Il y a tout juste trente ans, Citroën présentait la Xantia au public du Salon de Genève. Pour fêter cet anniversaire, L'argus a repris le volant de la version de pointe V6 Activa, toujours plaisante, et de l'infatigable 1.9 TD.
- La plus vendue des Xantia : la 1.9 TD
- La Xantia superlative : la V6 Activa
- Au volant de la Xantia 1.9 TD
- Au volant de la Xantia V6 Activa
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Pour les 30 ans de la Xantia, nous avons pris le volant de la crème de la gamme : l’Activa V6.
Adrien Cortesi
Les berlines moyennes Citroën sont-elles toutes condamnées au même destin ? Dans l’inconscient collectif, la Xantia a suivi très exactement le même chemin que les GS, GSA et BX. Après avoir brillé sur le plan commercial, elle a hérité de la réputation infamante de « voiture de grand-père », rangée au même rayon que les charentaises, le béret basque ou le gigot-flageolets du dimanche. Comme ces derniers (sauf peut-être le gigot), elle semble entamer un retour en grâce inattendu. En témoigne le succès remporté par l’événement organisé par le conservatoire Citroën le 5 mars 2023, date anniversaire de la présentation de la voiture au Salon de Genève 1993.
À l’époque, la Xantia constituait une vraie rupture. Elle se démarquait d’abord par son style, plus consensuel au point de remporter le titre de plus belle voiture l’année de son lancement. Ses lignes agréables ont continué de plaire tout au long de sa carrière, si bien que le restylage de la berline en 1999 fut symbolique. C’est Bertone, le carrossier de la BX, qui est à leur origine, mais sans le trait de crayon radical du designer Gandini, remplacé par Marc Deschamps.
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Très appréciée pour son esthétique, la Citroën Xantia n'a été que peu retouchée lors du restylage introduit fin 1998.
Adrien Cortesi
La Xantia tranchait aussi radicalement par sa qualité de finition et de fabrication, sanctionnée par un poids en hausse de 200 kg. Comme la Peugeot 306 ou la Renault Laguna de première génération, elle appartenait à cet âge d’or de l’industrie automobile française, qui cherchait la qualité absolue pour oublier les années 1980. Plus robuste, la Xantia a été voulue plus bourgeoise aussi, peut-être pour exorciser l’échec de la XM. À la place des très sportives BX Sport et GTI, c’est donc une variante V6 qui a chapeauté la gamme à partir de 1997.
Cette vocation feutrée ne doit pas faire oublier que cette Citroën a marqué l’histoire de l’automobile d’une giclée indélébile de LHM grâce à sa version Activa. Capable de virer à plat grâce à son système actif de contrôle du roulis, elle s’est offert le luxe d’humilier plus d’une sportive au fameux test de l’élan réalisé par le magazine suédois Teknikens Värld. De quoi nourrir une légende encore tenace et des kilomètres de sujets de discussion à la grande époque des forums internet.
La plus vendue des Xantia : la 1.9 TD
On entend déjà certaines dents grincer d’ici : comment peut-on mettre à l’honneur un diesel dans un sujet « rétro » ? Ignorer cette motorisation à propos de la Xantia reviendrait pourtant à passer à côté du sujet. En France, dès 1994, 66 % des Xantia étaient vendues en diesel ! Née à l’époque où ce carburant était porté par la montée en puissance des voitures de société en Europe, cette Citroën a connu son plus grand succès en version 1.9 TD, introduite en juillet 1993. Fort de 92 ch, ce bloc XU9D partagé avec de nombreux modèles du groupe était pourtant loin d’être la seule offre disponible. La Xantia a également connu des versions 1.9 D et SD de 71 ch et 75 ch, dont les performances anémiques laissent quelques souvenirs émus, mais aussi les 2.1 TD de 110 ch et, à partir de 1999, les 2.0 HDI en versions 90 ch et 110 ch.
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La finition SX des Xantia a été très diffusée.
Adrien Cortesi
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Les feux fumés sont une caractéristique des Xantia phase 1.
Adrien Cortesi
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La finition SX des Xantia phase 1 avait droit à ces enjoliveurs sur jantes tôle de 14 pouces.
Adrien Cortesi
La 1.9 TD s’affirme comme la Xantia « roule toujours », qui fait encore le bonheur de nombreux ménages aux moyens réduits. Dans un état remarquable, le modèle 1994 de couleur sable Phénicien que nous présente Hervé a échappé à ce destin puisqu’il n’a pas encore franchi la barre des 100 000 km. Héritée de son père, l’auto a en effet passé de longues années dans un garage sans rouler, avant de reprendre une fière carrière entre ses mains. Une voiture de famille par excellence, présentée dans la finition « SX » de milieu de gamme. Celle-ci profitait en série de la direction assistée, de vitres électriques et d’une banquette fractionnable… mais pas de vitres teintées. Une dotation qui échappait à la très sophistiquée suspension Hydractive II à régulation électronique, au profit d’un système passif traditionnel à six sphères (cinq jusqu’en décembre 1993).
