Le siège du groupe Renault à Boulogne Billancourt.
Après deux années dans le rouge, Renault semble enfin s’approcher de l’équilibre. Le groupe a enregistré une perte nette de 338 millions d’euros en 2022, notamment causée par sa cession du fabricant russe des Lada, Avtovaz, décidée après le déclenchement de la guerre en Ukraine.
Vendre plus chic et plus cher
Pourtant, sur un marché automobile déprimé, les ventes du groupe automobile français ont connu une quatrième année consécutive de baisse en 2022, plongeant de 5,9 % l’an dernier hors Russie. Le groupe a vendu à peine plus de deux millions de véhicules, dont un quart sous la marque Dacia. Et en l’espace de quatre ans, les ventes du groupe ont été presque divisées par deux. Si Renault a pu redresser ses marges, c’est parce qu’il a vendu ses voitures plus cher, en limitant les rabais, et en se repositionnant clairement sur le haut de gamme avec ses derniers modèles, à l’image du SUV Arkana ou de la Mégane électrique, vendue 46 000 euros.
La production s’est améliorée au second semestre 2022, affectée toutefois par des problèmes de transport des véhicules neufs. Et le portefeuille de commandes du groupe en Europe reste ainsi à un niveau «record» de 3,5 mois de ventes, au 31 décembre 2022.
Miser sur une stabilisation à venir
Comptant sur une stabilisation du prix des matières premières, et une logistique encore compliquée, Renault vise pour 2023 une marge opérationnelle supérieure ou égale à 6 % du chiffre d’affaires. Le groupe s’est lancé à la chasse aux partenaires pour sortir la tête haute d’une transition électrisante mais risquée pour l’automobile : il va lancer ses voitures électriques en Bourse, coopérer avec le chinois Geely pour ses moteurs traditionnels, mais aussi accélérer avec sa marque premium Alpine.
A l’international, le groupe français a revu début février sa relation avec son partenaire Nissan. Après 24 ans de mariage et des rumeurs de divorce, ils ont annoncé une nouvelle alliance basée sur des participations «rééquilibrées» et de nouveaux projets industriels, dans l’électrique et dans de nouveaux pays. «2022 a été un tournant, estime Luca de Meo. Les gens de Renault ont une nouvelle énergie maintenant.»