- La route façon rallye avec l’Atrax
- La route façon circuit avec la LM1
- Le grand tourisme teinté de compétition avec la Barchetta
Atrax, Barchetta, LM1, trois modèles annoncés pour 2024 d’un constructeur pourtant encore inconnu mais portant un nom célèbre. Neveu de l’ex-pilote de F1 français Jacques Laffite, Bruno Laffite cofonde Laffite Automobili. Au programme, des voitures très exclusives 100 % électriques inspirées de différents univers de la compétition, homologuées pour la route et dessinées par le studio Giugiaro.
Proposer une supercar originale et sensationnelle ne suffit pas pour percer, l’image est primordiale. Et celle-ci passe bien souvent par un nom, si possible évocateur de performance si le but est de vendre des voitures de sport à prix d’or. Certains veulent faire renaître des constructeurs légendaires tels que Delage, sous l’impulsion de Laurent Tapie et son projet d’une bi-place « D12 » inspirée de la F1. D’autres souhaitent créer leur propre histoire. Le nom est, là encore, français et célèbre mais faisant écho à une histoire plus récente : Laffite Automobili.
Une référence qui rappelle avant tout le pilote tricolore Jacques Laffite, aux 176 Grand-Prix de Formule 1 entre 1974 et 1986, dont six terminés en tête. Derrière cette entreprise se cache en réalité Bruno Laffite, neveu de Jacques et pilote professionnel dans les années 90. Il cofonde la société avec son acolyte des bancs de l’école de commerce Pascal Cohen et débarque en ce deuxième trimestre 2023 avec la présentation de pas moins de trois supercars électriques.
Une marque cependant italienne, fondée à Turin, car relevant de deux principaux partenariats transalpins. Le premier pour le design avec le studio GFG Style de Giorgetto et de son fils Fabrizio Giugiaro, grand nom de la carrosserie automobile. Toute la gamme Laffite Automobili leur doit ses codes esthétiques. Le deuxième pour le développement technique et la fabrication avec L.M. Gianetti, expérimenté dans la production de pièces, de structures et de prototypes de course pour de nombreuses écuries, notamment en Formule 1 et en rallye WRC.
La route façon rallye avec l’Atrax
Il s’agit de l’Atrax, rappelant les tout-terrain de rallye-raid et dans ce cas précis, avec sa motorisation électrique, les engins du championnat Extreme E. Les performances sont en rapport avec ceux-ci puisque les bolides de cette compétition développent 680 ch pour 1 780 kg et passent de 0 à 100 km/h en 4,5 sec. L’Atrax est plus lourd, avec pas moins de 2 200 kg. Mais il est aussi plus puissant avec un moteur sur le train arrière de 1 167 ch et 2 500 Nm de couple. Une force titanesque rendue possible par une boîte de vitesses à deux rapports pour favoriser le couple à bas régime. Les 100 km/h seraient alors atteints en 3,8 sec et la vitesse de pointe irait jusqu’à 240 km/h.
Imposant, il mesure cinq mètres de longueur, deux mètres de largeur et 1,5 mètre de hauteur. Sa structure monocoque en fibre de carbone sert la rigidité et limite autant que possible la masse pour intégrer une batterie annoncée capable de parcourir jusqu’à 440 km et se recharger de 10 % à 80 % en 22 minutes, à 350 kW de puissance.
Son look agressif se constitue aussi d’éléments aérodynamiques actifs, tels que l’aileron arrière et le diffuseur mobiles. Ses capacités en « off-road » reposent en bonne partie sur ses suspensions à double-triangulation à grand débattement et ses pneus tout-terrain Pirelli Scorpion ATR de grands diamètres, enveloppant des jantes de 21 pouces à l’avant et 22 pouces à l’arrière. En cas de problème, le levage de la caisse s’opère par un système rapide hydraulique comme en compétition. De plus, directement depuis le volant, il est possible de paramétrer la hauteur et la dureté des suspensions selon trois niveaux.
Des harnais s’occupent de la sécurité et les baquets maintiennent les occupants dans une position fixe et non réglable. Ce sont le volant et le pédalier qui s’ajustent à la taille du conducteur.
Pour apporter la polyvalence de l’Atrax dans les villes et pour une utilisation plus routière, une version « Stradale » est également présentée, dépourvue de ses prises d’air sur le pavillon et plus adaptée à cet usage.
