Les stars et l'automobile - Paul Newman, l'homme (presque) parfait

Comédien, réalisateur, humaniste, philanthrope, pilote et team manager : le beau gosse aux multiples casquettes, disparu en 2008 était aussi un homme tourmenté. Et c'est peut-être l'une des raisons qui l'ont poussé vers le sport auto.

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Paul Newman et sa belle gueule : une qualité, devenue un handicap pour le comédien.

Il y a des types comme ça, à qui tous les garçons voudraient ressembler. Des hommes beaux, doués, intelligents et généreux à la fois. Parmi eux, il y a Paul Newman, grand comédien, grand humaniste et grand philanthrope, mais aussi grand pilote automobile. Un costume trop grand pour celui qui l’a porté jusqu’à sa disparition en 2008 ? Peut-être bien, à l’en croire son ami et scénariste Stewart Stern qui lui a consacré une biographie.

Pendant cinq ans, de 1986 à 1991, Newman s’est confié à lui, avant d’arrêter subitement les conversations, enregistrées pour former une biographie qu’il a renoncé à publier, et qui vient de paraître. Peut-être en avait-il trop dit ? Peut-être avait-il eu peur de se dévoiler ? Car derrière la façade ultra-humaniste, et réelle, de celui qui avait créé une marque de produits alimentaires dont tous les bénéfices étaient reversés aux plus démunis, derrière ses actions en faveur des droits civiques, et le couple parfait qu’il formait avec Joanne Woodward pendant cinquante ans, se cachait un autre Newman.

Docteur Paul et Mister Newman

C’est que l’acteur et réalisateur (il a tourné 6 longs-métrages comme metteur en scène et 60 en tant que comédien) était furieusement tourmenté. Le complexe de l’imposteur ne l’a jamais lâché, car il était persuadé tout au long de sa vie que son succès était lié à sa plastique beaucoup plus qu’à son talent. Ce qui lui fera multiplier les activités hors cinéma avec bonheur, certes, mais qui lui fera aussi se trimbaler une forte propension à l’auto destruction, notamment au travers de l’alcool, un compagnon qu’il a traîné de longues années. Cette attitude lui fera consulter psys et analystes durant des décennies. Et c’est peut-être cette conscience du mal-être dont il souffrait qui l’a poussé vers un baquet de voiture de course.

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Concertation avant le départ, aux 24 heures du Mans 1979.

Selon la légende, Newman aurait été piqué de sport auto grâce au tournage de Virages, un film oubliable de 1969 ou il incarne un pilote en lice aux 500 milles d’Indianapolis. Si cette expérience déclenche une envie, c’est une conversation avec son psy, à la même période, qui achève de la convaincre. Ce dernier a détecté chez Newman cette fameuse volonté d’autodestruction et de volonté de perte de conscience, contre laquelle le comédien entendait lutter. « Vous voulez avoir pleinement conscience de tous vos actes ? Devenez pilote de course ». Et Newman ne se le fait pas dire. Mais il a cinquante ans. A l’âge ou la plupart des pilotes posent leur casque, lui va commencer à le porter, et de glorieuse manière.

D’abord moqué dans les paddocks, il apprend, vite. Il aurait pu d’emblée rouler au Mans, les 24 heures ayant toujours accueilli les bars ouverts des stars qui veulent se frotter à la boucle, avec l’espoir de s’y montrer, plus que celui de décrocher de bons chronos. Pas lui. Il commence par participer à des petites courses américaines au volant d’une modeste Datsun 510. Il progresse rapidement et, à bord d’une autre Datsun 280ZX, plus rapide, il devient champion des États-Unis. Les pros de la course commencent à le regarder autrement qu’un acteur qui se détend en faisant vroumvroum le week-end venu.

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Il ne renoncera jamais à la course

Mais il a 54 ans. Pas grave. Il va trouver un volant dans la Sarthe, en 1979, et pas dans une sous-écurie : celle de Dick Barbour qui engage une Porsche 935 avec l’intention de gagner la course. Sur la grille, la voiture de Newman, qu’il partage avec le pilote de F1 Rolf Stommelen, part en seizième position. Pas grave non plus. Durant le week-end, sous la pluie, l’équipage remonte. La voiture tient le choc, les pilotes aussi. Et ils finiront sur le podium, à la deuxième place derrière une autre Porsche. Toujours pas grave : il est dans le cénacle des meilleurs mondiaux et il est enfin reconnu en tant que pilote, et pas en raison de sa belle gueule, qui était cachée derrière son casque.

Celui qui dans le civil ne conduisait pas de voiture de sport, mais une  Coccinelle Volkswagen et un break Volvo 240 des familles (même s’il avait greffé un V6 turbo Buick sur la Suédoise) n’a pas renoncé à la course après son exploit au Mans. En 1995, à l’âge de 70 ans, il remporte même la troisième place aux 24 heures de Daytona. En parallèle, il fonde son écurie qui deviendra Newman/Haas Racing et fera courir en Champ Car de grands pilotes comme Mario Andretti, Nigel Mansel et Sébastien Bourdais. Il reprendra une dernière fois le volant d’une monoplace à 80 ans.

Mais au-delà de la course auto, il a continué à tourner au cinéma, allant jusqu’à allier ses deux métiers. C’est ainsi qu’il a prêté son nom à Hudson Hornet, la voiture rangée des voitures de Cars, en 2006, dont le personnage est directement inspiré par ses exploits passés et sa générosité permanente. Car au bout de sa trajectoire, Paul Newman n’était pas simplement cette belle gueule de plus qu’il redoutait plus que tout. C’était un type presque parfait, avec des failles qui le rendent plus parfait encore.

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