Le directeur général de Porsche pense que la fin des voitures thermiques en 2035 pourrait être retardée.
En janvier, la tendance baissière a continué avec 22.474 voitures électriques commercialisées en Allemagne, le deuxième niveau le plus bas depuis près de deux ans. C’est un « désastre », a confié Constantin Gall, expert du cabinet EY à l’AFP, ajoutant que :
« De nombreux acheteurs de voitures neuves choisiront désormais à nouveau un moteur à combustion, ou reporteront à ce stade leur décision d’achat et continueront à utiliser leur véhicule existant au lieu d’opter pour une voiture électrique ».
Changement de discours
En outre, la tendance baissière des achats de voitures électriques en Allemagne s’accompagne d’un retour des discours sceptiques envers cette technologie. Dernièrement, c’est Porsche qui a remis en doute la date de 2035 pour l’arrêt des ventes de voitures thermiques neuves. Lors de la présentation du Macan 100 % électrique, le dirigeant de la firme allemande a déclaré qu’il y avait « beaucoup de discussions en ce moment autour de la fin du moteur à combustion. Je pense que cela pourrait être retardé ». La marque, reconnue pour ses moteurs thermiques, n’envisage pas de passer au tout électrique et pousse plutôt les carburants de synthèse.
Après s’être converti tardivement à l’électrique Carlos Tavares émet à nouveau des doutes depuis quelques mois, malgré plus de 50 milliards d’euros d’investissement dans l’électrification prévus pour les dix prochaines années. « J’ai deux scénarios : une accélération des voitures électriques », si les « progressistes dogmatiques » gagnent, ou « un ralentissement des voitures électriques », si les « populistes » l’emportent, a déclaré le dirigeant de Stellantis lors d’une conférence de presse en janvier. Les élections européennes en 2024 font vaciller les discours unanimes autour de l’électrique, que les constructeurs diffusaient largement depuis ces dernières années. Aux Etats-Unis aussi, l’approche des élections présidentielles marque le doute dans le démarrage de l’électrification du pays. Selon Deloitte, les Américains achèteraient désormais à 67 % une voiture thermique pour leur prochain véhicule, contre 58 % l’année dernière.
Clause de revoyure en 2026
D’autant que l’Europe a instauré une clause de revoyure en 2026 pour évaluer les progrès accomplis et rediscuter des objectifs pour 2035. Certains analystes, comme Deloitte, estiment que l’on est déjà sur le pire scénario pour les atteindre et juge la situation « préoccupante ». L’objectif de 2035 pourrait ainsi être revu. Pour rappel, l’Europe s’est fixée comme objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) d’au moins 55 % d’ici à 2030, par rapport aux niveaux de 1990, et atteindre la neutralité climatique à l’horizon 2050.