La route façon circuit avec la LM1
Les deux autres modèles de Laffite Automobili s’orientent davantage vers les revêtements lisses. À commencer par la LM1, inspirée des prototypes d’endurance des 24 heures du Mans. La base technique est commune. Cependant, l’empattement s’allonge de 20 centimètres pour atteindre 3,15 mètres et la longueur totale est portée à 5,20 mètres. La largeur est identique à celle de l’Atrax mais la hauteur se limite à 1,06 mètre seulement. La lame dorsale lie la bulle de l’habitacle à l’aileron arrière et plusieurs volets actifs modulent l’aérodynamisme de la voiture. La LM1 représente le plus fidèlement la concrétisation de l’idée de Bruno Laffite, celle de créer une voiture de course homologuée pour la route.
Les voitures d’endurance étant aujourd’hui thermiques et associées — comme pour les plus grandes catégories de sport mécaniques de la planète — aux sons des moteurs à combustion, transposer l’esprit d’une auto de course sur la route avec une motorisation électrique peut représenter un risque à l’expérience recherchée. Cette LM1 s’équipe en conséquence d’un système de sonorisation couplé au moteur, pour reproduire artificiellement le son d’un moteur de course, thermique, pendant la conduite.
Le grand tourisme teinté de compétition avec la Barchetta
Le troisième modèle est la Barchetta, emmenant toujours beaucoup de performance mais plus orientée vers le plaisir de la conduite, qu’elle soit rapide ou au rythme de la balade cheveux au vent. Du grand tourisme à bord d’une barquette, comme son nom l’indique. Elle aussi se veut très grande, cinq mètres sur deux mètres, et basse, à 1,20 mètre. Son empattement est de trois mètres et elle pèse 1 700 kg.
Le moteur est cette fois-ci accompagné d’un réducteur à un seul rapport fixe et développe 594 chevaux pour 990 Nm de couple. Suffisant pour se maintenir à des performances décoiffantes. Elle pourrait atteindre les 320 km/h et il ne lui faudrait que 3,5 sec pour franchir les 100 km/h. Son autonomie est la plus faible des trois, annoncée à 390 km.
Comme les deux autres modèles, la Barchetta reprend le style intérieur composé d’un volant de haute technologie et d’une planche de bord réduite à sa plus simple expression, illuminée d’un bandeau bleu reliant les aérateurs ronds. Ceux-ci reçoivent des écrans circulaires pour l’affichage et le réglage de la climatisation. Mais la partie centrale y est malgré tout plus développée que sur ses sœurs de gamme, puisque des commandes prennent place entre les deux sièges, sous l’encombrant bras de renfort en carbone compensant l’absence de toit. Les deux occupants sont donc bien séparés et se maintiennent dans une ambiance course, chacun bénéficiant face à eux de plusieurs écrans, avec des retours des rétroviseurs-caméra de chaque côté des deux compartiments et un écran d’infodivertissement dans l’alignement du regard du passager.
Deux variantes de la Barchetta seront proposées. Les « G1 » et « G2 », laissant le choix du type de pare-brise sous les deux longues arches longitudinales qui marquent les flancs au-dessus de la carrosserie, à la manière des protections « Halo » de Formule 1. La Barchetta G1 présente un pare-brise en polycarbonate englobant tout l’habitacle. La Barchetta G2 possède deux bulles du même matériau autour de chaque passager, épousant la forme du bras central et les plaçant dans deux espaces encore plus distincts. Dans les deux cas, ils sont ouverts au-dessus des têtes. Un toit rigide amovible s’ajoute en une ou deux parties, selon la configuration retenue. Les portes s’ouvrent en élytre, comme sur les Laffite Atrax et LM1.
Les trois Laffite Automobili sont censées être commercialisées au cours du premier semestre 2024, avec des tarifs débutant à 1,69 million de dollars pour l’Atrax. Celle-ci, comme la Barchetta, est prévue pour une production à 26 exemplaires. Une autre référence à Jacques Laffite, qui portait ce numéro en course. Mais aussi à Bruno, l’arborant sur son premier karting. La LM1 sera légèrement plus exclusive, produite à 24 unités, comme le nombre d’heures de la célèbre course mancelle. Mais l’image sera-t-elle assez forte ?