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Automobile : en Allemagne, le grand retour de la voiture thermique

automobile : en allemagne, le grand retour de la voiture thermique

Le directeur général de Porsche pense que la fin des voitures thermiques en 2035 pourrait être retardée.

Si les ventes de voitures électriques ont augmenté en moyenne de 37 % en Europe en 2023, cette hausse n’est que de 11 % en Allemagne. C’est même le pays européen où la progression est la plus lente. Surtout, les immatriculations de voitures électriques se sont effondrées de près de 50 % au mois de décembre dans le pays. En cause : la suppression brutale des aides à l’achat à hauteur de 4.500 euros pour les véhicules de moins de 40.000 euros et de 3.000 euros pour ceux jusqu’à 65.000 euros.

En janvier, la tendance baissière a continué avec 22.474 voitures électriques commercialisées en Allemagne, le deuxième niveau le plus bas depuis près de deux ans. C’est un « désastre », a confié Constantin Gall, expert du cabinet EY à l’AFP, ajoutant que :

« De nombreux acheteurs de voitures neuves choisiront désormais à nouveau un moteur à combustion, ou reporteront à ce stade leur décision d’achat et continueront à utiliser leur véhicule existant au lieu d’opter pour une voiture électrique ».

Outre-Rhin, le recul des ventes de voitures électriques avait commencé avant l’arrêt des aides, explique une récente étude du cabinet Deloitte publiée en début de semaine. Réalisée entre septembre et octobre, elle démontre que près d’une Allemand sur deux (49%) envisageait déjà un véhicule thermique pour l’achat de leur future voiture, un chiffre en hausse de 4 points par rapport à 2022, alors qu’il ne faisait que régresser ces dernières années. Outre l’arrêt des subventions, qui pèsent tout de même pour un tiers dans les décisions d’achat de véhicules électriques, le coût de ces derniers restent le principal problème.

Changement de discours

En outre, la tendance baissière des achats de voitures électriques en Allemagne s’accompagne d’un retour des discours sceptiques envers cette technologie. Dernièrement, c’est Porsche qui a remis en doute la date de 2035 pour l’arrêt des ventes de voitures thermiques neuves. Lors de la présentation du Macan 100 % électrique, le dirigeant de la firme allemande a déclaré qu’il y avait « beaucoup de discussions en ce moment autour de la fin du moteur à combustion. Je pense que cela pourrait être retardé ». La marque, reconnue pour ses moteurs thermiques, n’envisage pas de passer au tout électrique et pousse plutôt les carburants de synthèse.

Après s’être converti tardivement à l’électrique Carlos Tavares émet à nouveau des doutes depuis quelques mois, malgré plus de 50 milliards d’euros d’investissement dans l’électrification prévus pour les dix prochaines années. « J’ai deux scénarios : une accélération des voitures électriques », si les « progressistes dogmatiques » gagnent, ou « un ralentissement des voitures électriques », si les « populistes » l’emportent, a déclaré le dirigeant de Stellantis lors d’une conférence de presse en janvier. Les élections européennes en 2024 font vaciller les discours unanimes autour de l’électrique, que les constructeurs diffusaient largement depuis ces dernières années. Aux Etats-Unis aussi, l’approche des élections présidentielles marque le doute dans le démarrage de l’électrification du pays. Selon Deloitte, les Américains achèteraient désormais à 67 % une voiture thermique pour leur prochain véhicule, contre 58 % l’année dernière.

Clause de revoyure en 2026

Ce recul de l’Allemagne et de certains dirigeants montre que la dynamique d’électrification souhaitée par l’Europe reste fragile, et fortement dépendante des aides des Etats. « Ne pas soutenir l’achat des véhicules propres, qu’ils soient électriques ou à hydrogène, serait une grave erreur », avait d’ailleurs soutenu Carlos Tavares, en décembre dernier, lors de l’inauguration d’une usine Fiat en Italie.

D’autant que l’Europe a instauré une clause de revoyure en 2026 pour évaluer les progrès accomplis et rediscuter des objectifs pour 2035. Certains analystes, comme Deloitte, estiment que l’on est déjà sur le pire scénario pour les atteindre et juge la situation « préoccupante ». L’objectif de 2035 pourrait ainsi être revu. Pour rappel, l’Europe s’est fixée comme objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) d’au moins 55 % d’ici à 2030, par rapport aux niveaux de 1990, et atteindre la neutralité climatique à l’horizon 2050.

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