Alors que le Renault Scenic E-Tech vient tout juste d’être dévoilé, l’usine de Douai qui le fabriquera n’a pas vraiment vu sa cadence de production s’emballer : la Mégane E-Tech, qui partage la même plateforme que le Scenic, peine à trouver son public hors de nos frontières.
Hors de France, c’est pas gagné
La Renault Mégane électrique est plaisante à conduire.© Renault
Pourquoi la sauce ne prend pas ?
Pourquoi ces performances ? Pour la CFDT de Renault : “La Mégane n’est pas conforme à nos attentes. Ce n’est pas dramatique non plus, mais ce n’est pas très satisfaisant. Sur le produit en lui-même, il n’y a rien à dire. Le problème, c’est la concurrence et notamment la Tesla Model 3. En tout cas, c’est analysé comme cela chez Renault” indique un responsable. De ce fait, “il n’y a pas eu de baisse de cadence de production, mais cela n’augmente pas” continue le syndicaliste de la confédération. Le rythme actuel de fabrication est de 354 véhicules par jour, il était de 320 voilà quelques mois à peine. Ce qui signifie que l’usine de Douai continue de tourner au ralenti : “Ce sont l’ensemble des modèles qui font que l’on pourra produire 300 000 modèles à l’année, aujourd’hui avec la Mégane, nous sommes à peine à 60 000” a fait savoir le délégué CGT de Renault Douai, David Dubois à France 3. Renault ne dit pas autre chose, et rappelle qu’à fin 2024, trois véhicules électriques devraient faire tourner l’usine de Douai : la Mégane E-Tech, son alter-ego le Scénic, et la future Renault 5 électrique.
La marge augmente
Détailler les ventes de la Mégane E-Tech revient aussi à questionner la récente politique tarifaire mise en place par Renault. A l’occasion de la présentation de ses résultats financiers semestriels, le Losange s’est largement satisfait d’un chiffre : +46%. La marge moyenne engrangée par véhicule a progressé de quasiment 50% entre le premier semestre 2019 et le premier semestre 2023 ! Une réussite, que les bons résultats financiers de Renault sont venus corroborer. Mais une réussite qui peut aussi avoir un coût à retardement. La CFDT de Renault, dans la foulée de la présentation des résultats semestriels, a fait savoir par voie de communiqué qu’il “est nécessaire de ne pas tout miser sur la politique de hausse des prix au détriment des volumes”. Renault ne veut en effet plus entendre parler de ristournes, prix bradés et autres habitudes néfastes à la marge unitaire : “La bonne méthode est de maintenir les prix et d’ajuster les coûts fixes” a annoncé Gilles Le Borgne, directeur de l’ingénierie de Renault, à Reuters. Mais comment faire autrement lorsque Tesla choisit de se lancer dans une guerre des prix sans merci ?
Discrètement, Renault a tout de même consenti à revoir ça et là les tarifs de sa compacte électrique. En juin dernier est apparue en France une Mégane E-Tech de base, vendue à 38 000€ avec une batterie de 40 kWh contre 42 000€ et une batterie de 60 kWh pour la version précédente. Aux Pays-Bas, le Losange a aussi ajusté ses tarifs de manière à être éligible au bonus local : le prix de la version la plus modeste de la Mégane E-Tech a été ramené à 36 370€, contre 37 300€ auparavant. Suffisant pour lutter contre la concurrence ? A voir. En France, il ne faut pas oublier que la MG4, la chinoise au gabarit peu ou prou identique à celui de la Mégane, voit ses tarifs débuter à 29 990€, avant bonus CO2 !