Présentée il y a quelques semaines, la Renault 5 Turbo 3E attire à nouveau l’attention au Mondial de Paris. Annoncé sans suite à ses débuts, ce concept pourrait être commercialisé, selon l’envie de Luca De Meo en personne…
Chacun son teasing !
Au Mondial 2022, c’est au tour de Luca De Meo de lancer son pavé dans la marre. Car entre les concepts R5 électrique et 4Ever Trophy, l’étude R5 Turbo 3E prend aussi son premier bain de foule. Pendant électrique de la R5 Turbo engagée en groupe B dans les années 1980, ce prototype n’est pas une coquille vide. Châssis tubulaire, batterie de 42 kWh, deux moteurs électriques fournissant 380 ch aux roues arrière, la “3 E” roule et drifte à volonté ! Mais lors de sa présentation à la presse il y a quelques semaines, Renault nous rappelait la “gratuité” de ce concept. Entre les lignes, la Turbo 3E démontre que l’électrique n’est pas nécessairement ennuyeux, mais il ne faut pas s’attendre à la voir débarquer en vrai.
Alors, quand Luca De Meo affirme haut et fort, le 17 octobre sur le stand Renault du Mondial de Paris, que ses équipes ont “presque trouvé la solution technique” pour fabriquer cette voiture qui ferait un parfait “haut de gamme de Renault”, le doute plane de nouveau.
Une R5 Turbo 3E de série ? C’est pas gagné !
La Turbo 3E est presque caricaturale !© Alex Krassovsky
Pourtant, malgré la farouche envie de produire cette voiture en interne, les obstacles sont nombreux et le pari loin d’être gagné. D’abord, De Meo l’avoue lui-même, “faut encore trouver la place dans les budgets”. Compte tenu des investissements massifs pour l’électrification de la gamme, le développement d’un pareil modèle n’est pas vraiment une priorité en ces temps incertains. D’autant que si un concept-car coûte déjà plusieurs centaines de milliers d’euros à fabriquer, l’homologation pour concevoir une voiture de série s’élève, elle, à plusieurs millions ! Même s’il s’agirait d’un modèle d’image pour Renault, la question de la rentabilité ne peut être éludée. Une Turbo 3E de série ne serait de toute façon produite qu’à un nombre restreint d’exemplaires. Qu’il faudrait donc vendre extrêmement cher pour ne pas perdre trop d’argent, sans parler d’en gagner.
Comparez les vraies autonomies des meilleures voitures électriques d’après notre cycle de mesures normalisé. Capacité de batterie, consommation, autonomie, on vous dit tout !
Le succès des autres en question
Enfin, d’un point de vue plus stratégique, la question de la concurrence avec la future bombinette électrique d’Alpine se pose. Puisque la firme de Dieppe doit devenir la division sportive de Renault, son plan produit comporte notamment l’adaptation de la future Renault 5 électrique pour en faire ce que l’on appelle prématurément une Alpine 5. Celle-ci sera certes nettement moins énervée qu’une Turbo 3E de série, mais cette dernière fausserait la répartition des rôles entre les différentes marques du groupe.
Reste donc à attendre pour voir si Renault parvient à mener à bien un tel projet. Dans cette optique, l’hypothèse lâchée par De Meo aurait valeur de sondage. Il faudrait également que le succès des Mégane E-Tech et Austral soit au rendez-vous. Si les ventes du Losange ont baissé sur le premier semestre 2022 par rapport à l’exercice 2021, la marge opérationnelle du groupe atteint presque les 5 % sur cette période, soit une augmentation de 2,6 %.