Lamborghini a cherché à diversifier sa gamme dans les années 70, une période difficile pour la marque. La Silhouette P300 fait partie de ces nombreux échecs qui ont failli contribuer à tuer la marque de Sant’Agata Bolognese. Retour sur l’existence météorique de la mini-Countach que personne ne connaît.
Durant les années 70, Lamborghini se reposait sur une gamme vieillissante. La Miura a terminé sa carrière et la Countach n’était pas encore sortie. La gamme se résumait à la petite Urraco, qui était trop en avance sur son temps, la décevante Jarama, et l’Espada, un break de chasse. Des tentatives qui n’ont pas charmé les adorateurs de la 350GT, et surtout, de la sublime Miura.
Elle avait pourtant tout pour réussir !
La Silhouette se positionne comme la remplaçante de l’Urraco, dont elle récupère le châssis. Elle a été dessinée par Marcello Gandini, designer chez Bertone. Elle a surtout été conçue en priorité pour le marché américain. Bertone a fait de cette Silhouette la première Lamborghini à toit « targa », une partie du toit amovible qui se range derrière les sièges. Les voies ont été élargies afin de faire passer des jantes Campagnolo de 15 pouces. Son coup de crayon réussi en faisait un coupé visuellement appréciable.
Pour se faire remarquer au pays de l’Oncle Sam, Lamborghini l’a doté d’un moteur à 8 cylindres en V, le premier de la marque italienne. Le bloc V8 de 3.0 développe 260 ch et est relié à une boîte manuelle à 5 rapports. Ainsi dotée, la Lamborghini Silhouette abat le 0 à 100 km/h en 6,5 s et atteint 260 km/h en vitesse de pointe.
Des beaux atouts pour séduire les Américains en mal d’exotisme. Cependant, le choc pétrolier de 1973 en a décidé autrement.
Achevée en plein vol
En dépit d’un accueil chaleureux de la part du public lors du Salon de Genève 1976, la Silhouette ne connaîtra jamais le succès. La faute à une crise pétrolière qui a anéanti ses chances avant même d’arriver sur le marché. A cela s’ajoutent les gros problèmes de trésorerie auquel la marque est confrontée depuis des années, des performances en deçà de la concurrence, une fiabilité mécanique perfectible et une homologation sur le marché US qui tarde à arriver.
Conséquence, seuls 53 exemplaires ont trouvé preneur entre 1976 et 1979. La Jalpa ne change rien au destin de Lamborghini : la marque dépose le bilan quelques mois plus tard.
Aujourd’hui, il est difficile d’estimer le prix de vente d’une Silhouette. Aux dernières nouvelles, acheter son exemplaire nécessite d’avoir un solide compte en banque : entre 200 et 300.000 € … à condition d’en trouver une en bon état !
Sur les 53 exemplaires fabriqués, il est dit que seulement 25 d’entre eux sont encore en circulation. La Lamborghini Silhouette, ou l’art d’être là au mauvais endroit, au mauvais moment.