La Xantia superlative : la V6 Activa
Après avoir goûté à la Xantia 1.9 TD, Hervé, ingénieur de son état, a eu l’occasion d’essayer un modèle Activa et n’a eu alors de cesse d’en acquérir un. Mécanicien chevronné, il apprécie cette technologie considérée par beaucoup comme l’aboutissement de la suspension hydraulique selon Citroën. Hervé a trouvé son bonheur avec un modèle de 2000, l’une des plus belles Activa qui subsistent. Non seulement l’auto profite d’un kilométrage raisonnable, rare sur ces modèles, mais elle se trouve dans sa configuration la plus prestigieuse : la V6, dotée du dernier multicylindre hexagonal, l’ES9 3.0 24 soupapes partagé avec tous les hauts de gamme français jusqu’en 2010. Ce moteur de 194 ch chapeaute la gamme à partir de janvier 1997.
Le vert Véga est une couleur très courante sur la Citroën Xantia. Adrien Cortesi
Les modèles Xantia Activa sont appréciés des amateurs de technique. Si ces véhicules fonctionnent bien, ils se présentent rarement dans un aussi bel état cosmétique. Adrien Cortesi
Si la motorisation V6 était également proposée sur les breaks Xantia, ce n'était pas le cas du système Activa. Adrien Cortesi
L'aileron était de série sur la Citroën Xantia Activa V6. Adrien Cortesi
Le système Activa, bien entendu géré par l’électronique, ajoute à la suspension hydractive deux vérins reliés aux barres antiroulis qui limitent l’inclinaison à 0,30 degré. Cette Xantia concourt ainsi au record du nombre de sphères embarquées puisqu’elle en compte pas moins de dix ! Notre modèle phase 2 se reconnaît d’extérieur à son nez, à ses optiques de phare et à ses boucliers plus arrondis, et à l’intérieur à la disparition de la fameuse barre de maintien. Enfin, en bonne Activa, cette Xantia est identifiable à ses magnifiques jantes en alliage « Venise », à ses fiers logos et à son imposant aileron.
Au volant de la Xantia 1.9 TD
Qui fait l’expérience de monter dans une Xantia après être descendu d’une BX ne peut que goûter la différence. Certes, le style de la planche de bord ne recèle aucune fantaisie, sinon l’étonnante barre de maintien devant le passager spécifique aux phases 1. Mais la qualité de ses plastiques et des assemblages suscite des exclamations d’admiration. En dépit de la disparition du volant monobranche, on est pourtant bien à bord d’une Citroën, généreuse en espace à l’avant comme à l’arrière et pourvue d’une sellerie moelleuse à souhait. Le démarrage obéit encore à la cérémonie du préchauffage oublié des diesels modernes : il convient d’attendre l’extinction de la petite boucle lumineuse au tableau de bord pour engager le démarreur. Un concert de claquement se fait alors entendre, mais c’est provisoire. Ce n’est qu’à froid que le brave XUD se montre vraiment bruyant, l’insonorisation des Xantia diesel ayant été particulièrement soignée.
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On perçoit bien la prise de roulis, nettement supérieure à celle de l'Activa, sur cette Xantia SX.
Adrien Cortesi
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L'ambiance à bord de la Xantia est plus austère que sur les BX, mais la finition est bien meilleure.
Adrien Cortesi
Le 1.9 TD offre toutefois quelques sensations résolument « vintage », à commencer par un effet turbo très marqué qui incite à rétrograder souvent pour profiter de reprises efficaces. Une fois ce mode d’emploi intégré, cette Xantia se révèle déjà efficace et n’a rien du caractère de poumon que l’on associe aux diesels anciens. Les amateurs du confort Citroën traditionnel retrouvent par ailleurs toutes leurs habitudes à bord de ce modèle dépourvu de l’Hydractive. Certes le roulis est plus marqué, mais le moelleux de la suspension reste inégalable, semblable à ce que pouvait proposer une BX. On s’imagine parfaitement parcourir des milliers de kilomètres à bord de cette Xantia confortable et attachante malgré l’odeur caractéristique qui se dégage de son échappement.
Au volant de la Xantia V6 Activa
N’y allons pas par quatre chemins : le temps n’a pas émoussé l’impression spectaculaire que procure la conduite d’une Xantia Activa. Dès le premier virage, tous les poncifs associés à une tenue de route supérieure se bousculent dans le cerveau. Oui, c’est un vrai « vélo », un « rail », elle « efface la route ». Mieux encore, elle « transforme les virages en lignes droites ». C’est une sensation de facilité absolue qui se dégage de sa conduite. Et l’absence de roulis déconcerte, surtout sur une telle berline. On perçoit immédiatement que ses limites d’adhérence sont très élevées, même si les pneus que Michelin avait conçus spécialement pour elle ne sont plus disponibles. Le mythe est donc sauf, mais il y a un prix à payer. Beaucoup plus ferme, moins filtrée, l’Activa n’offre pas un confort tout à fait « Citroën ». Quant au pilotage de la suspension à deux lois – confort et sport –, il ne propose pas la latitude d’ajustement des systèmes modernes.
