Des Boliviens passent à côté d’un bureau de change, à la Paz, le 19 février 2024.
En Bolivie, cela fait des mois que le président Luis Arce et ses ministres tentent de rassurer la population en expliquant qu’il n’y a pas de crise économique dans le pays. Pourtant, l’accord qui vient d’être signé avec les représentants des entreprises semble dire tout le contraire, rapporte notre correspondant à La Paz, Nils Sabin.
Ces derniers jours, plusieurs entreprises importatrices de machines ou encore de médicaments avaient augmenté leurs prix, faute de dollars. « Il faut prendre des mesures urgentes pour normaliser les opérations en dollars à court terme. Le secteur est prêt à aider avec des suggestions, des propositions et des alertes », assurait en fin de semaine dernière le président de la confédération des entrepreneurs privés.
Fin des quotas d’exportations et subventions pour le carburant
«Â Les plus gros acheteurs industriels de carburant sont le secteur agro-exportateur, le BTP, l’industrie minière et le transport. L’idée, c’est que l’entreprise publique qui importe le carburant le vende à prix réduit à ces secteurs », a expliqué Marcelo Montenegro, le ministre de l’Économie. Ce dernier a également indiqué que le gouvernement avait l’intention de récolter jusqu’à cinq milliards de dollars par l’intermédiaire des secteurs agricole et minier.
Des réserves de dollars divisées par deux en un an
Les mesures ont été saluées par différents secteurs économiques, qui espèrent un retour à la normal dans les prochaines semaines. Le constat est criant : les réserves boliviennes en billets verts ont plongé, pour passer de 15 milliards de dollars il y a dix ans, à moins de 2 milliards de dollars aujourd’hui. Elles ont été largement sapées par la baisse de la production et des exportations de gaz naturel, un pilier de l’économie du pays au cours des vingt dernières années.
Pour les camionneurs en grève à La Paz, cette baisse drastique des stocks retarde surtout les paiements. « Les pertes se chiffrent en millions », a rapporté Ramiro Barrero, dirigeant du syndicat des routiers, à Reuters. « Cela fait des mois que nous n’avons pas été payés. »
(Et avec agences)
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