise Iron Man, signe que les super-héros ont bon goût !
L’intérieur a tout d’une vraie bulle sensorielle, où rien n’a été laissé au hasard. Les compteurs cerclés de chrome, nichés derrière un volant à méplat, sont parfaitement clairs et lisibles, tandis que les sièges baquet en cuir Nappa garantissent un confort et un maintien latéral parfaits.
Et paradoxalement, si malgré sa formidable polyvalence la R8, sans doute trop chère, n’est jamais parvenue à inquiéter les ventes de la 911, c’est précisément cette contre-performance qui participe désormais son exclusivité. Se faire autant rare que désirable, voilà le privilège des plus belles GT…
Fiche Technique
Audi R8 V10 5.2 FSI
- Moteur : 10 cyl. en « V » à 90° 5204 cm3
- Puissance (ch à tr/mn) : 525 à 8000
- Couple (Nm à tr/mn) : 530 à 6500
- Transmission : Intégrale
- Boîte : BVM 6 ou Séquentielle 6 vitesses R tronic
- Freins : 4 disques ventilés (carbone-céramique en option)
- Pneumatiques : 235/30 R 19 (AV) – 295/30 R 19 (AR)
- L x l x h (en m) : 4,43 x 1,93 x 1,25
- Coffre (en litres) : 100 + 90 litres.
- Réservoir (en litres) : 90
- Poids (à vide) : à partir de 1620 kg
- Conso urbaine/extra urbaine/mixte : 22,6 / 10,2 / 14,7
- Rejet de CO2 (g/km) : 351
- 0 à 100 km/h : 3,9 sec.
- 0 à 200 km/h : 12 sec.
- Vitesse maxi : 316 km/h
Les plus
- Ligne superbe
- Efficacité globale
- Performances hors-normes
- Habitacle vaste et ergonomique
- Polyvalence
Les moins
- Boîte R-tronic rugueuse
- Intérieur de la V10 semblable à la R8 V8
- Piège à permis !