Un douanier finlandais s’adresse à des migrants faisant la queue au poste-frontière de Salla, à la frontière entre la Finlande et la Russie, le 23 novembre 2023.
C’est une crise qui dure depuis maintenant trois mois entre Helsinki et Moscou. Des milliers de migrants attendraient de passer dans le pays scandinave depuis la Russie. Voici l’alerte qui a officiellement été lancée ce mardi 20 février par la ministre de l’Intérieur finlandaise, Mari Rantanen. « Nous disposons d’informations selon lesquelles des milliers de personnes attendent de passer en Finlande du côté russe », a déclaré la ministre lors d’une conférence de presse. Cela représente « une menace pour la société », a-t-elle ajouté. Cette dernière a cependant refusé de préciser comment les autorités finlandaises avaient obtenu ces informations.
Mais la réalité est bien différente, selon Jussi Laine, professeur à l’université de l’est de la Finlande et spécialiste des questions frontalières. « Il n’y a aucune preuve tangible qui confirme ça. Les chiffres dont elle parle ne sont que des estimations, pas des données vérifiées. Il n’y a en ce moment que quelques migrants qui attendent de passer côté finlandais », estime-t-il au micro de Julien Chavanne,du service international de RFI.
Durcissement du droit d’asile, renforcement des patrouilles à la frontière…
La Finlande a déjà renforcé ses patrouilles le long de sa frontière. L’agence européenne de surveillance Frontex a de son côté déployé 55 agents sur place début décembre. Le pays nordique a également entamé en février 2023 la construction d’une clôture de trois mètres de hauteur sur 200 kilomètres à sa frontière, pour endiguer de potentiels futurs mouvements de populations, détaille InfoMigrants.
Mais pour le professeur Jussi Laine, cette réaction d’Helsinki est déjà une victoire pour la Russie. « Clairement, ça a secoué la société finlandaise. Et la réaction du gouvernement a été très forte. Donc si l’objectif de la Russie était de déstabiliser et de secouer les Finlandais, dans ce cas, ils ont réussi. Mais à la fin, les migrants, ce ne sont pas eux le problème », lâche l’enseignant.
Frontière fermée au moins jusqu’au 14 avril
Le pays scandinave accuse depuis plusieurs semaines Moscou d’orchestrer une crise migratoire à ses portes. De son côté, le Kremlin nie et rejette ces accusations. Malgré tout, la frontière avec la Russie restera fermée au moins jusqu’au 14 avril, a déclaré le gouvernement, si ce n’est plus. Car d’après le gouvernement, avec une météo plus clémente, les migrants pourraient être davantage encouragés à traverser la frontière, avec le soutien appuyé des autorités russes.
(Et avec agences)