Midi Pile

Les voitures autonomes deviennent des espions pour la police

Aux Etats-Unis, les premières voitures autonomes mises en activité ont déjà servi plusieurs fois à la police qui collecte dans certains cas les images filmées par leurs caméras. Dans quelles conditions les données enregistrées par ces nouvelles voitures autonomes peuvent-elles être utilisées sans nuire aux libertés individuelles ?

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Une voiture autonome de Waymo, la société de Google.

En Californie, plusieurs sociétés font déjà rouler des voitures à conduite entièrement autonome, dont certaines servent de taxis (essentiellement dans les centres-villes). Pour fonctionner, ces machines utilisent de nombreux capteurs et autres caméras, qui enregistrent en permanence tout ce qu’il se passe autour. Très vite, la police locale a compris que ces véhicules autonomes pouvaient lui servir dans certaines enquêtes : il n’est en effet pas si rare qu’une de ces autos sans conducteur se situe à un endroit où il se passe un crime ou un délit.

Le 21 décembre 2021 par exemple, la police de San Francisco a demandé à la société Waymo de Google, dont l’une des voitures autonomes roulait près du lieu d’un meurtre au moment des faits, de visionner les vidéos enregistrées par le véhicule afin de vérifier s’il était possible d’y identifier le meurtrier. D’après les journalistes de Bloomberg, les unités de police californiennes ont agi de la sorte dans plusieurs autres affaires, traitant aussi bien de cambriolages que d’agressions, d’accidents mortels de la circulation ou de délits de fuite.

Un risque d’abus ?

Dans certains de ces cas, le visionnage par la police des images enregistrées par les voitures autonomes a servi à résoudre des affaires. Et les forces de l’ordre doivent systématiquement demander au cas par cas un mandat auprès d’un juge pour obtenir le droit de visionner ces vidéos. Mais sachant que ces véhicules à conduite autonome doivent se multiplier sur les routes du monde entier dans les années à venir (et même se généraliser en théorie à moyen terme sur nos routes), la question de l’utilisation de ces images va devenir cruciale quant au respect des libertés individuelles et de ce qu’il sera possible d’en faire.

D’après les journalistes de Bloomerg, la société Waymo dit prendre de grandes précautions lorsqu’elle communique des données enregistrées par ses voitures autonomes à la police dans le cadre d’une enquête. Dans certains cas, elle a flouté les plaques d’immatriculation et les visages de personnes filmées par les véhicules afin d’exposer le moins possible les tiers.

Il y a quelques semaines, d’anciens employés de Tesla affirmaient au contraire que les vidéos collectées par les voitures de la marque (dépourvues pour l’instant de vrais systèmes de conduite autonome) étaient parfois utilisées en interne dans des conditions de violation de l’intimité des clients. Sachant que les voitures autonomes enregistrent beaucoup plus de données que les Tesla, les risques d’abus paraissent sérieux si cette technologie n’est pas suffisamment encadrée.  Rappelons par ailleurs que les voitures les plus modernes commencent à s’équiper de caméras intérieures, notamment pour surveiller l’état de vigilance du conducteur (en l’alertant en cas de détection de somnolence) ou l’oubli éventuel de passagers dans la voiture.

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