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Le système Activa basé sur quatre vérins hydrauliques intervient à partir d'une inclinaison de 0,30 degré.
Adrien Cortesi
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La Xantia Activa est avant tout une grande routière. La plupart des modèles ont aujourd'hui un kilométrage très élevé.
Adrien Cortesi
Trouver une Xantia aujourd’hui
Contrairement à la BX, la Xantia n’est pas encore l’objet d’un phénomène de mode. Beaucoup la considèrent comme une simple voiture d’occasion. Même si ce marché est au plus haut, ses prix restent très doux, surtout lorsqu’il s’agit d’une version quatre cylindres essence en finition SX, la plus répandue en annonces. Le plus difficile est d’en trouver une dans un état qui justifie de l’acquérir. Pas question en effet d’envisager une restauration sur un modèle dont la cote dépasse difficilement les 2 000 € pour un exemplaire parfait. Paradoxalement, les diesels restent les plus demandés, surtout lorsque leur kilométrage est raisonnable. Ceci n’est pas courant, certains véhicules dépassant allègrement les 400 000 km. En dehors du V6 qui se trouve entre 6 000 et 8 000 € en bel état, la motorisation Turbo CT de 150 ch apparaît comme la plus recherchée. Mais elle s’est raréfiée, souvent rachetée pour récupérer son moteur. Ne négligez pas non plus les breaks, élégants et logeables, qui ont également eu droit au V6. Attention toutefois à la rouille, qui attaque fort sur cette carrosserie.
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La suspension non hydractive de la Citroën Xantia reste la plus moelleuse.
Adrien Cortesi
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Cette Citroën Xantia 1.9 TD de 1994 est ici présentée en finition SX.
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Tout change lorsqu’on parle de l’Activa, qui possède ses zélateurs, réunis dans l’Activa Club fondé en 2017. Bien entendu, la V6 en reste la plus recherchée, même si la spéculation n’est pas encore de mise. Deux très beaux exemplaires peu kilométrés proposés aux enchères en février 2023 chez Artcurial et en mars chez Brioult Enchères n’ont ainsi pas trouvé preneur, la faute à une mise à prix supérieure à 15 000 €. Prêtez une attention particulière à l’entretien et au bon fonctionnement de la suspension car de nombreuses pièces ne sont plus disponibles, même si l’Activa Club fait des miracles pour proposer des solutions.
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La motorisation V6 n'est arrivée que tardivement dans la carrière de la Xantia, début 1997.
Adrien Cortesi
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Avant d'être proposé en V6, le système Activa était disponible avec d'autres motorisations.
Adrien Cortesi
Enfin, n’hésitez pas à investir plus pour un modèle doté d’un kilométrage raisonnable et en bel état cosmétique : ce sont eux dont le prix est le plus susceptible de monter dans les années à venir. En attendant, la cote évolue entre 5 000 € et 7 000 € pour une belle Activa TCT, tandis que les diesels dotés de cette technologie sont les plus accessibles. Prévoyez un minimum de 4 000 € pour vous offrir un exemplaire de qualité. Quoi qu’il en soit, en version Activa ou non, la Xantia est l’archétype de la youngtimer à acheter aujourd’hui, avant que l’offre ne se raréfie et les prix grimpent.
Un grand merci à Hervé, le propriétaire, mais aussi à son camarade François pour la gentillesse et la patience dont ils ont fait preuve durant toute la journée de prises de vue. Merci aussi à l’Activa Club pour son aide précieuse.
| Xantia 1.9 TD | Xantia V6 Activa | |
| Dimensions | ||
| Longueur | 4,44 m | 4,52 m |
| Largeur | 1,76 m | |
| Hauteur | 1,38 m | 1,4 m |
| Coffre | 480 l | |
| Réservoir | 65 l | |
| Pneus de série | 185/65 R14 | 205/60 R15 |
| Technique | ||
| Moteur | 4 cylindres diesel turbo | V6 atmosphérique |
| Cylindrée | 1 905 cm3 | 2 946 cm3 |
| Puissance | 92 ch à 4 000 tr/min | 194 ch à 5 500 tr/min |
| Couple | 196 Nm à 2 2500 tr/min | 267 Nm à 4 000 tr/min |
| Transmission | aux roues avant | aux roues avant |
| Boîte de vitesses | mécanique à 5 rapports | |
| Poids à vide | 1252 kg | 1 468 kg |
| Performances | ||
| 0 à 100 km/h | 12,5 s | 7,6 s |
| Vitesse max. | 180 km/h | 230 km/h |
| Prix | ||
| Prix du neuf | 133 100 F (juillet 1993) | 206 500 F (mars 1997) |
| Prix en occasion | entre 1 000 et 3 000 € | entre 12 000 et 15 000 € |
